- Le circuit :
La création du circuit urbain de Valence s'inscrit une tendance initiée par Bernie Ecclestone et visant à multiplier les courses en ville, tout en surfant sur la forte popularité de la F1 en Espagne suite aux titres mondiaux de Fernando Alonso.
Un accord entre le « grand argentier » de la F1 et la société Valmor Sport pour l'organisation de l'épreuve est trouvé au début de l'année 2007 et porte sur une durée de sept ans. Le dessin du circuit sera confié à l'architecte allemand Hermann Tilke, maître d'oeuvre de la plupart des nouveaux tracés du championnat du monde. Le feu vert à l'organisation de l'épreuve est donné par les élus locaux en juin 2007. Bernie Ecclestone avait d'ailleurs créé une polémique en Espagne en laissant entendre quelques semaines plus tôt que la tenue du Grand Prix serait conditionnée par le résultat des élections du 27 mai 2007 et la réélection de Francisco Camps, membre du Parti Populaire (PP), à la présidence du gouvernement régional. Accusé d'ingérence dans le processus démocratique, Ecclestone avait par la suite nié le sens donné à ses propos.
D'une longueur de 5,473 kilomètres, avec 25 virages, le circuit est tracé sur le port, à proximité des installations de la Coupe de l'America. Il utilise pour l'essentiel des voies de circulation déjà existantes, mais également des portions spécialement conçues pour l'occasion. L'un des endroits les plus caractéristiques du circuit est le passage sur un pont pivotant. Malgré son caractère urbain, le tracé est plutôt comparé aux circuits semi-urbains de Montréal et Melbourne, et cela en raison de la grande largeur de la piste et de l'excellente condition du revêtement, qui le distinguent des circuits urbains utilisés en Amérique du Nord.
Le circuit est inauguré fin juillet 2008 à l'occasion de courses de Formule 3 et de GT espagnoles, avant d'accueillir le 24 août le Grand Prix d'Europe 2008, 12e manche du championnat du monde 2008. L'épreuve est remportée par Felipe Massa au terme d'une course assez terne, marquée par un très faible nombre d'incidents mais également la quasi-impossibilité pour les concurrents de se dépasser.
Record du tour : 1:38.708 - F Massa (2008)
- Données techniques :
Situé sur la Marina de Valence, le tracé du Grand Prix d’Europe est une des attractions du calendrier. Entouré de murs de béton, ce circuit compte près de 25 virages, il est un véritable challenge pour les pilotes et pour les ingénieurs. Il combine des courbes à basse et moyenne vitesse tout en étant suffisamment large pour offrir plusieurs zones de dépassement. Une bonne vitesse de pointe ainsi qu’une bonne stabilité au freinage y sont déterminantes, de même qu’un bon niveau de grip mécanique pour se montrer performant de manière générale sur l’intégralité du tour.
Aérodynamique : Le dessin du tracé exige un niveau d’appui moyen, similaire à celui qui est utilisé à Shanghai et à Bahreïn. Cette configuration est possible car le circuit ne comporte pas de virage très rapide et car il demande une bonne vitesse de pointe, essentielle pour la longue ligne droite. Fernando explique : « La section la plus intéressante est celle qui débute au virage numéro 17 et qui se prolonge jusqu’au virage numéro 25. On est pratiquement à fond à partir de la sortie du virage 17 et ce jusqu'au dernier virage. Le virage 25 est relativement difficile à négocier car il est très lent mais on l’approche à plus de 300km/h. Il faut donc freiner au passage du virage 24 et on peut facilement bloquer une roue ou commettre une erreur.»
Freins : Le circuit est particulièrement exigeant pour les freins, comme celui de Bahreïn. On compte plusieurs gros freinages à plus de 300km/h, comme les virages 12 et 17, des virages négociés en deuxième qui seront un véritable défi pour le système de freinage des monoplaces. Le refroidissement des disques et des plaquettes exigera une attention toute particulière et les équipes opteront pour des écopes relativement grandes, comme à Bahreïn.
Mise au point : Les pilotes auront besoin d’une voiture réactive et bien équilibrée pour négocier les nombreux changements de direction que compte ce tracé. Mais comme toujours, il s’agira de trouver le meilleur compromis entre une suspension rigide pour les zones rapides et une suspension suffisamment souple pour optimiser la traction en sortie de virage lent. Une bonne stabilité au freinage se révèlera essentielle, notamment en bout de ligne droite, afin d’éviter les blocages de roues qui pourraient être lourds de conséquence de par la proximité des murs et la taille limitée des dégagements. Fernando explique : « Dépasser est toujours difficile sur les tracés urbains et Valence n’est pas une exception. Le virage 12, à la fin de la longue ligne droite, est probablement le meilleur endroit pour effectuer un dépassement car c’est la zone de freinage la plus importante du circuit. On a à disposition une zone de dégagement assez large au cas où on tire un peu large dans le virage. »
Pneumatiques : Bridgestone fournira les pneus tendres et extra-tendres aux équipes du plateau pour cette onzième épreuve du championnat du monde. C’était déjà le cas à Monaco et en Hongrie. Ce choix de gomme est possible car le bitume n’est pas particulièrement abrasif. Cette gamme devrait offrir un meilleur niveau d’adhérence, d’autant que la surface sera sans doute très glissante en début de week-end. Mais comme sur tout circuit urbain, la piste évoluera beaucoup au fur et à mesure des séances et elle se chargera en gomme. Le niveau d’usure des pneus arrière sera à surveiller de près car ceux-ci sont soumis à rude épreuve en sortie de virages lents, là où la demande en motricité est élevée.
Moteur : Des lignes droites, des chicanes à moyenne vitesse et des épingles font de Valence un circuit où le moteur sera utilisé en mode « on-off ». Avec 60% du tour passé à pleine charge, ce qui est un peu inférieur à la moyenne du championnat, ce tracé ne devrait pas être trop exigeant pour le bloc moteur. Puisqu’il n’y a pas de réel pic de puissance requis, la clé d’un bon chrono résidera sans l’arrivée du couple et dans la relance à la sortie des virages lents, qui commandent les longues lignes droites. Une voiture bien équilibrée permettra de limiter le sous-virage dans les zones sinueuses et permettra aux pilotes de réaccélérer tôt, ce qui sera efficace au chronomètre.
- L'an dernier :
Flavio Briatore résuma bien la situation d’une formule définitive : ce fût un week-end à oublier ! Les Renault n’avaient pas les armes pour rentrer dans les points et l’entreprise a été à moitié sabordée par Kazuki Nakajima qui, en perdition au freinage du virage 6 du 1er tour, a mis le héros national hors course. Renault a initialement envisagé de renvoyer Alonso en piste – qui sait ce qui peut se passer sur un circuit urbain ? – mais a changé son fusil d’épaule et a préféré préserver le bloc propulseur de l’Espagnol.
Pâle en qualifications, Nelson Piquet Junior l’a aussi été en course. 15è sur la grille de départ, le Brésilien franchit la ligne d’arrivée au 11è rang : 4 places gagnées dont 3 offertes par ses adversaires (Alonso, Räikkönen, Nakajima) malgré une stratégie à un seul ravitaillement qui a pourtant diablement bien fonctionné pour Timo Glock.
Course :
- Présentation du GP 2009 :
Fernando, la course en Hongrie a été décevante, mais nous pouvons tirer des éléments positifs de ce Grand Prix...
Oui, notre performance en Hongrie était encourageante, la voiture était rapide et nous avons fait la pole position, ce qui était d’ailleurs un peu une surprise. Bien sûr, avoir été obligé d’abandonner était décevant, mais je prends les choses du bon côté. Je pense que nous pouvons être tout aussi compétitifs à Valence. L’an passé, ma course y a été très courte - moins d’un tour – je suis donc d’autant plus déterminé cette année et j’espère être en mesure de me battre pour un podium.
Dans quel état d’esprit l’équipe se trouve-t-elle après cette pause estivale ?
La coupure a fait du bien à tout le monde : l’équipe a fait le plein d’énergie, elle est prête à tout mettre en œuvre dans cette dernière partie de la saison. J’ai également un nouveau co-équipier, Romain Grosjean. Je suis certain qu’il va faire un bon travail avec l’équipe. Comme il a assisté à tous les Grand Prix depuis le début de la saison, j’ai déjà de bonnes relations avec lui et j’espère qu’il sera à même de nous aider à marquer des points importants pour le championnat.
Vous vous préparez à courir en Espagne ce week-end. Est-ce quelque chose d’important pour vous ?
Courir chez moi est toujours très spécial et Valence est une ville superbe pour accueillir un Grand Prix. J’ai toujours aimé les circuits urbains car l’ambiance est très particulière, la ville entière s’implique dans la course. C’est donc un Grand Prix à domicile et je sais que le support des fans sera fantastique. J’ai vraiment envie de les remercier avec un bon résultat. Comme je vous le disais, je souhaiterais beaucoup être en mesure de me battre pour un podium, mais ma priorité ce weekend sera de marquer des points.
Romain, vous allez défendre les couleurs de l’équipe pour le restant de la saison. Que ressentez-vous face à cette opportunité ?
Je suis très heureux, bien sûr, et je tiens à remercier ING Renault F1 Team de m’avoir donné cette chance. J’ai commencé à rêver de Formule 1 quand j’avais sept ou huit ans. Je regardais alors les batailles entre Prost et Senna à la télévision. Faire mes débuts dans cette catégorie à Valence est vraiment un rêve devenu réalité.
Vous piloterez pour l’unique écurie française du plateau, cela a-t-il une signification particulière pour vous ?
Mon objectif a toujours été de devenir pilote de F1 et le fait de réaliser cet objectif avec une équipe française est d’autant plus satisfaisant. Renault me soutient depuis 2006 et j’ai pu continuer à courir uniquement grâce à leur aide. Cela faisait longtemps que l’on attendait un pilote français chez Renault, il doit donc y avoir un engouement assez fort chez les passionnés. Je vais faire de mon mieux afin de prouver que Renault a eu raison de me faire confiance.
En tant que troisième pilote, vous avez assisté à toutes les courses cette saison. Cela vous a-t-il été utile ?
Cela m’a été très utile car j’ai pu me familiariser avec tous les membres de l’équipe et avec leur méthode de travail. J’ai assisté à toutes les réunions techniques et aux débriefings ces derniers six mois, et cela va certainement m’aider à maximiser l’opportunité qui m’est offerte.
Vous êtes à présent le co-équipier de Fernando Alonso, un double champion du monde...
Fernando est vraiment un grand champion - certainement le meilleur pilote en Formule Un – et je me réjouis fortement de travailler avec lui. Nous nous entendons déjà bien, je sais que je vais pouvoir beaucoup apprendre de lui et de son expérience.
Vous avez couru à Valence en GP2 Series l’an passé. Que pensez-vous de ce circuit ?
C’est un mélange entre un circuit urbain et un circuit classique : certains endroits du tracé sont très étroits et difficiles à négocier alors que d’autres endroits sont beaucoup plus larges et offrent pas mal de dégagements. Ce n’est pas le circuit le plus facile pour faire ses débuts en F1, mais j’ai toujours aimé les tracés urbains et j’apprécie beaucoup le fait d’être au beau milieu d’une ville, l’ambiance y est très particulière.
Comment avez-vous préparé votre premier Grand Prix ?
J’ai essayé de me préparer aussi normalement que possible mais j’ai mis l’accent sur l’entraînement des muscles du cou. Par rapport au GP2, la Formule Un est plus exigeante sur cette partie du corps. J’ai également pris un peu de vacances cet été afin d’être prêt pour Valence.
Quelles sont vos ambitions pour ce weekend ?
Je n’ai piloté la R29 que lors d’essais en ligne droite, ma première course sera donc un réel apprentissage. Il est difficile de se fixer des objectifs, ma priorité sera de me familiariser avec la monoplace et de me sentir à l’aise et en confiance avec elle ; je vais faire tout mon possible pour l’équipe.
Pat, l’équipe a connu une fin de weekend décevante à Budapest alors que ce Grand Prix était plutôt prometteur...
Nous voulions montrer le potentiel de la voiture et confirmer la progression réalisée en Allemagne. Je pense que, dans une certaine mesure, nous avons réussi ce pari. Nous étions satisfaits de la pole position, mais cela ne veut pas forcément dire que notre voiture est la plus rapide du plateau. En prenant en compte les niveaux d’essence corrigés, les Red Bull étaient plus rapides. Cela dit, nous étions contents de notre performance et je pense que la stratégie agressive déployée avec Fernando aurait payé si nous avions été en mesure de finir la course. Mais les choses se sont déroulées différemment.
La performance de la R29 en Hongrie a confirmé les progrès réalisés par l’équipe récemment. Peut-elle maintenir ce taux de développement ?
Je pense que nous pouvons apporter encore davantage de développements à la R29 en cette deuxième partie de la saison et nous planifions une autre évolution aérodynamique importante. Nous travaillons également sur les configurations à appuis moyens et faibles nécessaires pour Spa et Monza. Notre approche, ensuite, dépendra des progrès réalisés dans le développement de la voiture de l’année prochaine, la R30. Nous verrons en effet s’il est possible de transférer ce que nous apprenons de ce projet pour le transposer à la R29.
Romain Grosjean disputera son premier Grand Prix ce weekend. Qu’est ce qui vous séduit, chez lui ?
Romain est un pilote talentueux et il l’a souvent démontré en GP2. Il est certainement un des meilleurs du championnat dans les manœuvres de dépassement et il a démontré ses talents sur la grille inversée : il sait se frayer un chemin dans le peloton et remonter. Il lui faudra un peu de temps pour complètement s’adapter à la Formule 1, mais je suis convaincu qu’il y arrivera très bien.
Comment l’équipe a-t-elle aidé Romain à se préparer pour son premier Grand Prix ?
Par le passé, il aurait fait pas mal de kilomètres pendant les essais privés, mais cela n’est plus possible avec l’interdiction en vigueur aujourd’hui. Par contre, il a déjà fait plusieurs essais en ligne droite et il a passé beaucoup de temps avec l’équipe de course durant les weekends de Grand Prix. Il a ainsi assisté aux diverses réunions et briefings afin de se familiariser avec la manière dont nous fonctionnons et aussi pour apprendre à connaître les membres de l’équipe.
Quelles sont vos attentes pour ce Grand Prix ?
Nous avons démontré que la R29 était performante dans tous les types de virages et cela me rend confiant quant à notre niveau de compétitivité à Valence. Comme tout circuit urbain, le tracé récompense les pilotes courageux et talentueux. Fernando possède ces qualités. De plus, il aura l’avantage de courir chez lui avec tout le support des fans durant le weekend.