- Le circuit :
Le tracé de tous les superlatifs, indéniablement le plus beau du championnat du monde. Contrairement au légendaire Nürburgring, ses architectes ont su préserver les meilleurs morceaux de l'ancien développement de 14 kilomètres. Vallonné, il offre quelques vues magnifiques. Un inconvénient : on le surnomme le "pot de chambre de l'Europe" et ce n'est pas pour rien. Mais lorsqu'il pleut, il faut se réjouir : c'est du grand spectacle !
Après le premier virage, se présente la descente d'Eau rouge et son prolongement, le Raidillon. Un enchaînement complexe à 300 km/h, entre quatre points de corde... Ensuite, compression dans la cuvette, délestage aéro brutal et remontée en aveugle... Une prime à la sortie : un faux-plat de 1,2 km, et un gros freinage pour dépasser.
Bon package aéro nécessaire pour briller. Principaux autres moments de vérité : la descente vertigineuse de Pouhon (en 5e) et l'enchaînement de Blanchimont, où certains avouent leur peur.
- Renault au Grand Prix de Belgique
Les moteurs Renault ont participé à 23 Grand Prix de Belgique, pour la première fois en 1978 alors que la course se déroulait à Zolder (Renault n’avait alors pas participé à l’épreuve belge en juin 1977 car la RS01 du Losange avait débuté en F1 un mois plus tard). En 23 éditions, Renault a décroché 7 pole positions et est monté à 16 reprises sur le podium dont 5 fois sur la plus haute marche (avec Alain Prost, Ayrton Senna, Damon Hill deux fois et Michael Schumacher). Dans l’ère moderne de Renault F1 Team, l’équipe a décroché une pole position (2004) et est monté une fois sur le podium (deuxième place pour Fernando Alonso en 2005).
Si Renault a participé pour la première fois au Grand Prix de Belgique en 1978, il aura fallu attendre 1980 pour voir l’équipe arriver au bout de la course, avec René Arnoux en quatrième position à Zolder. Les voitures de la Régie avaient verrouillé la première ligne en 1982 mais avaient dû abandonner alors que cette course voyait périr Gilles Villeneuve en qualifications.
En 1983, la Formule 1 retrouvait le circuit de Spa-Francorchamps pour la première fois depuis 1970, le circuit avait alors été remodelé. Prost répétait son exploit de 1982 et décrochait la pole position et pouvait cette fois s’imposer et remporter la victoire, la première de Renault au Grand Prix de Belgique. Son coéquipier, Eddie Cheever, était à ses côtés sur le podium, en troisième position, remportant ainsi le deuxième de ses quatre podiums pour l’écurie française.
En 1984, c’est à Zolder que se disputait l’épreuve belge, course qui a vu Derek Warwick terminer à la deuxième place (décrochant ainsi le deuxième des cinq podiums que l’équipe a décroché cette saison là). Spa-Francorchamps s’imposait ensuite en 1985 pour accueillir le Grand de Belgique chaque saison. C’est en 1985, que Ayrton Senna participait pour la première fois à cette épreuve dans les Ardennes et remportait sur sa Lotus-Renault la première de ses cinq victoires en Belgique, alors qu’il s’élançait cette fois de la seconde place sur la grille. L’année suivante, il terminait deuxième derrière la Williams-Renault de Nigel Mansell.
Pendant l’ère V10, c’est en 1992 que les premiers succès arrivent alors que Mansell et Patresse sur Williams-Renault terminaient derrière la Benetton de Schumacher. Ont suivi ensuite un double podium en 1993 avec Hill sur la plus haute marche et Prost en troisième position et la victoire de Hill l’année suivante suite à la disqualification de Schumacher. En 1995, Michael Schumacher décrochait une victoire sans conteste après s’être élancé depuis la 16ème place et Hill dans son sillage qui ramenait les points de la deuxième place. Il s’agissait de la dernière victoire de Renault dans les Ardennes alors que Jacques Villeneuve, pole man en 1996 et 1997 ne pouvait alors pas faire mieux que deuxième place en 1996 derrière la Ferrari de Schumacher.
Lors du retour de Renault en 2001, Spa allait souligner la première pointe de succès lorsque Giancarlo Fisichella permettait au V10 grand angle de monter pour la première fois sur le podium alors qu’il s’était élancé depuis la huitième place sur la grille. L’écurie française voyait ensuite l’arrivée de l’épreuve Belge en 2002, 2004 et 2005. En 2006, pas de Grand Prix de Belgique au programme et le circuit allait subir un vrai lifting pour accueillir son Grand Prix en 2007 avec un bâtiment des stands entièrement redessiné. Pour ce grand retour, ING Renault F1 Team réussissait à marquer un point avec Heikki Kovalainen au volant de la R27 alors que Giancarlo Fisichella sortait de piste au premier tour. Cette année, l’écurie espère faire bonne figure au Grand Prix de Belgique 2008, une épreuve que Fernando Alonso n’a jusque là jamais remportée ! - Données techniques :
Spa-Francorchamps est sans aucun doute le circuit de F1 le plus complet du calendrier actuel. Il combine des vitesses de pointe de 320 km/h avec des épingles que les pilotes abordent à 70 km/h, plusieurs courbes en sixième et bien entendu l’unique Eau Rouge. A cela s’ajoute le temps plus qu’imprévisible des Ardennes qui fait que parfois le circuit peut être détrempé dans une de ses parties et tout à fait sec dans les autres...
Châssis : Le circuit propose un nombre important de virages « type aéro » (seulement 6 des 19 virages du circuit sont pris à des vitesses inférieures à 150 km/h) et cela devraient pousser généralement les équipes à utiliser des appuis aérodynamiques relativement élevés afin de maximiser le grip dans les courbes, comme c’est le cas à Silverstone par exemple. Cependant, Spa a d’autres exigences : deux longues lignes droites à pleine charge s’avèrent être des opportunités de dépassements réelles. Cela signifie qu’une fois encore, la vitesse de pointe est un facteur critique et le niveau d’appuis doit être déterminé en fonction. En conséquence, les équipes optent généralement pour une configuration aérodynamique avec un niveau d’appuis moyen afin de privilégier la vitesse de pointe et atteindre près de 320 km/h. L’efficacité aérodynamique (appuis maximum pour une traînée minimum) sera la clé du succès une fois encore sur ce circuit.
Suspensions : En termes de suspensions, on opte à Spa pour un compromis relativement dur afin de garantir un bon niveau de performance aérodynamique dans les virages rapides et un changement de direction rapide dans les chicanes. Cependant, une bonne motricité sera également prépondérante en sortie de la dernière chicane et à l’épingle de La Source.
Pneumatiques : Avec Barcelone, Spa est le circuit le plus exigeant de la saison en ce qui concerne les pneumatiques et ce n’est donc pas une surprise si Bridgestone a opté pour les deux mélanges les plus durs de sa gamme 2008 pour cette épreuve du championnat.
Hauteur de caisse : Les hauteurs de caisse sont limitées par les forces subies au moment de la compression de l’Eau Rouge. Depuis le pied de la colline jusqu’à son sommet, la hauteur de caisse de la voiture peut varier de près de 25mm et si la voiture talonne trop, le pilote risque alors de perdre le contrôle. Avec les moteurs V8 et le règlement aérodynamique actuel, l’Eau Rouge s’attaque quasiment à fond, à près de 300km/h. Les pilotes perdront sans doute 10km/h dans cette section du circuit mais l’essentiel sera de garder autant de vitesse que possible pour pouvoir maintenir sa position dans la longue ligne droite qui précède les Combes.
Freins : C’est peut être en ce qui concerne les freins seulement, que le circuit de Spa ne se montre pas particulièrement exigeant. Le tracé belge compte trois freinages très importants, avant les virages 1, 5 et 18. Mais cela reste un des circuits les plus faciles pour le système de freinage compte tenu du nombre important de virages à hautes vitesses qu’il propose.
Moteur : Avec Monza, Spa est le circuit le plus exigeant pour les V8. Le cycle d’exploitation est donc particulièrement sévère avec 72% du tour à pleine charge (seul Monza est plus élevé avec 76% du tour à pleine puissance). De plus, le circuit belge comporte deux longues périodes à pleine charge de plus de 20 secondes, la plus exigeante étant celle de La Source jusqu’au Combes, qui comporte également L’Eau Rouge, soit près de 23 secondes à pleine charge. Cela expose le moteur et ses éléments accessoires à des forces G négatives et positives extrêmes au moment de la compression et de la montée. Il s’agit d’un facteur à prendre en considération dans le système d’huile afin de garantir l’alimentation du moteur.
Spa est aussi le tour le plus long du calendrier et ce circuit a une pénalité liée à la charge d’essence embarquée très élevée. Dans le format de qualifications actuel, cela signifie qu’un moteur ayant une consommation réduite s’avèrera être un avantage certain ! - L'an dernier :
Après avoir dû sauter dans la voiture de réserve Renault et s’élancer du bout de l’allée des stands (le moteur de sa voiture de course était défaillant), Giancarlo Fisichella est parti le couteau entre les dents dans le Grand-Prix de Belgique. Il se l’est planté dans le dos lui-même au bout de 5 virages ! Avec près de 200 départs au compteur, le Romain s’est fait piéger comme un débutant, et pour des raisons similaires à celles qui lui avait faire vivre une humiliation en Chine en 2006 : un matériel froid auquel il n’a pas su adapter son pilotage.
La contreperformance de Fisichella ne fit que souligner les mérites d’Heikki Kovalainen, qui monta en puissance chez Renault et enregistra alors sa 6è arrivée d’affilée dans les points au terme d’une course courageuse.
Course :
- Présentation du GP 2008 :
Fernando, vous avez dû abandonner sur un fait de course à Valence pour votre deuxième Grand Prix à domicile. Vous deviez être déçu certainement...
Je savais que mon week-end serait plus difficile dès les qualifications. Partir loin dans le peloton, sur un circuit urbain, ce n’est jamais une très bonne chose ! J’ai finalement été percuté dans le premier tour et j’ai perdu mon aileron arrière. Mes mécaniciens ont tout fait pour me permettre de poursuivre la course mais elle était déjà compromise. Je suis déçu de n’avoir pu rouler devant mes supporters pour lesquels j’aurais aimé faire une belle course mais c’est passé maintenant et je suis désormais pleinement concentré sur le Grand Prix de Belgique.
Vous disputez ce week-end le Grand Prix de Belgique, à Spa. Est-un circuit que vous appréciez ?
Spa fait partie de ces circuits incontournables du calendrier de la Formule 1. Comme sur les anciens circuits du calendrier, il y a toujours une ambiance très particulière, très chaleureuse. Pour les pilotes et les techniciens, Spa offre une série de défis incroyable et vous avez des sensations très fortes depuis le cockpit. Je ne me suis jamais imposé à Spa et j’avoue que j’aimerais un jour pouvoir accrocher cette course à mon palmarès !
Quelles sont les spécificités de ce circuit de Spa-Francorchamps ?
C’est un circuit très long ce qui accentue généralement les écarts d’une voiture à l’autre. Il exige une voiture très complète et il nous faudra donc peaufiner avec attention la mise au point de la monoplace de sorte à nous monter compétitif aussi bien dans les secteurs rapides que dans les virages plus lents. La compression à l’Eau Rouge reste un secteur impressionnant de ce circuit.
Pensez-vous pouvoir rebondir et faire une solide course à Spa alors que l’équipe souhaite décrocher la quatrième place au championnat du monde Constructeurs ?
Nous avons bien progressé et même si le Grand Prix d’Europe est finalement une course à oublier en ce qui nous concerne, il ne faut pas pour autant croire que nous baissons les bras. Je suis persuadé que l’équipe se donne à 100% pour atteindre son objectif et de mon côté, je compte également faire mon maximum pour essayer de décrocher un solide résultat et marquer de gros points. Cela n’aura rien d’évident, cela n’a pas été facile depuis le début de saison mais nous avançons et nous sommes déterminés à continuer dans ce sens !
Nelson, vous n’avez pas marqué de points au Grand Prix d’Europe. Quel bilan tirez-vous de cette première épreuve à Valence ?
Les organisateurs ont fait beaucoup d’efforts, le circuit était intéressant, surtout le dernier secteur, l’ambiance était chaleureuse… c’est juste dommage d’avoir conclu ce week-end en Espagne sans aucun point à l’arrivée. Je savais après les qualifications qu’entrer dans le Top 8 n’aurait rien d’évident. Je comptais sur des faits de course pour remonter, cela a été finalement plus calme que prévu. Et mon aileron avant était abîmé ce qui n’a pas aidé. C’est donc un coup pour rien en ce qui me concerne mais je suis désormais pleinement concentré sur le Grand Prix de Belgique et les courses à venir.
L’équipe se prépare à enchaîner deux Grand Prix de légende : Spa-Francorchamps et Monza. Est-ce selon vous un défi intéressant ?
Oui ce sont deux circuits, avec Monaco, qui ont vraiment leurs spécificités propres et ont su gagner leurs lettres de noblesse dans l’histoire de la F1. Je suis content de courir sur ces deux circuits d’autant que j’apprécie tout particulièrement le tracé de Spa-Francorchamps. C’est sans doute mon préféré du championnat, avec Silverstone peut être. Ce sera intéressant car, en termes de pilotage, c’est un circuit exigeant et sur le plan technique, nous allons devoir beaucoup travailler avec mes ingénieurs pour adapter la voiture au mieux aux exigences de ce tracé.
Pourquoi Spa est-il selon vous un circuit si atypique ?
C’est un circuit très vallonné et très long. Il est très complet avec des courbes rapides et pourtant un des virages les plus lents du championnat. En termes de sensation au volant, c’est incroyable et on ne retrouve cela nulle part ailleurs. Je crois que c’est pour cela que la plupart des pilotes apprécient beaucoup ce circuit.
Quelles sont vos ambitions pour ce Grand Prix de Belgique ?
Je pense que Valence ne reflète pas notre situation actuelle dans le peloton. Nous pouvons marquer des points, nous l’avons fait à plusieurs reprises lors des derniers Grand Prix et c’est ce que nous devons garder en tête pour aborder cette course sereinement. Mon objectif sera d’entrer en Q3 pour les qualifications et espérer faire ensuite un bon départ pour pouvoir prétendre à de gros points. J’avoue que je préfèrerais que la course se déroule sur le sec mais en Belgique, on ne sait jamais !
Pat, l’équipe a connu un week-end difficile à Valence. Comment résumeriez-vous son niveau de performance ?
Nous étions déçus cela va sans dire et l’origine de nos problème reste sans aucun doute notre niveau de performance en qualification, où nous n’avons pas particulièrement brillé. Si Fernando avait pu faire des tours propres en Q2, je suis convaincu que nous serions entrés en Q3 aisément. Mais s’élancer en milieu de peloton représente toujours un risque ensuite en course et c’est exactement ce qu’il s’est passé pour Fernando, qui a dû abandonner sur un fait de course. Nelson a également eu un premier tour agité, il a été gêné par l’incident de Fernando et a ensuite touché Coulthard.
La course de Fernando à Valence a donc été très courte. Pensez-vous qu’il puisse rebondir à Spa ?
Absolument ! Il ne s’agit pas vraiment de rebondir car nous savons que notre niveau de performance nous permet de nous battre dans le top 10 désormais. Spa est un circuit que nos deux pilotes semblent apprécier et où la voiture devrait bien se comporter. Je suis donc convaincu que nous devrions retrouver notre rythme.
Spa est un des circuits favoris de Nelson, il s’y est imposé en GP2. Pensez-vous que cela soit une motivation supplémentaire pour lui ?
Même si les pilotes ont toujours des tracés de prédilection je ne pense pas que cela affecte leur capacité à se montrer performant et nous avons déjà vu que Nelson pouvait être rapide sur tout type de circuit. Bien entendu, rouler sur un circuit que vous aimez, où vous vous sentez à l’aise, peut vous aider à repousser vos limites. Nelson sera performant, j’en suis sûr, et il a déjà hâte d’y être.
La lutte pour la quatrième place continue avec notamment un retour en forme de Toyota. Pensez-vous qu’il soit possible de décrocher cette quatrième place à l’issue des six prochaines courses ?
La lutte est très serrée et nous savons que ce sera difficile. Avec six courses à disputer , ils ont une avance de dix points, ce qui est confortable, surtout si on considère que l’on se bat pour quelques points par course. Nous n’avons jamais sous-estimé un concurrent et nous allons nous battre bec et ongle. Je crois que nous avons ce qu’il faut, en tant qu’équipe, pour y arriver et les battre. Il y a beaucoup à faire et chaque point aura son importance. Nous nous battrons jusqu’au bout mais je reste convaincu que c’est un objectif que nous pouvons atteindre.
Le peloton est très serré, avez-vous souvenir d’une saison qui ait jamais été aussi disputée ?
Je crois que cela a toujours été serré. La nature même de la Formule 1 et son système de points font que le milieu de plateau doit se distribuer un petit nombre de points, ce qui rend le championnat généralement très disputé. Cela n’est pas nouveau et avec trois équipes qui se sont clairement positionnées au-dessus du lot dès le début de saison, la lutte pour la quatrième place se devait d’être acharnée !
Que pouvez-vous nous dire de Spa sur le plan technique ?
C’est très différent de Valence : Valence est un circuit où nous étions plutôt limités en termes de ce que nous pouvions faire pour gagner en performance et je ne crois pas que les pilotes l’aient trouvé très exigeant de manière générale, sauf peut être le dernier secteur. Spa, au contraire, est un vrai circuit de pilote et il exige une excellente stabilité dans les virages rapides. Nous utiliserons un niveau d’appuis moyens mais l’efficacité aérodynamique sera déterminante car il faudra être rapide en ligne droite tout en ayant suffisamment d’appuis pour les courbes rapides. Plus vous aurez une voiture bien équilibrée sur le plan aérodynamique, plus vous aurez de chance de vous montrer performants !
Avec six courses au compteur, quelle est l’ambiance au sein de l’équipe en ce moment ?
Toute l’équipe souhaite décrocher cette quatrième place. Nous admettons que notre début de saison n’était pas brillant mais nous avons su rebondir et avons prouvé que nous avions progressé, sans doute plus que nos concurrents d’ailleurs. Nous allons nous battre et tout faire pour arriver à décrocher cette quatrième place au championnat !