Grand Prix de Chine, débrief avec Eric Boullier
Eric, encore une course mouvementée dans des conditions difficiles hier mais le Renault F1 Team a su en tirer le meilleur. Quelle a été la clé du succès ?
Nous avons réussi à tirer parti de chaque opportunité qui s’est présentée à nous. Je pense que c’est vraiment dû au fait que nous sommes une véritable équipe de course : nous sommes tous concentrés sur la course et uniquement la course. Cela dit, nous ne devons pas nous reposer sur des acquis. La marge entre héros et zéro en Formule 1 est infime.
L’équipe a marqué des points avec les deux monoplaces en Chine et ce pour la première fois. Vous avez du être heureux pour Vitaly…
Vitlaly a fait une très belle course. Les conditions, pourtant, étaient très difficiles au début. Certains secteurs étaient humides et d’autres ne l’étaient pas, ce n’est jamais facile pour un débutant lorsque l’adhérence évolue constamment. Toutes les monoplaces avaient chaussé les mêmes pneumatiques en deuxième partie de course et Vitaly était de plus en plus rapide – en dernière partie de course, il était en fait le plus rapide sur la piste.
Cette performance valide-t-elle la décision de l’équipe de lui avoir accordé sa confiance ?
Nous savons que Vitaly a de très bonnes qualités : sa rapidité et son calme sous la pression. Il faut toujours donner du temps aux jeunes pilotes. Kobayashi et Hülkenberg, les autres ‘rookies’ des équipes établies, ont eu du mal à finir des courses et à marquer des points cette année. Or, ils ont davantage d’expérience en F1. Hier, Vitaly a finalement pu exposer son vrai talent. Il a montré que lorsqu’il est à l’aise avec sa voiture, il peut vraiment se montrer très rapide.
Parlons de la course de Robert : il était troisième en première partie de course et il est finalement arrivé cinquième. Encore une bonne course de sa part…
C’était ce que j’appellerais une performance typique de Robert : il était tout simplement parfait, encore une fois. La deuxième voiture de sécurité n’a pas joué en sa faveur et cela a été frustrant. Il a bien géré ses pneumatiques, il avait un bon rythme de course et a marqué le maximum de points possible. Il a fait un superbe travail.
L’équipe a apporté des améliorations techniques à chaque course jusqu’à présent. Ce rythme de développement agressif commence-t-il à payer ?
Oui, je pense. Tout le monde à Enstone, à Viry et au circuit travaille extrêmement dur. L’équipe de course mérite une mention spéciale ce weekend : ils ont travaillé de longues heures et ont fait un travail remarquable lorsqu’ils ont préparé la voiture de Vitaly après son accident lors des essais libres samedi matin. Les points marqués par les deux monoplaces sont une belle récompense pour les efforts fournis. En termes de développement, nous gagnons un dixième de seconde ici et là à chaque course. Il faut un peu de temps avant de voir les progrès sur la piste mais nous nous rapprochons doucement mais sûrement du haut de la grille. Après tout, Robert a réussi à séparer les deux Mercedes pour la première fois en Chine et cela est très encourageant pour toute l’équipe. Tout le monde pousse à 100% et le travail commence à payer.
Traditionnellement, toutes les équipes préparent de gros développements à Barcelone. Quelles seront les nouveautés du Renault F1 Team ?
Pour nous, ce sera la même chose que depuis le début de la saison : nous maintenons notre rythme de développement. Nous aurons de nouvelles pièces qui devraient nous aider à gagner quelques dixièmes mais nous ne savons pas ce que les autres équipes apporteront. Nous devons nuancer nos attentes. Il est possible que la hiérarchie soit bousculée, peut-être en notre avantage ou peut-être pas. La priorité est de faire rentrer l’équipe en Europe dans ces prochains jours, y compris les voitures et le frêt pour qu’ensuite tout puisse partir direction Barcelone. Une fois que nous aurons réussi cela, nous pourrons nous réjouir d’attaquer la saison européenne.
Vitaly : “Heureux… mais je veux toujours davantage”
Suite à sa septième place à Shanghai - ses premiers points en F1 - Vitaly Petrov tient à remercier son équipe. Et il explique que, désormais, il vise encore plus haut…
Au début, il était difficile de comprendre à quel point attaquer, parce que nous ne savions pas si la piste allait rester mouillée, ou si elle allait sécher. Et puis mon casque était plein d’eau, ce qui a rendu les choses un peu difficiles !
A la fin de la course, vous aviez des pneus en bonne condition, ce qui vous a permis de dépasser Michael Schumacher et Mark Webber. Une bonne sensation ?
Bien sûr. Ma voiture était plus rapide et Mark Slade, mon ingénieur, m’a dit que ma cadence était bonne. Il m’a dit que je devais continuer à attaquer tout en faisant attention à mon pneu avant gauche. C’est ce que j’ai fait. Schumacher et Webber étaient à l’agonie avec leurs gommes, ils ont été fair-play avec moi, et j’ai pu tenter des manœuvres de dépassement propres. Cela a payé.
Comment qualifieriez-vous le travail de l’équipe ce week-end ?
Nous avons fait un travail fantastique tous ensemble et cette équipe Renault est déjà comme une famille pour moi. Mes mécaniciens ont été exceptionnels au moment de reconstruire ma voiture entre la dernière sénace d’essais libres et les qualifications hier. Pouvoir terminer dans les points, c’était aussi une belle récompense pour tous ces efforts. La voiture est plutôt bonne en ce moment, mais nous savons que nous devons beaucoup travailler pour progresser encore davantage. Nous allons construire le reste de la saison sur le sentiment positif d’aujourd’hui et nous continuerons à donner le meilleur de nous mêmes.
De Renault F1