de Sgrud » Lun 28 Fév 2005 12:25
Pat Symonds pense que la saison 2005 présente davantage d’inconnues que tout autre championnat récent.
Pat, beaucoup d’articles du règlement ont changé cet hiver. Lesquels auront l’influence la plus significative ?
Pat Symonds : L’attribution des pneumatiques est peut-être le domaine qui cause le plus de turbulences cette année. Un seul train de gommes seulement sera autorisé pour les qualifications et la course : savoir le gérer sera un talent à cultiver pour tous les pilotes. Le facteur clé sera la faculté à identifier les phases les plus importantes de la course, et d’extraire le maximum de la performance à ce moment précis : départ, mi-course, fin de parcours, tout dépendra de chaque piste.
La physionomie des courses sera-t-elle différente ?
PS : Oui. Le rythme changera certainement beaucoup. Jusqu’à présent, la philosophie était d’attaquer au maximum du départ à l’arrivée. Pour 2005, bien que les pilotes aient toujours à donner leur maximum, il faudra moduler l’allure et conserver un peu de performance-pneumatiques en réserve au cas où nous en aurions besoin. Un pilote comme Alain Prost, par exemple, était toujours en mesure de gérer ses gommes et la consommation de manière exceptionnelle. Les pilotes devront acquérir cette capacité. L’histoire a montré qu’un manque de performance en fin de course entre un pilote qui a préservé ses pneumatiques et un autre peut autoriser des dépassements. Ce sera peut-être le cas cette année.
Est-ce que le règlement qui concerne les pneumatiques aura une influence sur la manière de régler une monoplace ?
PS : Bien sûr. Il sera encore plus important de disposer d’une monoplace exempte de tout problème de comportement. L’usure des pneumatiques en dépendra : la moindre imperfection de réglage, en effet, aura de grandes conséquences. La vie du train de pneumatiques s’étalera sur 350 km et plus sur 80 km comme c’était le cas jusqu’en 2004. Pour être franc, je pense que nous pourrons tout juste commencer à comprendre le secteur ‘pneumatiques’ à la fin de la deuxième course du championnat. Melbourne est souvent une course atypique : la piste est temporaire et ses conditions évoluent tout au long du week-end. De plus, les températures seront beaucoup plus élevées à Sépang. Ce n’est qu’après cette course que nous pourrons voir émerger une tendance dans la manière dont évolue la performance des pneumatiques.
De quelle manière la règle qui touche aux moteurs influera-t-elle sur la gestion de ce secteur ?
PS : L’influence de la puissance moteur varie beaucoup d’un circuit à l’autre. Nous devrons donc établir précisément quelle proportion du potentiel moteur peut être utilisée à chaque moment d’un week-end de course. L’utilisation d’un V10 deviendra un secteur beaucoup plus stratégique. Nous pourrions, par exemple, en extraire moins sur une course afin de l’utiliser à 100% sur la suivante. De même, dès que les pilotes en auront la possibilité, il pourront préserver la performance de leur moteur. Ne pas pouvoir moduler cette performance correctement pourrait se traduire par des places perdues en fin de course.
Quels seront les changements dans la manière dont les équipes se prépareront ?
PS : Nous ne pourrons utiliser que deux trains de pneumatiques le vendredi. Auparavant, nous utilisions notre premier train pour travailler sur l’équilibre de la voiture, puis nous entrions dans une phase de comparaison entre les deux types de pneumatiques à notre disposition. Maintenant, il nous faudra effectuer cette comparaison avec une voiture dont l’équilibre n’est pas encore optimal… sur une piste sale ! De plus, nous devons récolter beaucoup plus d’informations que par le passé à propos des pneumatiques car nous devrons les utiliser pendant plus de 300km en course. Par conséquent, les équipes qui utiliseront une troisième voiture le vendredi auront un énorme avantage. Il pourront apprendre la piste sans la contrainte des deux trains de pneumatiques. Les équipes de pointe ne prendront certainement pas la piste lorsqu’elle est encore très sale… et nous pourrions très bien ne voir aucune de leurs voitures sur le circuit lors de la première séance cette année.
Pensez-vous que la R25 sera compétitive sur le circuit de l’Albert Park ?
PS : Melbourne est une piste qui demande une bonne stabilité au freinage et une bonne traction pour s’extraire des virages lents. Cette dernière caractéristique était une force de notre voiture précédente et nous ne pensons pas avoir perdu cette qualité. Cependant, nous avons travaillé dur sur les points faibles de 2004 et nous espérons que la R25 sera autant à l’aise dans les virages rapides, comme à Sepang, que dans les relances de Melbourne.
Certains de vos rivaux ont identifié Renault comme leur adversaire principal pour la première course. Quel est votre point de vue ?
PS : Il est très difficile d’analyser les essais d’intersaison. Il y a en effet différentes manières d’appréhender ces séances pour chaque équipe. Chacun a ses méthodes et, même sur les simulations de course, les différences de niveaux d’essence comme de pneumatiques peuvent perturber les analyses. Tout ce que nous pouvons dire aujourd’hui, c’est que les performances semblent plus proches que ces dernières années. Comme toujours, Ferrari sera très forte. McLaren a réalisé des temps impressionnants sur un tour comme sur des relais, tandis que BAR et Williams ont montré qu’ils étaient dans le coup à certains moments.
Source : Renault F1
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Sgrud le Lun 28 Fév 2005 12:35, édité 1 fois.