- Le circuit :
Il y a plus de cinquante ans, les premiers "Forza Ferrari" ont raisonné dans le "Tempio della velocità", transformant les inconditionnels en "tifosi" et la "rossa" en légende éternelle. Les anciens empruntaient l'anneau de vitesse. Les modernes ne roulent plus dessus que dans la ligne droite.
Monza est LE circuit de vitesse par excellence, avec quatre pointes à plus de 335 km/h dont une à 360 km/h en bout de ligne droite. Cette dominante en fait un circuit de moteurs, sollicités à fond sur 70% du temps d'un tour (1ère valeur de la saison). Le corollaire en est des valeurs d'appuis extrêmement faibles. La contre-partie est redoutable car arrêter les voitures à ces vitesses vertigineuses exigent des freins et étriers spéciaux, le circuit lombard étant le plus sévère du championnat à ce niveau.
Monza est découpé par trois chicanes : la garde au sol minimale y est contrariée par l'obligation de franchir -proprement- les vibreurs.
- Données techniques :
Comme le Grand Prix de Grande-Bretagne, le Grand Prix d’Italie est la seule course à avoir été courue chaque année depuis le premier Championnat du Monde de Formule en 1950, et 56 de ces 57 éditions du Grand Prix d’Italie ont eu lieu sur le circuit historique du Autodrome Nazionale du Monza qui a été créé en 1922. C’est aussi la course la plus chère du championnat pour les équipes qui doivent concevoir un package aérodynamique pour cet unique rendez-vous. Etant très spécifique pour le châssis, ce circuit de Monza est également très exigeant pour le moteur. Si le tracé en lui-même peut paraître simple, en vérité il n’en est rien et il faut du temps pour trouver la limite sur ce circuit mythique qui demande maîtrise et finesse !
Aérodynamique : Monza est le circuit le plus rapide du calendrier avec une vitesse moyenne de 250km/h. Si l’équipe utilise également des packages aérodynamiques à faibles appuis à Montréal et à Indianapolis, Monza demande la mise au point d’un package aérodynamique spécifique afin d’atteindre une vitesse maximale suffisamment compétitive, de l’ordre de 340km/h. Ce package est donc généralement qualifié de package à ultra faibles appuis mais le paramètre déterminant reste la traînée que l’on cherche ici à minimiser afin de gagner en vitesse de pointe. En soufflerie, les équipes se concentrent sur des ailerons ultra efficaces dont le design peut varier sensiblement d’une écurie à l’autre. Naturellement, ces ailerons à effet de traînée réduit génèrent également moins d’appuis. A Monza, on parle d’une perte d’environ 20% d’appuis à 250km/h par rapport au package de Monaco.
Suspensions : Le grip mécanique, la capacité de franchissement sont les principales zones de mises au point à Monza. Tout d’abord par le manque d’appuis aérodynamiques embarqués, ensuite car la stabilité de freinage reste essentielle alors que les pilotes passent près de 15% du tour à freiner et enfin pour s’assurer que les pilotes puissent aborder de façon agressive les vibreurs, partie intégrante de la trajectoire idéale. Ces différents compromis en termes de mise au point doivent permettre aux pilotes d’avoir une voiture réactive dans les changements de direction à basse et moyenne vitesses des chicanes alors qu’une bonne sortie de virages sera également primordiale dans les virages lents. De même, il est important d’avoir une bonne stabilité de freinage pour que les pilotes puissent aborder les zones de freinage en confiance. Les ingénieurs tâcheront donc de faire rouler la voiture avec une hauteur de caisse aussi basse que possible afin de gagner sur le plan aérodynamique. Pour éviter de « talonner » à haute vitesse, c’est-à-dire lorsque le fond plat de la voiture frotte sur sol et rebondit, on utilise des entretoises en caoutchouc pour asseoir la voiture à haute vitesse.
Freins : Le pilote passe près de 15% du tour à freiner ce qui signifie qu’il s’agit d’un paramètre important dans la lutte pour un chrono. Le réglage mécanique vise à renforcer la confiance des pilotes au freinage, on porte également une attention toute particulière au système de freinage lui-même. Les freins sont soumis à bien rude épreuve ici à Monza, avec des freinages aussi importants que ceux du Canada ; c’est notamment le cas du virage numéro 1 où les pilotes sont soumis à des forces de freinages de l’ordre de 4,5G. La voiture doit ensuite négocier quatre gros freinages à plus de 320 km/h et une attention tout particulière sera portée au refroidissement des freins en gardant en mémoire un refroidissement optimal pour traînée aérodynamique minimum.
Performance : Monza a toujours été connu comme le test ultime pour les moteurs de Formule 1. Le moteur passe en effet 77% du tour à pleine charge, bien au dessus de la moyenne de la saison qui se situe à environ 61%. De plus, le moteur doit être capable d’être complet puisque la vitesse maximale atteinte en Italie est de l’ordre de 340 km/h dans la ligne droite des stands et que la vitesse minimale est de 65km/h dans la première chicane. Le temps le plus long passé à pleine charge est d’environ 15,5 secondes, depuis la sortie de la Parabolica jusqu’au freinage de la première chicane. La cartographie moteur doit fournir aux pilotes un moteur performant même en bas régime et doit fournir un moteur progressif pour la réaccélération de virages tels que la Parabolica.
Fiabilité : Comme si ce n’était déjà pas assez exigeant pour le bloc moteur, les chicanes représentent un challenge supplémentaire pour le moteur en termes de fiabilité. Les pilotes en quête de quelques dixièmes doivent monter sur les vibreurs de manière assez agressive et il y a un risque d’utiliser le limiteur de régime lorsque la voiture est en l’air et d’abîmer la transmission à l’atterrissage à nouveau sur le sol. C’est pourquoi on suit avec attention les éléments auxiliaires pour s’assurer qu’ils peuvent supporter les sérieuses exigences de Monza.
- L'an dernier :
Renault a vécu une course difficile l'an dernier à Monza dans le cadre du Grand Prix d'Italie, 13ème épreuve du championnat du monde 2007.
Heikki Kovalainen et Giancarlo Fisichella s'élançant respectivement de la 7ème et de la 15ème place sur la grille, l'équipe s'était en effet préparée à disputer un Grand Prix difficile mais espérait que ses pilotes pourraient tout de même se battre avec leurs concurrents directs dans le peloton.
Très vite, il a été clair, en conditions de course, que le niveau de compétitivité de la R27 en configuration à très faibles appuis comme l'exige le circuit de Monza n'était pas suffisant et Heikki a finalement perdu une place au profit de Nico Rosberg. Il finit malgré tout 7ème suite à l'abandon de Massa en début de course. De son côté, Giancarlo Fisichella réussissait à remonter de quelques places, mais les options stratégiques étant relativement peu variées au sein du peloton, il n'a finalement pas réussi à revenir et à entrer dans les points.
Course :
- Présentation du GP 2008 :
Fernando, Spa a fait honneur à sa réputation et a offert une course incroyable en raison notamment d’une météo très changeante...
Oui, cela a été une course vraiment mouvementée ! En ce qui me concerne, tout s’est déroulée simplement jusqu’à deux tours de l’arrivée. La piste était encore humide par endroit en début de course mais j’ai pu prendre un bon départ et rapidement me positionner quatrième, une place que j’ai gardée jusqu’au bout malgré l’averse qui a tout chamboulé en fin de course. Nous avons marqué cinq points ce qui du point de vue du championnat est un très bon résultat. Nous étions contents de voir notre voiture dans le rythme et capable de se positionner comme troisième force du plateau à Spa.
Vous enchaînez maintenant avec le Grand Prix d’Italie à Monza, un autre circuit mythique et très atypique. Est-ce un tracé que vous appréciez ?
C’est le circuit rapide par excellence et les pilotes par principe aiment aller vite ! La sensation au volant est toujours un peu déroutante les premiers tours car la voiture a un package aérodynamique à très faibles appuis ce qui rend la voiture très légère, un peu imprécise et le passage des chicanes n’est donc pas toujours évident. Mais c’est un circuit intéressant, avec une ambiance toujours très particulière, je suis donc impatient.
Ce sera également la dernière course de la saison en Europe...
Oui, après nous quittons l’Europe pour les derniers Grand Prix lointains et il serait bon de marquer là encore quelques points afin d’attaquer la dernière ligne droite dans les meilleures conditions possible !
Quelles seront les domaines sur lesquels vous devrez vous concentrer pour mettre au point votre R28 ?
Nous avons roulé à Monza il y a trois semaines à peine et avions bouclé notre programme sans difficulté ce qui nous permet d’aborder cette épreuve sereinement et bien préparés. Bien entendu l’équilibre aérodynamique sera là encore déterminant et l’évaluation des pneus nous prendra probablement la majeure partie de notre programme technique du vendredi.
Pensez-vous que, comme à Spa, vous saurez être dans le rythme à Monza et pourrez ainsi essayer une fois encore de marquer des points ?
C’est en tout cas dans cette optique que j’approche cette course. Notre objectif est clairement de décrocher la quatrième place aux Constructeurs et je suis décidé à tout faire pour aider l’équipe à y arriver. La lutte est très serrée, nous l’avons constaté dès l’ouverture du championnat, et chaque point aura son importance au final. Nous avons cinq points de retard et cinq courses à disputer, je pense que c’est tout à fait jouable !
Nelson, vous avez dû abandonner à Spa, vous étiez sans doute déçu dimanche soir ?
Oui, c’est évident. J’aime le circuit de Spa et je suis déçu de ne pas avoir réussi à finir ce Grand Prix. Après une qualification en demi-teinte, nous avions opté pour une stratégie à un arrêt. J’ai réussi à prendre un très bon départ mais j’étais très chargé et je ne pouvais pas lutter… je suis finalement parti à la faute et ma course s’est terminée dans un mur de pneus. Dommage car je pense que je pouvais finir dans les points, surtout à voir la fin de course mouvementée à laquelle nous avons assisté.
Vous êtes ce week-end à Monza, un circuit rapide, où vous avez tourné plusieurs fois en F1 avec ING Renault F1 Team ?
Oui j’ai réalisé deux séances d’essais, l’une en 2007 et l’autre cette année, il y a trois semaines. C’est une bonne chose d’avoir roulé à Monza récemment car nous avons une idée du comportement de la R28 dans les conditions de faibles appuis propres à ce circuit et aussi car cela m’a permis de rouler dans ces conditions. Je devrai être plus vite à l’aise vendredi lors de nos premiers essais pour le Grand Prix d’Italie.
Vous aviez couru à Monza en GP2 également et aviez dû laisser échapper le titre lors de cette dernière épreuve. Est-ce tout de même un circuit que vous appréciez ?
J’ai des circuits que j’aime beaucoup, comme Spa et Silverstone, Monza ne fait pas partie de mes préférés mais il est atypique et du coup reste très intéressant pour les pilotes. Il ne ressemble à aucun autre et c’est donc un rendez-vous sympathique du calendrier, d’autant que l’ambiance y est toujours très spéciale !
Quelles sont vos attentes pour cette dernière épreuve européenne ?
Faire mieux qu’à Spa, cela va sans dire ! Là encore, je pense que les qualifications seront importantes et j’espère vraiment être dans le rythme pour pouvoir entrer en Q3 et ainsi aborder la course plus sereinement, avec une stratégie peut être plus conventionnelle pour essayer de me battre et marquer des points. Je veux aider l’équipe à décrocher la quatrième place aux Constructeurs et pour cela, il faudra entrer dans le Top 8 !
Bob, l’équipe a décroché une quatrième place à Spa. Etes-vous satisfait de ce résultat ?
Oui, tout à fait. Si cela avait une course normale, sur piste sèche, la quatrième place était sans doute le meilleur résultat auquel nous aurions pu prétendre. Nous avons été satisfaits du comportement de la voiture tout au long du week-end, notre rythme était bon, aussi bien sur le sec que sur piste humide, et l’équipe a bien su gérer le changement des conditions de piste. Conclure ce week-end avec une quatrième place, après une course aussi incertaine, est à mettre au crédit de tous les membres de l’équipe.
La R28 semblait effectivement plus compétitive ce week-end. Peut-on dire que Renault est désormais la troisième force du plateau ?
Je crois que c’est effectivement le cas. Ce circuit convenait particulièrement à notre voiture et Fernando était très à l’aise dès la première séance. C’est important car notre objectif est de finir à la quatrième place du Constructeurs avec la troisième voiture du plateau.
Vous êtes désormais à cinq points de Toyota, cela doit venir gonfler le moral de l’équipe pour cette fin de championnat qui s’annonce très disputée ?
Oui, mais nous savons aussi à quel point il est difficile de marquer des points en ce moment. McLaren et Ferrari sont clairement un cran au-dessus et si tout se passe bien pour eux, il ne reste alors plus beaucoup de points à se partager. C’est donc difficile de revenir au championnat, même de reprendre cinq points, mais je suis convaincu que nous pouvons finir devant Toyota.
Nelson a eu une course difficile. Pensez-vous qu’il connaîtra un meilleur week-end à Monza ?
Il doit rebondir et oublier cette course de Spa. Monza est un circuit qu’il connaît, où il a roulé lors de nos essais il y a quelques semaines, ce qui devrait l’aider dans ses préparations. Il pourra éventuellement marquer quelques points ce qui serait très important pour nous puisque la lutte au championnat est si serrée !
Monza est le circuit le plus rapide du calendrier. La R28 aura-t-elle quelques nouvelles spécifications ?
Oui, toutes les équipes opteront pour un package aérodynamique spécialement conçu pour cette épreuve et ils ont d’ores et déjà été évalués lors de la dernière séance d’essais privés à Monza. La plupart des développements sont clairement réalisés pour cette unique course car il s’agit d’une épreuve très spécifique. Je crois pouvoir dire que Spa convenait sans doute davantage à notre R28 que Monza mais je reste convaincu que nous pouvons espérer réaliser un bon résultat en Italie.
Comment l’équipe aborde-t-elle les cinq dernières courses de la saison ?
A ce stade de la saison, nous sommes très concentrés sur notre projet 2009 mais continuons de développer la R28, notamment pour Singapour. Ensuite, nous essaierons de voir les opportunités de développements encore possibles cette saison en sachant que notre priorité sera alors clairement la conception de notre voiture 2009 et la préparation de la prochaine saison.