de polo1006 » Ven 1 Avr 2011 07:35
Parc fermé de Melbourne extrait du blog de Lionel Froissart
A la place d’un blogo, je vous propose d’évoquer, équipe par équipe, ce que j’ai vu et retenu de ce Grand Prix d’Australie. D’ailleurs, je ne vous laisse pas trop le choix, même si je risque de ne pas être très original. Mais cet exercice révèlera peut-être parfois quelques incohérences qui naissent au hasard des trois ou quatre jours d’un Grand Prix de F1.
RedBull
Il est en ainsi de la situation chez Red Bull. Il suffit pour s’en convaincre de reprendre par exemple les déclarations de Mark Webber au soir des premiers essais et celles d’après course. Très satisfait de sa monoplace vendredi, qu’il voyait comme la meilleure du plateau, il abandonnait celle-ci, complètement dépité, à peine la ligne d’arrivée franchie, n’offrant même pas à son public un tour d’honneur. Sans doute pour justifier ce geste qui n’est jamais très bien vu, Webber a fait mine de regarder quelque chose à l’avant gauche avant de s’en retourner d’un pas pressé vers son vestiaire.
L’avenir très proche nous dira si un loup a été déniché sur la Red Bull N°2 ou si l’Australien va se faire marcher dessus, écrabouiller puis humilier par son jeune équipier. Ce qui voudrait dire que la perte du titre a brisé de manière irréversible dans la belle dynamique qui était la sienne lorsque, au soir du GP de belgique 2010, il pensait encore être en mesure de casser la gueule du petit prétentieux (c’est une image, Vettel ne l’est pas, il est juste certain de son talent).
Si Webber est cassé psychologiquement, c’est une très mauvaise nouvelle pour nous les amateurs de F1. Car, aujourd’hui, il faut au moins une Red Bull pour rivaliser avec Vettel. Et Webber est le seul à en disposer. Et puis un duel à couteaux tirés entre ces deux là ferait les affaires des adversaires de red Bull et favoriserait le spectacle global.
Chez McLaren-Mercedes, je pense que c’est la surprise qui a prévalu le weekend dernier. Le retour en arrière technique n’avait rien du pari, c’était une obligation tellement l’autre solution n’était pas bonne. L’équilibre général de la voiture s’en est trouvé transfiguré , mais sur un circuit qui n’a rien de significatif dans ce domaine. En retrouvant un niveau d’adhérence acceptable, la McLaren est devenue sympathique à piloter et surtout elle ne m’a jamais semblé à la limite comme ce fut souvent le cas de la Red Bull, il faut dire menée à la cravache surtout par Vettel. Je reste persuadé un gros quelque chose à l’anglaise pour jouer la gagne face à une Red Bull qui ne connaîtrait aucune défaillance. Je ne suis même pas sûr qu’elle puisse rivaliser avec la Ferrari à Sepang, mais là j’espère me tromper. Je ne souhaite pas voir la McLaren devant la Ferrari mais avec la Ferrari. Au moins. Après aux pilotes de se démerder. Reste qu’à Sepang, les pneus vont morfler et peut-être que dans ce domaine de l’usure, Ferrari pour se situer en léger retrait tout en obtenant une meilleure performance sur une période plus courte. De quoi équilibrer les débats. Je suis sûr que Jenson Button est impatient de mettre ses roues sur le circuit de Malaisie
Mais il y a un autre problème chez Ferrari et il a pour nom Massa. Reprenez le GP du Brésilien et vous verrez qu’il a été mauvais du début à la fin. De tête, les observateurs ont comptabilisé quatre ou cinq voyages dans l’herbe de Massa pour la seule journée de vendredi – même Maldonado n’a pas fait pire – et au moins trois le samedi. Plus une qualification très moyenne et une course indigne. Cette façon pathétique de défendre sa place a eu du bon, elle a libéré une position importante dans les points en faisant pénaliser Button, piégé comme un bleu par les pilotes de la Scuderia dans cette affaire. Pas facile de rendre sa place dans la seconde. Massa m’a semblé absent tout le weekend, aux abois , perdu. Même Nicolas Todt ne cache plus que c’est la saison de la dernière chance pour son poulain. Nous saurons en Malaisie si Massa est définitivement perdu pour la cause, sur un circuit où il a parfois réussi de belles chose mais où Alonso y est aussi une référence absolue. Inutile de fantasmer toutefois, je ne vois pas Ferrari se séparer de Massa en cours de saison, sauf descente aux enfers. Mais pour mettre qui à la place? Bianchi n’est pas prêt et il faudrait aller chercher un Hulkenberg pour le remplacer.
Sur le plan technique, je suis incapable de dire où se trouve la Ferrari, mais je ne crois vraiment pas que sa « performance » de Melbourne puisse servir de référence. Il a fait une météo très bizarre là bas. Plutôt frais, voir froid et humide, alors qu’il faisait plus sec et un poil plus chaud le dimanche. Là encore, au niveau de son équilibre général, la Ferrari m’a semble plutôt pas mal en essais et un peu moins bien en course ( vive de l’arrière dans les grandes courbes là où la Red Bull et même la McLaren étaient soudées).
Je ne préfère pas me prononcer sur la performance des Mercedes. Je suis dans le flou. A écouter les spécialistes, la monoplace allemande est ratée. Je ne sais pas comment ils peuvent se montrer aussi catégoriques. Sans se laisser abuser par les chronos de Barcelone, la Mercedes a effectivement semblé loin du compte à Melbourne. Moyenne en grip mécanique, pas terrible en aéro, ça peut faire beaucoup assez rapidement. Mais je pense que cette histoire Mercedes a été construite sur de mauvaises bases. Cette fameuse Brawn 2009 qui bénéficiait d’une astuce aéro qui avait tout du miracle. En 2010, Mercedes était à la traîne dans tous les domaines, et je crains qu’il n’en soit de même en 2011. Reste à savoir dans quelle proportion. Trop loin pour jouer avec les Red Bull mais capable de revenir sur les Ferrari et McLaren ou tout juste bonne à se défendre face à Lotus renault et pourquoi pas Toro Rosso et Sauber. Je ne pense pas que Mercedes (l’équipe pas les moteurs) soit en F1 pour le gain d’une huitième ou neuvième place et pour obtenir une qualification en Q3 à l’arrache. Là encore, après les GP de Malaisie et Chine, la messe sera dite. Même si une nouvelle Mercedes apparaît à Barcelone, il sera sans doute trop tard. Mais la plupart de nos questions trouveront des réponses lors des deux prochaines courses.
Lotus Renault
La Lotus Renault aujourd’hui est une bonne voiture. Reste à savoir si elle le restera. Tout cela va dépendre de ses pilotes et de sa capacité à maintenir un développement digne des plus grandes équipes de F1. Nick Heidfeld ne peut pas être aussi mauvais qu’il l’a été en Australie, très vite dépassé par d’insolubles problèmes de mise au point et de compréhension des pneus, ce qui ne manque pas de sel pour un type qui a été tout de même été pilote essayeur Pirelli. Une fois aussi mal qualifié, Heidfeld ne pouvait pas espérer grand chose, surtout avec une voiture très endommagée dès le premier tour. Preuve tout de même que cette Lotus Renault est solide et fiable.
Reste le cas Petrov qui me semble avoir franchi un palier et désormais capable de se servir de la voiture dont il dispose. J’ai beau chercher, et même en y mettant toute la mauvaise foi du monde, je n’ai rien à reprocher au russe sur ce GP. Je l’ai même vu sourire après la course. Et comme il n’est pas du genre faux cul, il n’a prononcé le nom de Kubica que sous la torture après sa performance en course.
Pour revenir à Heidfeld, je pense qu’il sera bien temps de faire un point sur ses performances au soir du Grand Prix de Turquie, voir d’Espagne. Même si je ne tiens pas le petit allemand pour un génie, je ne peux pas imaginer qu’il soit à côté de la plaque dans ces proportions trois courses de suite. Il lui faudra tout de même trouver d’autres excuses que la pression des pneus et le trafic pour expliquer de prochaines éventuelles qualifications ratées.
Pour les autres « forces » du plateau, il convient aussi d’attendre. Ainsi, les Toro Ross et les Sauber me semblent être les voitures à suivre dans l’immédiate deuxième partie du peloton. A Melbourne, Buemi a été plutôt bon et son équipier pas terrible. Chez Sauber, Perez a été très bon et Kobayashi manifestement pas dans son assiette et perturbé par les événements dans son pays. A revoir donc dans d’autres circonstances. Mais si Perez a su déjouer les pièges de Melbourne il devrait être bien en Malaisie et en Chine.
Les Williams m’ont paru très loin du compte, mais c’est peut-être aussi parce que Maldonado a été assez transparent et que Barrichello a fait n’importe quoi.
Je ne sais pas quoi penser de l’écurie Force India où Sutil et Di Resta paraissent très très proches l’un de l’autre. Ce qui voudrait dire que l’Ecossais, parfaitement désagréable, devrait très vite prendre l’avantage sur le pianiste. A condition de ne pas perdre dans la complexité technique d’une F1. Mais comme il paraît que dans ce domaine Sutil est très vite dépassé, le champion de DTM devrait s’en sortir avec les honneurs. A part ça, j’ai vu un Hulkenberg goguenard, sans doute persuadé de pouvoir piquer la place d’un des titulaires dans un avenir proche.
Team Lotus
Le Team Lotus n’aura pas de mal à être la moins pire des trois plus mauvaises équipe du plateau. La Virgin fait pitié à voir et l’équipe HRT est une mauvaise plaisanterie, même si Liuzzi n’était pas si loin de la Virgin la moins « rapide » samedi.