.:: GP de Bahreïn : débrief technique ::.
Voici, en exclusivité avec les data de l’équipe, ce qui s’est passé à Bahrein dans le garage Renault lorsque Fernando a remporté la victoire.
Le GP de Bahreïn 2004 s’est soldé par une victoire historique pour le Renault F1 Team, marquant ainsi une nouvelle étape importante dans la vie de l’équipe. La course a été la plus disputée de la saison, proposant des dépassements, une bataille pour le commandement, des incidents et un peu de controverse. La recette du Grand Prix parfait !
Le disciplie de la discipline
Pendant l’hiver, certains observateurs ont émis l’hypothèse selon laquelle Fernando Alonso pourrait avoir du mal à s’adapter au nouveau règlement, qui donne encore davantage d’importance aux qualifications sur un tour. Leur argument : le style agressif de Fernando ne pourrait pas lui permettre de sauvegarder ses pneumatiques. La réponse de l’Espagnol ? Marquer 26 points sur 30 possibles jusqu’à présent.
La course de Fernando à Bahreïn a été un modèle de contrôle et de discipline. Pat Symonds a révélé après la course qu’il n’avait même pas utilisé 100% des tours moteurs à sa disposition en début de course, lorsque Michael Schumacher était dans ses rétroviseurs, à 0.3 sec. Déjà, l’Espagnol pensait aux contraintes d’Imola et à la réputation de cette piste, très exigeante envers les moteurs.
Son rythme a également montré une discipline stricte : Fernando n’a exploité le plein potentiel de sa machine que lorsqu’il en avait besoin. Le tableau ci-dessous montre le temps ou tour moyen sur chaque relais de course, sans prendre en compte les tours d’entrée au stand, les tours de sortie et les tours « sales », avec incidents.
Le premier relais a mis l’accent sur une tâche : parvenir à contenir les assauts de Michael Schumacher tout en prenant le large sur Jarno Trulli. Après l’abandon de la Ferrari, Fernando a pris un peu de temps pour trouver son rythme, mais tout est rentré dans l’ordre. Trois tours avant son ravitaillement, l’écart sur la Toyota était de deux secondes. Deux tours plus tard, il avait doublé. La marge nécessaire avait été construite.
Au moment du deuxième arrêt de Fernando, le retard de Trulli était de 14 secondes : un écart de 10 secondes venait d’être créé en 19 tours avec une charge en carburant équivalente. L’équipe faisait alors attention au moteur et, sans prendre de risques, le temps moyen de Fernando était de 92.706 secs, à comparer aux 93.163 de Trulli. Même Kimi Raikkonen, qui disposait d’une piste claire après s’être défait de Mark Webber, naviguait à 0.3 sec de Fernando. Ce dernier disposait de la marge nécessaire en sachant qu’il pourrait effectuer son dernier ravitaillement sans problème, même si un petit incident venait à perturber l’opération.
Dans le dernier relais, Fernando a levé le pied et a géré l’écart, Jarno Trulli faisant la même chose en deuxième position. Raikkonen conservait son rythme, démontrant la bonne utilisation des pneumatiques par la McLaren. A ce moment, cependant, il était 39 sec derrière Fernando et ne pouvait prétendre remonter. La leçon a retenir est la suivante : lorsqu’elles partiront des avant-postes, les McLaren seront des rivales redoutables pour le Renault F1 Team.
La donnée Ferrari
Après la course, l’une des questions du week-end était de savoir de quoi Michael Schumacher aurait été capable si sa monoplace n’avait pas rendu l’âme très tôt. Certains pensaient que l’Allemand était parti avec moins de carburant que la Renault. Impossible à savoir…
Cependant, Fernando a expliqué après la course qu’il savait que la victoire aurait été envisageable même si Schumacher l’avait dépassé sur la piste. L’Espagnol savait que, sur la distance, les qualités du package Renault-Michelin étaient supérieures à celles de la Scuderia. Les seules informations qui soulignent cette remarque émanent de la monoplace de Rubens Barrichello. Bien que sa vitesse sur un tour n’ait pas été aussi élevée que celle de son coéquipier à cause de problèmes techniques rencontrés pendant tout le week-end, la performance du Brésilien est intéressante (une fois encore, ces données n’incluent que les tours propres).
Là où les trois meilleurs pilotes ont pu améliorer le temps au tour moyen dans le deuxième relais, avant d’attaquer moins en fin de course, la vélocité de Barrichello s’est effondrée entre le premier et le deuxième relais. Dans la dernière partie du Grand Prix, alors que 10 tours restaient à boucler, la cadence est complètement tombée, de plus de deux secondes par tour. La Ferrari, dès lors, a terminé hors des points.
Bahreïn, cependant, était une course exigeante, disputée dans des conditions particulières. Attendons-nous à voir Ferrari combler son retard rapidement…
Ce qui aurait pu arriver…
Le dernier mot revient à un Giancarlo Fisichella, naturellement déçu. Après avoir pris un bon départ, l’Italien mettait la pression sur Raikkonen dans le premier tour. Hors, le Finlandais a terminé troisième. La lutte entre les deux monoplaces aurait pu être somptueuse, mais un problème moteur a empêché Giancarlo de briller. Un podium aurait pu être une juste récompense à l’arrivée, comme Fernando l’a montré en Australie après être parti d’une mauvaise place sur la grille. Peut-être. Mais on ne le saura jamais.
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