.:: Les interviews ::.
La présentation du GP de Bahreïn 2006 par le Renault F1 Team.
.:: Fernando Alonso ::.
Fernando, quel est votre sentiment à l’approche de la première course ?
Je suis très content. L’équipe a bien travaillé sur la voiture, la R26 semble très compétitive. Nous sommes prêts pour la première course et pour essayer de marquer un maximum de points.
Etes-vous satisfait du déroulement des essais hivernaux ?
Oui, je pense que nous avons fait notre travail. La voiture est maintenant prête pour courir en course : nous avons fait beaucoup de tours, sur tous les types de circuit et dans toutes les conditions. Il est désormais temps pour nous de nous mesurer aux autres en conditions de course. Nous avons fait le maximum de ce qu’il était possible d’envisager, je suis donc détendu à l’attaque de cette nouvelle saison.
Qu’a signifié pour vous le passage au moteur V8 ?
Au niveau du pilotage, je n’ai pas senti de réelles différences. Je n’ai pas modifié mon style de conduite pour m’adapter car je suis toujours, dans tous les cas, en train d’essayer de piloter à la limite.
Et que pensez-vous du moteur V8 Renault ?
Je pense que l’équipe de Viry a vraiment fait un travail fantastique. Nous avons commencé à rouler en piste relativement tard avec le V8, mi janvier, mais cela a pu être fait avec un moteur qui s’est tout de suite montré capable de couvrir des distances de course. Il était très fiable et très performant dès le départ. Il y a eu plusieurs approches différentes dans le développement des nouveaux V8 et celle de Renault a payé.
La règlementation pneumatiques a également changé cette saison. Comment Michelin s’y est adapté ?
Michelin s’est très bien adapté aux nouvelles règles pour le développement des nouvelles enveloppes. Je pense qu’ils étaient un petit peu sous pression lors du choix du nouveau règlement car tout le monde disait qu’ils n’étaient pas très compétitifs en 2004. Mais nous le sommes maintenant. Nous avons de très bons pneus et ce, peu importe les conditions de températures. Je crois que nous avons un bon niveau de performances, une bonne constance. Je suis confiant dans le fait que Michelin sera cette année encore le meilleur manufacturier en F1.
Il y aura aussi un nouveau format de qualifications que vous découvrirez à Bahreïn. Qu’en pensez-vous ?
Pour les pilotes, cela ne change pas énormément. Je pense que le challenge se situe davantage au niveau des équipes et pour les ingénieurs qui devront trouver la bonne stratégie et travailler très vite. L’année dernière nous n’avions qu’une occasion pour faire un bon temps, cette saison, nous aurons au moins trois opportunités. Les pilotes doivent toujours faire le maximum et il n’y aura en fait qu’un tour pendant chaque partie des qualifications où la voiture offrira les meilleures conditions. Cela n’a donc pas véritablement modifié notre boulot.
Pouvez-vous nous parler du challenge que représente ce tracé de Bahreïn ?
C’est un circuit très particulier en raison du sable des bas côtés qui se répand tout le long du tracé. Cela modifie un petit peu les sensations et le style de pilotage car on ne sait jamais vraiment quelles vont être les conditions de piste et de grip dans le virage suivant. Les températures élevées compliquent également le travail des ingénieurs qui doivent surveiller le refroidissement de la voiture. Je pense qu’il y a toujours une petite part d’inconnu pour la première course.
Etes-vous prêt à reprendre la compétition après une pause de quatre mois ?
En ce qui me concerne oui. Après un hiver loin des circuits, j’ai envie de voir les gens dans les tribunes, de sentir à nouveau l’émotion et le bouillonnement de la Formule 1. De plus, car avec Renault nous sommes les champions du monde en titre, toute l’équipe est très motivée à l’attaque de ce début de saison.
La première course représente-elle une pression plus importante pour vous car vous êtes le champion du monde en titre ?
Je ne pense pas qu’il y ait plus de pression mais une chose est sûre, je suis très fier d’avoir le numéro un sur ma voiture. C’est le plus bel accomplissement possible en sport automobile, un moment dont on rêve toute sa carrière. Je suis très impatient d’arriver à Bahreïn avec le numéro 1 et je compte profiter de cette saison au maximum.
Quels seront selon vous les favoris pour cette première course ?
Je pense que Renault est définitivement prêt. Honda, Ferrari, McLaren et Renault ont été les quatre équipes fortes des essais hivernaux et il faut maintenant voir ce qui se passera sur les premières courses. Bien entendu, Renault sera le team à battre car c’est l’équipe championne du monde mais je suis confiant, nous avons fait du bon travail.
Pensez-vous pouvoir décrocher le titre une nouvelle fois cette saison ?
En tout cas, c’est ce que je souhaite ! Il est très difficile de gagner un championnat et il faut réunir beaucoup de paramètres autour de vous pour pouvoir y prétendre. L’année dernière, j’attaquais la saison en espérant gagner une course et monter régulièrement sur le podium et nous avons finalement gagné le titre. En 2006, je sais que nous avons avec la R26 une voiture compétitive, mon seul objectif est donc de décrocher une fois encore le titre.
.:: Giancarlo Fisichella ::.
Giancarlo, 2005 a été votre meilleure saison depuis vos débuts en F1. Quelles sont vos motivations pour 2006 ?
Je suis très motivé. Je suis très content de faire partie d’une équipe de pointe comme Renault, écurie championne du monde en titre. Je sais aussi que j’ai la chance d’avoir une très bonne voiture cette saison. Mon objectif est donc de me battre pour le championnat et je suis optimiste, je peux le faire.
Quel a été l’impact du changement de règlementations sur le rôle des pilotes ?
Il y a eu quelques gros changements : nous avons perdu environ 200ch en passant du V10 au V8, ce qui se ressent tout de suite. L’équipe a fait du très bon travail en ce qui concerne le moteur V8, il a une bonne puissance et est facile à conduire. En ce qui concerne le châssis, nous avons fait un important pas en avant, tout comme avec les pneus Michelin. Vous pouvez vous en rendre compte lorsque vous regardez les temps que nous avons faits cette année qui sont presque les mêmes que ceux de la saison passée.
Quelles sont les spécificités de la R26 par rapport à ses aînées ?
Elle est très proche en fait de l’ancienne monoplace. La voiture de l’année dernière était très agréable à conduire pour les pilotes et c’est aujourd’hui la même chose avec la R26. En fait, je suis même plus à l’aise avec la nouvelle voiture. L’arrière est très stable au freinage et en milieu de virage. Nous avons bien progressé également en ce qui concerne le train avant. Tout cela signifie que je peux piloter cette voiture comme je l’entends et cela me met bien entendu plus en confiance.
Parlez-nous un petit peu de cette première course ?
Bahreïn est un circuit de nouvelle génération avec notamment de très belles infrastructures. J’ai tout de suite beaucoup aimé le tracé, il y a quelques virages assez exigeants où il faut attaquer les freinages, chose que j’apprécie beaucoup. Je n’ai pas été très chanceux ici l’année dernière mais je pense que je serai plus fort cette saison.
Les ingénieurs disent que c’est un circuit très exigeant pour les freins ?
Oui, c’est un des pires circuits pour l’usure des freins notamment en course. Il nous faut donc être très attentif à notre façon de freiner et surtout où nous freinons pour être sûr de ne pas avoir de problème, sans pour autant oublier de rester performant !
Quelles équipes pensez-vous voir en lutte pour la victoire ?
Les essais nous ont montré que Honda était très fort et McLaren a bien progressé ces dernières semaines. Nous ne savons pas trop ce qu’il en est pour Ferrari dans la mesure où ils n’ont pas souvent tourné avec nous mais dans tous les cas, Renault fait partie des favoris, c’est certain.
En 2005, vous avez démarré la saison sur une victoire. La même chose en 2006 ?
C’est ce que je souhaite en effet. Mais honnêtement ce n’est pas le plus important. En 2006, je veux gagner tout au long de la saison et commencer par marquer tout de suite beaucoup de points. Cela n’a pas été possible en 2005 mais cette année je veux me battre pour le titre.
.:: Bob Bell, Directeur Technique Châssis ::.
Bob, comment s’est passé l’hiver pour le Renault F1 Team ?
Cela a été un hiver chargé avec des tâches d’ingénierie et de logistique parfois très exigeantes. Le programme avec la nouvelle voiture était très serré pour la terminer avant Noël. Nous devions en effet avoir très tôt deux châssis prêts à tourner mais les performances de cet hiver ont motivé toute l’équipe. Après avoir travaillé très dur ces derniers mois, nous pensons avoir le potentiel pour défendre notre couronne.
Qu’ont pensé les pilotes de la nouvelle voiture ?
Ils sont tous deux très optimistes. Ils apprécient la nouvelle voiture. Ils la trouvent facile à piloter, à mettre au point et donc idéale pour en retirer un maximum de performances. Cela signifie que c’est une bonne voiture pour la course, qui sera finalement son dernier test. Je pense qu’ils sont tous les deux prêts à courir et à gagner des courses, avec l’objectif commun de ramener le titre de champion du monde des pilotes.
Vous avez intégré une nouvelle mise à jour aéro pour ce premier GP, que pouvez-vous nous en dire ?
Nous travaillons en permanence sur l’aérodynamique de la voiture. Ce package comprend un nouveau fond plat, un nouvel aileron et un nouveau nez avant, des suspensions modifiées et l’ajout de deux petites ailettes au niveau du châssis. Le tout représente ensuite en piste quelques dixièmes de seconde.
L’équipe travaillera-t-elle tout au long de l’année au développement de la R26 ?
Nous espérons pousser encore plus fort que nous l’avons fait en 2005 et nous nous activons dans ce sens. Pour être concret, cela signifie que nous comptons proposer de nouveaux développements à chaque course. De plus, notre capacité de travail est plus importante que l’année dernière. Notre soufflerie fonctionne désormais 24h sur 24 et nous avons allégé nos méthodes de travail. Tout ceci nous permettra de rendre la voiture toujours plus performante plus rapidement.
Pensez-vous que la R26 sera adaptée au circuit de Bahreïn ?
Jusqu’à présent, nous n’avons eu aucun indice montrant que la R26 était plus performante sur tel ou tel type de circuit. Nous avons tourné sur trois types de circuit très différents et la voiture s’est toujours bien comportée. Bahreïn sera pour nous un vrai test en ce qui concerne la système de refroidissement et de freinage notamment et nous sommes aujourd’hui très confiants des développements que nous avons fait dans ces domaines.
D’autres équipes de pointe ont d’ores et déjà roulé à Bahreïn. Cela sera-t-il pour vous un désavantage ?
Je ne crois pas. Les essais de Honda ont permis à Michelin d’avoir des retours intéressants en ce qui concerne les pneumatiques et toutes les équipes Michelin pourront en bénéficier. De plus, nous étions capables l’année dernière de régler très rapidement notre voiture et nous ne perdions pas de temps de roulage pour optimiser les réglages. Je pense qu’à ce niveau la R26 est encore meilleure donc quand bien même les autres écuries auraient pu avoir plus de temps de roulage je ne pense pas que ce soit pour nous un élément critique.
Quels seront selon vous les principaux concurrents de l’équipe ?
Au regard des temps des essais privés, notamment en ce qui concerne les longs runs, il semble évident que Renault, Honda et McLaren sont aux avant-postes. Je suis sûr qu’à Bahreïn Ferrari sera plus compétitif que l’an passé. Il est difficile de juger exactement aujourd’hui ce qu’il en est mais il est impossible de les éliminer de la partie. Je crois également que Toyota peut être un bon challenger et se montrer plus compétitif.
La saison 2006 marque-t-elle un nouveau début pour l’équipe et pour la Formule 1 ?
Ici, chez Renault, nous ne le pensons pas. Nous avons gardé cette dynamique de victoires acquise la saison dernière et nous comptons même maintenir un niveau de performances plus élevé en 2006. Notre sentiment est que Bahreïn ressemble plus à la vingtième course de la saison 2005.
Vous allez donc à Bahreïn pour gagner ?
Le point le plus encourageant depuis la fin de la saison dernière n’était pas de gagner le championnat mais le fait d’avoir été clairement l’équipe la plus forte à la dernière course. Les développements menés depuis nous ont d’une façon ou d’une autre conduit à la R26 et à l’approche de Bahreïn je suis confiant dans le fait que nous ayons le niveau de performances requis pour gagner.
.:: Rob White, Directeur Technique Moteur ::.
Le Grand Prix de Bahreïn 2006 voit les débuts en compétition de la nouvelle règlementation concernant le moteur V8 2.4L. Est-ce le début d’une nouvelle ère ?
2006 représente vraiment une grande nouveauté car tous les motoristes sont obligés d’aligner un nouveau moteur en même temps. Il est important de souligner que les nouveaux V8 sont « génétiquement » très proches des anciens V10 en ce qui concerne la conception et les technologies employées mais bien entendu, les différentes interprétations et la situation de chaque constructeur pourraient changer la donne.
Vous attendez-vous à des différences de performances importantes en début de saison ?
Il est raisonnable de penser qu’au début d’un nouveau cycle, les différents niveaux de maturité des moteurs puissent conduire à des différences de performances. Il y a des chances que cela soit ensuite suivi d’une période où chacun tentera de combler son retard après quoi, l’évolution des performances dépendra des moyens et de l’efficacité des équipes de développement. En ce qui concerne Renault, nous sommes en position de force pour attaquer la saison 2006 avec l’objectif de défendre notre double couronne mondiale.
Inévitablement, il y a déjà eu des tentatives pour identifier et classer les performances des moteurs. Cet exercice est-il utile ?
C’est extrêmement difficile de déterminer efficacement la performance absolue d’un moteur de F1 et véritablement impossible sans un important équipement de mesures. Les estimations et les comparaisons des moteurs doivent toujours être abordées sous cet angle : l’incertitude dans les résultats est réelle et inévitable. Nous cherchons à utiliser les données dont nous disposons pour évaluer nos progrès par rapport à la concurrence mais les seules comparaisons de moteurs ont une portée limitée. En fait, il n’y a pas de points au championnat pour les moteurs. Nous gardons une vue globale des performances de la voiture afin d’optimiser les résultats de course le dimanche après-midi.
L’année dernière, le GP de Bahreïn a été la seule défaillance moteur de toute la saison 2005. Avez-vous par conséquent pris des mesures particulières pour le nouveau moteur ?
Le problème de la saison dernière était la conséquence des températures extrêmes enregistrées au départ de la course. Nous avions émis un diagnostic très rapidement et pris les mesures qui s’imposaient dès 2005. Cela nous a également poussé à modifier en conséquences les spécificités du RS26. C’est un aspect que nous avons pris en compte dans notre préparation et nous sommes optimistes, le problème ne se posera pas une nouvelle fois.
Est-ce que l’approche de l’équipe pour aborder le premier week-end de Grand Prix sera différente, compte tenu du nouveau moteur V8 ?
Le passage du V10 au V8 ne causera pas de changements importants. Les simulations représentent une source essentielle dans notre préparation et leur pertinence nous permet de les considérer comme une aide précieuse dans notre prise de décision en ce qui concerne bon nombre de domaines. Notre approche du week-end de course sera donc très similaire de celle de l’an passé en prenant en considération les apprentissages de 2005, l’impact de la nouvelle réglementation comme les changements de pneumatiques ou la nouvelle procédure de qualifications qui sera plus longue cette année, et les caractéristiques du nouveau moteur V8 RS26.
A quel point pouvons-nous dire que le programme d’essais hivernaux a été une réussite ?
Nous sommes très satisfaits des développements réalisés cet hiver. Nous avons eu une très bonne première impression du V8 lors des essais au banc et cela s’est confirmé. Nous étions très préparés pour les premiers essais en piste et nous n’avons donc pas eu de trop mauvaises surprises lorsque le moteur a tourné dans la voiture. Pour notre équipe, le choix de n’exploiter le moteur que dans le nouveau châssis plutôt que de le tester en piste plus tôt, s’est avéré être une bonne solution.
La fiabilité semble avoir été le principal objectif de cette campagne hivernale ?
Nous visons toujours le zéro défaut en ce qui concerne la fiabilité mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Nous avons des procédés de développement et de validation très rigoureux mais le RS26 est encore un moteur jeune et, comme toujours en Formule 1, la marge entre le succès et l’échec est très mince. Les premières courses de la saison sont toujours des moments délicats du point de vue de la fiabilité et nous travaillons donc continuellement pour atteindre puis maintenir un bon niveau de fiabilité.
Et finalement en ce qui concerne les performances ?
Il est clair que dans la F1 moderne, la fiabilité seule n’est pas suffisante. Il est important d’avoir un degré de performances compétitif dès le début de la saison, de le maintenir au fil des courses et de le développer tout au long de la saison. Nous jugeons nos objectifs de performances agressifs certes, mais réalistes. Au moment de la pré-saison, nous avons respecté les étapes et les objectifs que nous nous étions fixés. Maintenant, nous attendons le début de saison pour évaluer notre niveau par rapport à nos concurrents pour vérifier si ces objectifs sont raisonnables. Mais notre préoccupation première a été de fournir aux deux pilotes les moyens de gagner des courses et de défendre nos titres.
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Renault F1