- Le circuit :
Catalunya a la préférence des pilotes et des équipes car ce tracé harmonieux révèle toutes les qualités d'une voiture : ses longs virages en appuis sont un test imparable pour le châssis, la grande ligne droite (1047 mètres) exige de la puissance moteur. La piste est abrasive et ondulée, ce qui réclame un châssis bien suspendu. Pour le pilote, une petite erreur dans un virage a des conséquences chronométriques importantes car beaucoup sont liés. Difficulté pour dépasser en bout de la ligne des stands car il est très dur de bien se placer derrière une autre voiture dans le dernier virage, précédé d'une chicane depuis 2007. Consommation élevée, vent problématique.
Record du tour : 1:21.670 - K Raikkonen (2008)
- Données techniques :
- L'œil du pilote avec Robert Kubica :
Barcelone est un des circuits les plus connus des équipes et des pilotes qui y ont aligné des centaines de kilomètres durant les essais hivernaux. La course y est rarement exceptionnelle car il est très difficile d’y effectuer des dépassements. Néanmoins, c’est un Grand Prix sympathique où il règne une bonne ambiance, tandis que les fans espagnols se déplacent en nombre.
Le tracé est relativement intéressant : il présente un certain nombre de secteurs rapides ainsi qu’un dernier secteur très lent. Il faut donc trouver un bon compromis lors de la mise au point de la voiture. Par le passé, j’ai toujours préféré que l’équilibre de la voiture soit adapté aux secteurs lents et je gérais la voiture aux endroits plus rapides. J’ai toujours trouvé qu’il était plus important d’avoir une bonne traction dans les secteurs lents et une bonne stabilité lors des freinages, surtout lorsque les températures sont élevées et qu’on a beaucoup de dégradation du côté des pneumatiques.
Le début du tour est technique. Il faut freiner fort dans le premier virage et on accumule de la vitesse dans le secteur suivant, qui amène au virage numéro trois, qui représente un réel défi, surtout lorsqu’on est chargé en essence. Il faut savoir trouver la limite. Ici, la trajectoire dépendra de la manière dont la voiture se comporte. Certaines monoplaces prendront large à la sortie du virage deux et de prendre une entrée serrée du virage trois, alors que d’autres feront le contraire et sacrifieront de la vitesse à la sortie du virage numéro deux pour prendre large au virage trois.
Le virage neuf est intéressant et inhabituel car il passe sur une petite colline et on ne peut pas voir la sortie. C’est un de ces virages où on espère qu’on ne va pas perdre le contrôle de la voiture, sinon on risque un bel accident. De manière générale, on le prend en cinquième vitesse et on freine un peu avant d’accélérer à l’approche du virage 10.
Le virage numéro 10 est difficile à négocier et les voitures ont souvent du mal ici avec la stabilité des freins. De plus, il y a souvent des petites bosses dans la zone de freinage. Si on souffre de dégradation des pneus, cela rend les choses plus difficiles, surtout pour trouver une bonne traction en sortie. On enchaîne tout de suite sur le virage 11, qui l’an passé n’était pas vraiment un virage car on pouvait réellement attaquer à la sortie. Par contre, cette année, avec les charges en carburant, il devrait être plus intéressant.
La fin du tour est à présent très peu rapide et ne présente pas un défi aussi important que ne l’était l’ancien tracé. La chicane à la fin du tour (les virages 14 et 15) est particulièrement lente. Il est donc important d’avoir une bonne traction pour garantir une bonne sortie car cela a un impact sur la vitesse à l’approche du dernier virage, puis sur la dernière ligne droite. - L'an dernier :
Fernando Alonso avait exprimé ses craintes au soir des qualifications : devant son public, le double champion du monde Espagnol redoutait d’être éjecté du top 8 synonyme de points. Il n’en fut rien et l’Asturien termina finalement 5ème. Généreux dans l’effort quelles que soient les circonstances, Alonso a récolté les fruits de son implication de tous les instants en débordant Massa (menacé de panne sèche) dans le dernier tour de course.
12è sur la grille de départ, Nelson Piquet avait enfin dompté le difficile exercice des qualifications et aurait pu espérer se battre pour le top 8 grâce aux malheurs des pilotes Toyota et au carambolage du premier tour. Mais le Brésilien a bouclé le premier tour en 13è position, dans le sillage d’Hamilton et contrairement au Britannique n’a pas su gagner du terrain et a vu Glock et Kubica s’immiscer entre lui et le pilote McLaren Mercedes.
Course :
- Présentation du GP 2010 :
Robert, après quatre courses, de quelle manière évaluez-vous votre début de saison ?
Je pense que l’on peut retirer beaucoup de choses positives des quatre premières courses. Si vous m’aviez dit en début de championnat, ou même après Bahreïn, que j’allais marquer 40 points et être dans le top cinq après trois de ces premières courses, j’aurais été plus qu’heureux. En même temps, nous avons aussi connu des frustrations, surtout à Shanghai où la voiture de sécurité déployée en milieu de course m’a coûté une place sur le podium. Il faut néanmoins l’accepter, c’est la course. Parfois, on a de la chance… et d’autres fois pas.
Le rythme de développement de l’équipe vous rapproche directement de Mercedes. Ce progrès doit être motivant…
Toute l’équipe travaille dur et maximiser les opportunités durant les courses est une chose positive. Il est toutefois important de rester réalistes car il nous faut encore faire un grand pas en avant d’arriver en haut de la hiérarchie et d’être en mesure de nous battre contre Red Bull et McLaren dans des conditions normales. La prochaine course à Barcelone sera encore un test important pour nous car le début de la saison européenne marque généralement un tournant pour pas mal d’équipes.
Pensez-vous que la hiérarchie pourrait être chamboulée à Barcelone et que d’autres équipes vous dépasseront ?
C’est toujours une chose à laquelle il faut s’attendre à Barcelone, et un grand nombre d’écuries auront pas mal d’attentes par rapport à leurs nouveautés. Nous ne planifions pas de grands développements, nous continuons à améliorer la voiture de manière progressive, tout comme nous l’avons fait lors des quatre premières courses. Nous devrons donc attendre et voir où nous en sommes par rapport à la concurrence : la hiérarchie sera peut-être bien différente.
Quelles sont vos attentes pour ce weekend de course ?
C’est le genre de circuit que tous les pilotes connaissent par cœur. Je m’attends donc à y disputer de bonnes batailles. Toutes les équipes seront très bien préparées, elles se rapprochent généralement de leur potentiel optimal. Il est donc important que nous maximisions notre performance pour être en mesure de nous battre pour des points.
Vitaly, après quatre courses, de quelle manière évaluez-vous votre début de carrière en F1 ?
Le début d’année a été relativement difficile pour moi et certaines opportunités ont été perdues lors des trois premières courses. Les choses ne se sont pas déroulées de la manière dont elles auraient dû et ce pour différentes raisons : j’ai fait une erreur en Australie et nous avons eu des problèmes avec la voiture à Bahreïn puis en Malaisie. Finir la course en Chine et marquer mes premiers points a été un très bon feeling, qui a aidé à compenser la déception des premières courses. Cela dit, j’en veux toujours plus et maintenant que j’ai terminé septième, je veux faire mieux.
A quel point boucler une distance de course était-il important ?
J’ai énormément appris à Shanghai, surtout parce que c’était une course sur piste mouillée dans des conditions qui évoluaient sans cesse. En début de Grand Prix, il était vraiment difficile de savoir la manière dont la météo allait évoluer et s’il fallait changer de pneumatiques. J’étais constamment en liaison radio avec l’équipe lors des prises de décision stratégiques. J’ai aussi appris à gérer mes pneumatiques. Vers la fin de la course, j’étais très rapide et j’ai pu me battre puis dépasser Schumacher et Webber, qui avaient du mal avec leurs gommes. J’ai beaucoup aimé les derniers tours et je ne voulais pas que la course s’arrête.
Vous avez dit récemment que Renault était comme une famille – parlez-nous de vos relations avec l’équipe…
Oui, c’est vrai. L’équipe est comme une grande famille au sein de laquelle je suis en confiance. Nous travaillons bien ensemble et elle n’a de cesse de m’aider à progresser. Comme je l’ai déjà dit, c’est la détermination de tous qui m’impressionne le plus, ainsi que le fait de voir autant de personnes travailler dans le seul but d’améliorer la voiture à chaque course. Il règne une très bonne atmosphère dans le garage et on peut vraiment sentir que tout le monde donne son maximum.
Nous sommes de retour en Europe et nous nous préparons pour Barcelone, un circuit que vous connaissez bien. Avez-vous hâte d’y arriver ?
J’y ai couru de nombreuses fois en GP2 et j’ai participé aux essais de l’hiver dernier à Barcelone. C’est un circuit pour lequel toutes les équipes sont bien préparées, et je pense que les écarts seront très faibles. Nos essais en février dernier n’ont pas été très bons, mais avec de meilleures conditions météo et de piste, ce sera différent pour la course. J’espère que nous serons meilleurs. Le circuit lui-même est technique, très difficile, et les dépassements y sont quasi impossibles. La séance de qualifications sera donc cruciale.
Alan, après quatre courses lointaines, l’équipe a marqué 46 points. Est-ce que vous vous attendiez à un tel début de saison ?
Je pense que c’est très encourageant et nous avons certainement tiré profit de toutes les opportunités qui se sont présentées à nous, ce qui est très important. Nous savons que notre performance brute est encore inférieure à celle des quatre équipes de pointe, mais avec notre stratégie sur le muret et les performances de nos pilotes, nous avons marqué plus de points que nous aurions pu l’espérer.
La maturité de Vitaly a impressionné en Chine. Constater ses progrès depuis le début de l’année doit être gratifiant ?
Il mérite qu’on le complimente pour la manière dont il a géré le début de saison. Nous n’avions pas caché le fait qu’il n’avait pas eu une arrivée facile en Formule 1, surtout à cause du manque de roulage sur piste sèche cet hiver. Egalement, il n’a pas pu bénéficier d’autant de kilométrage en course pour cause de problèmes de voiture par deux fois cette saison. Une performance aussi solide en Chine a été d’autant plus impressionnante. Cela montre la vitesse à laquelle il apprend la F1.
Terminer sa première course et marquer ses premiers points auront certainement un impact positif sur sa confiance…
Il était très heureux après la course et c’est une belle première récompense pour tous ses efforts. Cela aura certainement un impact positif sur son assurance. De plus, il a à présent l’expérience du comportement de la voiture sur une distance de course. En particulier, nous avons pu voir la manière dont il a géré ses pneus pluie à Shanghai et comment il a dépassé des pilotes plus expérimentés que lui comme Schumacher et Webber. Cela montre qu’il pilote intelligemment et qu’il réfléchit à la manière dont il aborde la course.
Robert était une fois de plus performant en Chine. A quel point appréciez-vous de travailler avec lui ?
Ses performances ont été, depuis le début de la saison, irréprochables ; il n’a commis aucune erreur et il extrait le maximum de performance de la voiture, à chaque tour. De même, sa philosophie de travail hors du cockpit est la plus impressionnante que j’ai vu de la part d’un pilote. Il passe énormément de temps avec ses ingénieurs, sur le circuit, à analyser les données, à visionner des courses, et tout simplement à améliorer la voiture dans ses moindres détails. Voir un tel degré d’engagement est une grande motivation pour l’équipe toute entière.
Pour Barcelone, êtes-vous confiant que l’équipe a réussi à résorber les problèmes rencontrés l’hiver dernier ?
Il est vrai que notre forme n’était pas des meilleures aux essais de Barcelone et nous y avons complété un nombre limité de kilomètres mais les soucis rencontrés n’étaient pas liés au circuit et je ne suis pas inquiet d’y retourner. Barcelone est un de ces circuits où l’on peut vraiment être pénalisé si on manque d’efficacité aérodynamique et nous avons ajouté un nombre important d’appuis à la voiture depuis les essais hivernaux. Nous devrions donc être dans notre position normale à Barcelone. Nous n’aurons pas le même set-up que celui utilisé aux essais car la voiture a tellement évolué depuis. Aussi, les courses nous ont beaucoup appris de la manière dont nous pouvons extraire le meilleur de la voiture.
Barcelone reste-t-il le test ultime de l’efficacité aérodynamique de toute monoplace ?
Il était certainement considéré comme le test ultime mais depuis que le dernier secteur est plus lent, ce circuit ne met plus l’accent sur l’aérodynamique autant qu’avant. La première partie du tour reste très rapide, les virages trois et neuf sont des virages qui présentent des défis certains et où une bonne performance aéro est importante. Les virages quatre, cinq et sept sont relativement rapides par rapport au standard de la plupart des circuits et si votre voiture manque d’efficacité aérodynamique, ce défaut est impossible à cacher.
On s’attend à ce que la plupart des équipes apportent de gros développements à Barcelone – pensez-vous qu’il y aura un grand chamboulement dans la hiérarchie?
Je ne pense pas que la hiérarchie sera fortement chamboulée. Il se pourrait que Mercedes se détache de nous un peu mais nous avons un nouvel aileron avant et d’autres nouveautés aérodynamiques qui devraient nous aider à faire un autre pas en avant. Ce n’est pas le plus gros développement que nous aurons eu cette année mais il nous permet de continuer dans notre approche de développement à chaque course. Il sera intéressant de voir de quelle manière la situation évoluera entre les différentes écuries.