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- Le circuit :
Hermann Tilke a répondu au cahier des charges en dessinant un "Shang" en vue aérienne, qui signifie "au-dessus" en chinois. Il l'a garni d'immenses tribunes futuristes pour 200.000 spectateurs. A la démesure de ce bastion du communisme, ouvert en 2004 au plus capitaliste des sports. C'est dans une totale euphorie que constructeurs et sponsors ont mis un pied dans le plus grand marché du monde.
Les deux escargots sont un régal pour les pilotes. Le premier se présente dès le virage N.1, et se referme comme un piège sur les optimistes. La corde les renvoie systématiquement à l'extérieur, et souvent derrière le poursuivant. Le second escargot se déroule dans l'autre sens, et s'ouvre. Un peu moins sélectif mais la moindre perte pour s'extraire de l'étonnant virage surélevé se paye cash au bout de la longue ligne droite. Entre les deux, une variété remarquable de courbes, reliées par l'harmonie.
Ensemble pas très exigent pour les moteurs, beaucoup plus pour les freins.
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Tour embarqué avec Jacques Villeneuve au volant de la R24
- Données techniques :
Le circuit présente un mélange de virages à hautes vitesses et basses vitesses. Les deux premiers virages sont de véritables pièges qui n’aspirent qu’à se refermer sur les monoplaces au premier tour. Il est dominé par deux longues lignes droites, dont une de plus d’un kilomètre.
Aérodynamisme : Comme beaucoup de circuits modernes, Shanghai compte aussi bien de longues lignes droites que des virages rapides, ce qui oblige l’équipe a évaluer très précisément le niveau d’appuis à embarquer pour être en mesure de protéger sa position en ligne droite sans pour autant compromettre le grip de la monoplace en courbe. Comme à Bahreïn ou Hockenheim, c’est donc l’efficacité aéro qui prime et le niveau idéal d’appuis ne peut pas toujours être retenu pour pouvoir avoir suffisamment de vitesse en ligne droite et ainsi éviter de se faire dépasser en conditions de course. Les ingénieurs attachent donc une importance toute particulière aux vitesses relatives des monoplaces en ligne droite pour choisir le niveau optimal d’appuis aéro pour les qualifications et la course.
Suspensions : D’un point de vue mécanique, il sera important de trouver un compromis efficace pour donner aux pilotes pleinement confiance dans le comportement de leur monoplace. Shanghaï compte de nombreux gros freinage suivis de fortes réaccélérations, ainsi que plusieurs courbes rapides. Compte tenu du nombre important de changements de direction, il est primordial d’avoir une voiture très réactive. C’est pourquoi les équipes auront tendance à choisir des amortisseurs plus durs à l’avant qu’à l’arrière, ce compromis permettra de garantir une bonne stabilité au freinage et lors des réaccélérations, essentielle ici puisque le pilote devra souvent freiner et accélérer simultanément, notamment dans le virage 1, 2 et 8.
Pneumatiques : En général, le circuit de Shanghaï est difficile pour les pneus. Les pneus avants sont très sollicités dans le virage 1 (avant gauche), le 7 (avant droit) et le 8 (avant gauche) mais les nombreux virages lents sont aussi très difficiles pour les pneus arrières lors de la réaccélération. Le virage 13 mérite une attention toute particulière, charge importante sur les pneus avants dans ce virage à 270° et les pneus arrières subissent d’importantes charges latérales et longitudinales lors de la réaccélération. Les choix des enveloppes est donc toujours particulièrement compliqué sur ce tracé.
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- L'an dernier :
Malgré les problèmes insolubles qui étaient ceux de la R27, l’équipe s’était jusqu'alors toujours arrangée pour ne pas rentrer bredouille.
Le typhon Krosa devant envelopper la mégalopole Chinoise, Renault avait décidé de charger ses voitures en essence en qualifications afin de disposer de la plus grande latitude de stratégie une fois en course. Mais la carburant était un fardeau trop lourd à porter pour la R27. Kovalainen et Fisichella n’ont pas pu lutter à armes égales en début de course et le Finlandais dégringolait même au classement malgré un départ opportuniste qui l’avait propulsé au 10è rang.
Un changement de stratégie s’imposait et le losange décida de ne pas mettre ses œufs dans le même panier. Aucun ne permît à un point d’éclore…
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Course :
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- Présentation du GP 2008 :
Fernando, deux victoires en deux Grand Prix. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je réalise doucement ce que nous avons réalisé. Il y a encore quelques semaines, remporter un Grand Prix me semblait totalement hors de portée. A Singapour, nous étions très déçus à l’issue des qualifications et en course, nous avons eu de la chance et nous avons finalement gagné. A Fuji, c’est une toute autre histoire. Cette victoire nous l’avons méritée, nous étions dans le rythme, la voiture était performante, notre stratégie a fonctionné parfaitement… C’est tout simplement incroyable et je suis vraiment très heureux. L’équipe a fait un travail remarquable ces dernières semaines pour revenir au meilleur niveau et nous sommes clairement aujourd’hui la troisième force du plateau.
Après le Japon, nous restons en Asie cette semaine encore avec le Grand Prix de Chine. Est-ce une épreuve que vous appréciez ?
La F1 est encore une catégorie assez récente en Chine et les supporters, comme au Japon, sont très enthousiastes et très chaleureux. C’est un vrai dépaysement et les infrastructures sont colossales. Je suis impatient de courir ce week-end encore et le circuit est très intéressant au volant.
Que pensez-vous du tracé de Shanghai ?
Je pense que pour les pilotes comme les ingénieurs ce circuit propose plusieurs défis intéressants. Il compte de longues lignes droites, des virages à haute vitesse mais aussi quelques virages lents. Ce sera donc une fois encore une histoire de compromis et nous devrons chercher à trouver l’équilibre idéal entre une voiture stable en courbe, donc chargée sur le plan aéro, et une bonne vitesse de pointe pour pouvoir défendre notre position et éventuellement dépasser en ligne droite… C’est ce sur quoi nous nous concentrerons dès vendredi.
Avec deux victoires consécutives, pensez-vous pouvoir vous imposer ce week-end encore à Shanghai ?
C’est difficile à dire, j’aurais tendance à dire que non mais j’ai envie de vous dire oui ! Nous avons vu à Fuji que notre niveau de performance était tout à fait raisonnable par rapport aux Ferrari et McLaren alors on peut penser que ce week-end encore tout est possible, la victoire, un podium. Nous ferons dans tous les cas le maximum pour faire une belle course et toute l’équipe est vraiment très motivée après les deux victoires de Singapour et de Fuji.
Nelson, vous avez fait la plus belle remontée du week-end à Fuji et décroché la quatrième place. Satisfait ?
Oui biensûr. Je suis content de ma prestation, je n’ai pas commis d’erreurs, j’étais performant et régulier, la voiture réagissait très bien… tout s’est vraiment déroulé à la perfection. Je suis aussi content de voir que nous sommes maintenant dans le coup. L’équipe a travaillé très dur et cela commence à payer, j’espère que cela va continuer comme ça jusqu’à la fin de saison et que nous pourrons viser de gros points pour les deux dernières courses.
Maintenant, la Chine, un nouveau Grand Prix que vous découvrez. Comment l’abordez-vous ?
Je suis confiant et très impatient de rouler. Le circuit a l’air impressionnant au volant et si nous sommes capables comme à Fuji de bien régler la voiture, alors nous avons de bonnes chances. Il faudra, quant à moi, que je trouve rapidement mes marques vendredi et que j’essaie de profiter au maximum des trois heures de roulage à ma disposition. C’est un circuit plutôt traditionnel, je ne suis donc pas particulièrement inquiet et j’ai déjà bien avancé dans mes préparations avec mes ingénieurs sur la base des données des saisons précédentes.
Quel paramètre sera selon vous déterminant en termes de mise au point sur ce tracé de Shanghai ?
Une fois encore, je crois qu’il nous faudra travailler pour avoir une voiture bien équilibrée, réactive dans les changements rapides de direction, stable au freinage, de sorte à se sentir en confiance et pouvoir attaquer. A Fuji, d’entrée de jeu, je me suis senti à l’aise dans la voiture et j’espère que ce sera le cas cette semaine encore à Shanghai.
Après votre quatrième place à Fuji, quel objectif vous fixez-vous pour ce Grand Prix de Chine ?
Je crois que nous espérons tous poursuivre sur notre lancée et faire en Chine encore une belle course. Moi, je sais que si je veux faire une belle course, il faudra que je me montre plus performant en qualifications pour essayer d’entrée en Q3. Je veux y parvenir car cela facilite ensuite grandement les choses pour la course, si elle se déroule normalement. Je vais donc commencer par cet objectif, on verra ensuite pour la course mais il est certain que je veux marquer des points ; je sais à quel point c’est important pour l’équipe pour sa quatrième place aux Constructeurs !
Bob, deux victoires en deux Grand Prix pour Fernando et ING Renault F1 Team. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je crois que c’est un immense plaisir pour tous les membres de l’équipe, que ce soit à Enstone comme à Viry, et le sentiment d’avoir fait du bon travail. Le travail de tous a contribué à remporter ces deux Grand Prix et c’est une belle récompense, j’en suis vraiment très content.
Contrairement à Singapour, la victoire de Fuji ne doit rien à la chance. Est-ce d’autant plus satisfaisant ?
Je crois, oui, car les gens auraient toujours gardé en tête les conditions particulières dans lesquelles s’était déroulée la course de Singapour et seraient restés sur leur idée que la chance a grandement contribué à notre victoire. Notre résultat à Fuji a prouvé que nous étions en mesure de gagner dans des conditions de course normales et a désormais clairement établi que notre voiture était performante et que nos deux pilotes pouvaient l’exploiter et remporter des Grand Prix. C’est un résultat vraiment très satisfaisant et pleinement mérité.
Fernando a été très performant à Fuji, notamment dans son second relais. Comment analysez-vous sa course ?
Fernando a vraiment été en contrôle de la situation. Il avait une bonne voiture, il était très à l’aise sur le circuit et il a été capable de réaliser des tours très réguliers lorsqu’il était en tête pour gérer son avance. C’est un pilote très intelligent, certainement un des plus brillants avec lesquels j’ai eu la chance de travailler ; il a une bonne lecture de la course et comprend ce qui doit être fait pour décrocher un bon résultat. Sa victoire à Fuji en est le parfait exemple.
Nelson a également fait un beau week-end à Fuji, preuve que la R28 a effectivement progressé...
Nelson a fait un excellent travail tout au long du week-end. Il a fait quelques erreurs en Q2 mais ce sont les seules de son week-end. Il était rapide d’entrée de jeu, sur le sec comme sous la pluie, il a réalisé une belle remontée et nous permet de consolider notre avance sur Toyota dans notre lutte aux Constructeurs, ce qui est très satisfaisant du point de vue de l’équipe.
Pensez-vous que les victoires de Singapour et de Fuji justifient aujourd’hui l’intérêt des dernières évolutions apportées à la R28 en fin de saison ?
Oui, tout à fait. Nous aurions très bien pu prendre la décision d’abandonner pour cette année et de nous concentrés entièrement sur la saison prochaine. Mais nous avons choisi une autre approche et alors que d’autres équipes ont fait la promesse de fournir de meilleurs résultats l’an prochain, nous étions déterminés à faire de belles courses cette année encore. Il est important de réaliser de bons résultats pour rester confiant et motivé, pour garder le soutien de vos partenaires et être capable d’avoir les bons pilotes. Du point de vue de l’équipe, il était donc très important d’y arriver et de prouver que nous étions capables de revenir au meilleur niveau et de nous positionner en tant que sérieux challenger cette saison encore.
A quel point cette gestion entre les projets 2008 et 2009 est-elle délicate ?
Il est important de comprendre que nous n’avons pas pour autant réduit nos efforts sur le projet 2009. Nos deux usines de Viry et d’Enstone travaillent à plus de 120% sur la voiture de l’an prochain, nous avons juste poussé le système à son maximum pour intégrer les exigences de cette saison et celle de l’an prochain. Les gens travaillent plus et fournissent davantage d’efforts pour poursuivre le développement de la R28 sans que cela se fasse au détriment de la conception et la production de la R29. Une fois encore, ce sont nos collaborateurs qui ont rendu cela possible et je tiens à féliciter toute l’équipe !
Vous vouliez décrocher la quatrième place aux Constructeurs avec la troisième voiture du plateau. Mission accomplie ?
Difficile de le dire avant le drapeau à damiers du Grand Prix du Brésil. Nous continuerons d’attaquer et de pousser au maximum. En Formule 1, il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers ; c’est quelque chose que nous aurons bien en tête lorsque nous travaillerons sur nos stratégies pour les deux dernières courses du championnat.
Dans quel état d’esprit est l’équipe à l’approche du Grand Prix de Chine ?
Nous abordons cette course normalement même s’il est certain que d’avoir remporté les deux derniers Grand Prix nous permet d’être un peu plus sûrs de nous et de pouvoir avoir de véritables attentes pour cette nouvelle épreuve ; un podium, éventuellement la victoire. Nous pouvons nous montrer plus agressifs, tout en gardant bien en tête que nous devons garder l’avantage sur Toyota.
Quelles sont les principales exigences de ce tracé de Shanghai ?
Ce n’est pas un circuit particulièrement technique, il nécessite des appuis moyens. Il offre peu de possibilités de dépassement mais comprend quelques virages intéressants, notamment le virage 13 qui conduit à une longue ligne droite. Cette piste nous a réussi par le passé et je suis convaincu que nous pourrons faire une belle course ce week-end encore.