- Le circuit :
Comme la plupart des nouveaux circuits de Formule 1, le circuit Yas Marina a été concu par l'architecte allemand Hermann Tilke sous l'impulsion de Philippe Gurdjian. Il est situé sur l'île de Yas, à une trentaine de minutes de la capitale, et sera le deuxième circuit de Formule 1 du Moyen Orient après celui de Sakhir à Bahreïn.
Il a été validé le 7 octobre 2009 par la FIA et le premier tour de circuit a été réalisé par Bruno Senna. Comme certains des nouveaux circuits de ces dernières années, il a été critiqué pour son manque de courbes rapides qui mettent en avant la qualité de pilotage.
La principale caractéristique de ce circuit est la sortie des stands qui passe sous le circuit avant d'aller rejoindre la piste quelques virages plus loin.
- Guide du circuit d’Abou Dhabi avec Fernando Alonso :
Fernando, quelles sont vos premières impressions du nouveau circuit d’Abou Dhabi ?
Il m’a l’air relativement difficile pour les pilotes. Il va falloir gérer 20 virages et certains d’entre eux me semblent ardus. Mais je fais ces commentaires en regardant la carte du circuit, ce n’est que lorsque j’aurai effectué le premier tour du tracé à pied que je commencerai à vraiment le saisir.
De quelle manière vous préparez-vous pour un nouveau circuit ?
Les datas de simulation sont très utiles et je travaille étroitement avec l’équipe afin de comprendre la configuration du circuit, et ce, beaucoup plus que pour un tracé que je connais déjà. Je pense que le temps de préparation pour ce Grand Prix sera cinq fois plus long qu’en temps normal. Faire le tour du circuit à pied sera très important pour moi et mes ingénieurs.
Quels virages ont attiré votre attention ?
Les virages 11, 12 et 13 ont l’air intéressant. Lorsque nous avons vu la configuration du circuit pour la première fois, cet enchaînement nous a rappelé la chicane du virage 10 de Singapour. Les virages 8 et 11 seront deux importantes zones de freinage et il est certain qu’il y aura des opportunités de dépassement à ces endroits.
Apprendre un nouveau tracé prend combien de temps ?
Cela ne prend pas très longtemps. La première fois que nous sommes au volant de la voiture sur le circuit, nous le connaissons déjà par cœur car nous l’avons bien étudié auparavant. Après trois ou quatre tours, on comprend le tracé et les zones de freinage. Je dirais que cinq tours sont suffisants pour bien connaître un nouveau circuit. Mais il est vrai que l’on apprend un peu plus après chaque tour, surtout sur la manière dont on peut le maîtriser afin d’en extraire le maximum. De manière générale, on est plus performant durant les derniers tours de la course ; on maîtrise alors très bien le tracé. - Le point de vue de l’ingénieur avec Alan Permane :
Alan, parlez-nous des préparatifs techniques pour ce nouveau circuit...
De manière générale, nous commençons à nous préparer à peu près deux mois avant la course. C’est à cette période que nous obtenons une carte détaillée contenant la configuration et les caractéristiques du circuit. Ceci nous permet de nous faire une première idée de la mise au point nécessaire en termes d’appuis aérodynamiques, de l’exigence sur les freins et le moteur. Nous entrons alors les données du circuit dans nos programmes informatiques afin de créer un circuit virtuel qui nous permettra d’effectuer des simulations sur nos ordinateurs. Cela nous permet d’évaluer un certain nombre d’options de set-up que nous pourrons facilement changer afin de nous aider à trouver une bonne mise au point de base. Une fois sur le circuit, et lorsque la voiture aura roulé lors des essais libres, nous enverrons de vraies datas du circuit à l’usine, où elles seront exploitées afin de développer des simulations plus précises. Les datas du vendredi pourront également être utilisées sur notre banc châssis dynamique pour nous permettre d’explorer les caractéristiques du châssis en fonction de plusieurs réglages. Les résultats pourront suggérer des améliorations par rapport à l’amortissement, à la rigidité des ressorts ou des barres anti-roulis. Des alternatives en termes de mise au point nous reviendront de l’usine jusqu’au vendredi soir afin que nous puissions les tester le samedi matin, avant la séance de qualifications.
Quelles sont vos premières impressions du circuit d’Abou Dhabi?
Il présente deux longues lignes droites mais il semble qu’il soit un peu comme le circuit de Valence, fait d’accélérations et de freinages. Concernant les appuis aérodynamiques, ils seront plutôt élevés mais pas au maximum car il faut prendre en considération les longues lignes droites où la vitesse de pointe sera importante. Le tracé présente un nombre relativement important de virages à droite mais il est difficile de prédire quel impact cela aura sur la voiture car cela dépendra de la configuration des vibreurs. C’est une des choses que nous allons examiner lors de notre inspection du circuit. Ce que nous savons d’ores et déjà, c’est que les pilotes voudront une voiture avec un set-up pour une bonne traction surtout en sortie des virages plus lents. Le circuit ne présente pas de changement de direction à haute vitesse ce qui nécessiterait un set-up de suspension plus rigide. Donc, afin d’assurer une bonne traction mécanique dans les virages lents, l’arrière de la voiture sera plus souple. En ce qui concerne les freins, nos simulations indiquent des similarités avec Valence et Melbourne, ce qui veut dire que le circuit sera exigeant à ce niveau, mais pas autant que Monza.
D’après vous, quels endroits du circuit présentent le plus de challenges?
Je suis d’accord avec Fernando qui parle des virages 11, 12, et 13. Ils seront intéressants et auront un gros impact sur le temps au tour. Les pilotes aiment toujours les virages rapides mais il est possible de faire de bons secteurs dans les virages lents, où on passe pas mal de temps. En résumé, cela veut dire que les virages cinq, six et sept sont des zones où la voiture devra être performante afin de faire un bon chrono général.
- Présentation du GP 2009 :
Fernando, quels sont vos sentiments après un Grand Prix du Brésil qui a été très bref pour vous...
Il a vraiment été dommage de n’avoir pas pu boucler un tour, car je pense que nous aurions pu marquer des points à Interlagos. J'avais pris un bon départ, malheureusement, lorsque Sutil et Trulli se sont percutés, j'ai été heurté moi aussi par la Force India. C'est vraiment frustrant, car Interlagos est un circuit que j'apprécie beaucoup, et je pense que nous aurions pu y réaliser une bonne performance.
Vous réjouissez-vous de courir à Abou Dhabi pour la première fois ?
Les nouveaux challenges sont toujours intéressants et le circuit d’Abou Dhabi a l’air impressionnant. Ce sera une nouvelle expérience pour tous les pilotes du plateau et il sera important de maximiser les roulages lors des essais libres. Il nous faudra apprendre le circuit et trouver un avantage aussi rapidement que possible. D’après ce que j’ai vu, les installations de Yas Marina sont impressionnantes et cette course sera superbe pour les habitants d’Abou Dhabi. Nous y étions il y a quelques années pour un roadshow et nous savons que les fans de Formule Un sont très enthousiastes dans cette région.
Ce sera votre dernier Grand Prix avec Renault. Envisagez-vous compléter cette dernière épreuve avec l’écurie sur une note positive ?
Absolument. Je souhaite terminer la saison et ma carrière au sein du Renault F1 Team avec un superbe résultat. Cette course sera pleine d’émotion. J’ai tellement de beaux souvenirs avec cette équipe et je dirai au revoir à des amis qui me sont très chers. Renault, c’est une des grandes équipes en Formule Un et j’ai hâte de me battre avec elle sur les circuits dans les années à venir.
Romain, avez-vous apprécié votre première expérience à Interlagos ?
C’est un superbe circuit, très exigeant pour les pilotes. Par contre, avec les conditions climatiques variables que nous avons connues, il m’a été difficile de connaître les limites de la voiture sur le tracé et de trouver le set-up idéal. J’avais fait un bon début de course mais je n’ai pas pu faire monter mes pneus en température assez rapidement. J’ai donc manqué de grip en première partie de course et j’ai perdu quelques places. J’étais plus à l’aise avec la voiture vers la fin de la course mais il était alors trop tard pour revenir et gagner des positions.
Qu’attendez-vous du Yas Marina circuit ?
Il est certain que ce sera une nouvelle aventure pour tous et je suis très curieux de découvrir ce circuit dont on a beaucoup parlé. J’ai vu des photos du circuit, il est très impressionnant. Le tracé est également intéressant : il présente de longues lignes droites et j’espère qu’il offrira des opportunités de dépassement. Je pense également que ce Grand Prix nous rappellera les courses urbaines avec les grands buildings et les yachts dans le port.
Quels sont vos objectifs pour cette dernière course de la saison ?
Comme c’est un nouveau circuit, je pense que cette course devrait être un peu plus facile pour moi car tous les pilotes auront à apprendre le circuit. Mes objectifs sont d’essayer de faire les mêmes temps que Fernando, de faire une bonne séance de qualifications et, je l’espère, d’être en mesure d’entrer dans les points.
Bob, la course au Brésil a été très frustrante...
Nous avons été très déçus de voir Fernando abandonner alors qu’il n’y était pour rien, mais nous devons nous estimer heureux car son accident avec la Force India aurait pu être beaucoup plus grave. Nous devons également être heureux de ne pas avoir connu d'incendie dans la pitlane après l'incident de Kovalainen – nous avons vraiment senti l’intensité des flammes ! Romain, quant à lui, n’était simplement pas assez rapide en première partie de course. Il a souffert d’un manque d'adhérence et cela lui a coûté pas mal de places. En résumé, nous n’avons pas atteint nos objectifs et nous avons perdu notre avantage sur BMW au championnat. Nous allons donc devoir battre cette équipe lors de la dernière épreuve de la saison.
La Formule Un va découvrir un nouveau circuit ce weekend – qu’attendez-vous d’Abou Dhabi ?
Je pense que toutes les équipes du plateau se réjouissent de découvrir un nouveau pays, tandis qu'un nouveau circuit offre toujours une infrastructure moderne avec beaucoup plus de place pour les mécaniciens et les ingénieurs. Maintenant, il reste à voir le spectacle que ce circuit peut offrir durant la course. Avec ce que j’ai vu jusqu'à présent, il semble que les organisateurs aient fait du bon travail. Nous nous réjouissons toujours d’aborder un nouveau circuit : c’est un challenge très intéressant, et nous voulons être prêts à exploiter chaque avantage que nous allons découvrir.
Quels sont vos objectifs pour ce Grand Prix ?
Si Romain et Fernando pouvaient entrer en Q3, ce serait formidable. Nous aurions ainsi une place raisonnable sur la grille de départ. Nous voulons nous battre pour des points et même un podium. Cela est tout à fait raisonnable si on regarde le niveau de performance que nous avons déjà atteint cette saison.
L’équipe fait ses adieux à Fernando ce weekend. Va-t-il beaucoup manquer à l’écurie ?
La contribution de Fernando a été énorme, surtout lors des deux championnats remportés en 2005 et en 2006. Alors, bien sûr, il va beaucoup nous manquer. On entend souvent dire qu’il est le meilleur pilote du plateau, ce que je ne contredirai pas. On peut donc comprendre que nous serons tristes de le voir partir, compte tenu de tous les succès que nous avons connus ensemble. Mais nous allons de l’avant et nous sommes ravis d’accueillir Robert Kubica parmi nous. Je pense qu’il montrera très rapidement qu’il est du même calibre que Fernando. Il aime le travail d’équipe, il sait motiver un groupe et il est très rapide : cela ne peut que nous réjouir au moment où l’équipe entre dans une nouvelle ère.