Caubet: "Douloureux, humiliant"
Jean-François Caubet est le directeur général par intérim d’une écurie Renault traumatisée par le complot de Singapour 2008. " On en est sorti carbonisé", concède-t-il. Plantée jeudi par ING, l’équipe cherche des sous pour 2010 et redoute de perdre Alonso. Mais l’avenir est "à long terme".
Quels sont les premiers changements après l'ère Briatore?
Jean-François Caubet : On a voulu faire vite et mettre en place une organisation transitoire avec deux responsables, Bob Bell et moi même, parce que l'écurie tourne bien. Evidemment, elle a subi un choc douloureux et humiliant. Mais elle tourne. Nous sommes sur deux objectifs : la performance et le financement. Nous allons continuer à faire avancer (la monoplace) sur la fin de l'année, mais notre investissement principal se fait sur la voiture 2010. Elle est déjà bien avancée, presque terminée. Il y a une grosse évolution technologique.
Et au niveau du financement ?
J.F.C. : La période est très difficile pour les sponsors. Malgré la baisse des coûts extrêmement significative, la partie sponsors n'arrivera pas à financer le budget 2010 au même niveau qu'en 2009. On doit chercher nos modes de financement. On n'a pas trop bougé jusqu'à la fin du Conseil mondial. Mais maintenant, on va repartir.
Quelles leçons tirez-vous du scandale ?
J.F.C. : Il faut que cette écurie retrouve sa culture Renault. On ne veut pas retomber dans les travers des années 1980, où le siège contrôlait l'écurie. Mais on ne veut pas non plus tomber dans les quelques erreurs que l'on a faites en laissant l'autonomie à 100% à l'écurie.
On attendait des noms ronflants. Vous procédez à des changements en interne. Pourquoi ?
J.F.C. : Il n'y a aucun contact pour trouver un directeur d'équipe. Je n'ai pas de commentaire à faire sur les noms avancés. Nous chercherons quelqu'un quand le profil sera déterminé. Cela peut être en décembre, en janvier. Paradoxalement, nous n'avons pas un problème à court terme mais à long terme. Le directeur d'équipe travaille sur le long terme, pas sur le court terme.
Quid de l'avenir de Renault ?
J.F.C. : On ne fera pas de déclaration officielle, car ce serait la septième sur ce sujet. Depuis 2002, on nous a posé cette question tous les trois mois. Ces dernières semaines, lorsque nous nous sommes rendus compte que nous étions coupables, nous avions deux décisions à prendre. Soit nous décidions de ne pas traverser le feu, soit le contraire. On a fini par traverser le feu. On en est sorti carbonisé, c'est vrai. L'image de l'écurie a été fortement touchée. On a eu une très mauvaise presse. On a fait la une de tous les journaux dans le monde pendant quinze jours. Mais ce n'est pas après avoir traversé le feu qu'on décide de s'arrêter. On n'avait qu'à dire qu'on s'arrêtait avant.
Quelle est l'ambiance dans l'écurie ?
J.F.C. : Il y avait de nombreuses tensions dans l'écurie. Depuis le 21 (jour du Conseil mondial de l'automobile), on retrouve des tensions positives. La force de l'équipe, c'est cela. Aujourd'hui, ça part dans tous les sens sans se poser de questions. On est quand même en tension parce que ING (le principal partenaire de Renault) nous quitte, le sponsoring et les financements sont difficiles, quid du futur d'Alonso, des équilibres et du business modèle de la F1 à plus long terme... Il y a des questions sérieuses qu'il faut se poser et auxquelles nous devons trouver des réponses.