- Le circuit :
Construit sur un terrain d'aviation, Silverstone a accueilli le premier gp, sous l'appellation "Grand Prix d'Europe", le 13 mai 1950. D'authentiques fans s'y pressent mais les organisateurs sont tellement persuadés du caractère incontournable de leur épreuve qu'ils ont longtemps négligé sa desserte et le confort des spectateurs.
Le tracé de Northamptonshire est un circuit étalon pour proposer pratiquement toute la panoplie de courbes très rapides comme Copse et l'enchaînement hautement réjouissant Maggotts-Becketts-Chapel, très lentes comme le Complex dans la partie finale, ou des portions ultra rapides telles la ligne droite de Hangar.
L'efficacité aérodynamique est primordiale et le bon compromis en réglages compliqué. Le bitume est l'un des plus agressifs mais côté moteur, la contrainte n'est pas sévère. Le site expose les monoplaces au vent et à une instabilité que les pilotes détestent. Un facteur qui rend l'étagement de la boîte de vitesses délicat. Enfin, la météo est souvent versatile.
Record du tour : 1:18.739 - M Schumacher (2004)
- Données techniques :
Circuit de vitesse, plus particulièrement dans sa première partie, Silverstone comprend un des enchainements les plus fameux au monde. Réputé donc pour son rythme effréné, Silverstone est éprouvant pour les pneumatiques comme pour le moteur. Effectivement, les pilotes ne freinent à aucun moment dans toute la première partie du circuit. La vitesse moyenne en virage est de 180 km/h, mais la voiture doit également aborder une partie plus lente et plus complexe en fin de tour et s’adapter à une surface bosselée et capricieuse.
Suspensions : Nous exploitons la voiture avec un équilibre sur l’avant, c’est-à-dire avec des suspensions plus dures à l’avant et plus souples à l’arrière. L’avant plus dur permet à la voiture d’être plus réactive dans les changements rapides de direction dans les virages rapides et lents, alors que l’arrière plus souple offre une meilleure adhérence en sortie et donc une meilleure motricité, notamment dans les virages 9, 11 et 16.
Appuis aérodynamiques : Les appuis embarqués à Silverstone sont moyens à élevés afin d’augmenter l’adhérence dans les virages rapides de la première partie du circuit. Les appuis importants sont nécessaires pour la première partie du tour, plus sinueuse, et la perte éventuelle en termes de vitesse de pointe ne devrait pas être un problème étant donné le fait que les lignes droites et zones de freinage restent relativement courtes. Cela ne devrait donc pas représenter un danger vis-à-vis de la concurrence. L’absence de gros freinage implique aussi que nous utiliserons des écopes de freins plus petites pour optimiser les performances aérodynamiques. La partie la plus rapide du circuit sont les enchaînements Maggots et Becketts (virages numéros 2 et 5), comme l’explique Fernando : « L’enchaînement des virages rapides Maggots – Becketts au début du tour présente un réel challenge et c’est une partie du circuit où on prend plaisir à piloter. Le passage est très rapide, surtout à son entrée. Il est donc important de compter sur une voiture qui réponde bien aux changements de direction. Nous ne freinons à aucun moment dans ces virages du premier secteur, nous levons simplement le pied légèrement afin de bien garder la trajectoire. On encaisse à peu près 4G dans cette partie à vitesse élevée qui est très physique. »
Comportement sur les bosses : Le comportement de la voiture sur les bosses est un paramètre important à Silverstone, où maintenir un bon niveau de performance aérodynamique est primordial pour donner de l’adhérence dans les virages rapides. La surface est plutôt bosselée, notamment dans la zone de freinage du virage numéro 8 (Vale), où la surface à elle seule peut déstabiliser la voiture. De plus, dans leur recherche de la trajectoire idéale, les pilotes ont tendance à monter sur les vibreurs à la sortie des virages, ce qui amplifie l’effet bosselé de la piste.
Pneumatiques : Les pneumatiques sont toujours soumis à rude épreuve sur ce circuit, notamment en raison des quelques virages à haute vitesse que compte ce tracé. Cela fait de Silverstone un des circuits du championnat les plus difficiles de la saison avec Spa et Barcelone à ce niveau. Bridgestone mettra à disposition des équipes les mélanges durs et tendres de sa gamme 2009.
Conditions ambiantes : En tant qu’ancien aérodrome, Silverstone est inévitablement exposé au vent, ce qui a un impact notable sur les performances de la voiture. Les bourrasques perturbent l’équilibre aérodynamique et rendent son comportement parfois imprévisible, notamment dans les virages rapides. Les pilotes doivent donc être capables d’évaluer la force et la direction du vent et adapter leur pilotage en conséquence.
Stratégie : La consommation de carburant est assez élevée à Silverstone et la pénalité en temps liée à la charge de carburant embarquée l’est par conséquent également. Cela signifie que les stratégies retenues pour cette course s’éloignent généralement peu de la norme, puisque deux tours supplémentaires d’essence peuvent coûter près de deux dixièmes au tour. Nous nous attendons à voir les équipes opter pour une stratégie standard à deux arrêts, avec le premier observé assez tôt pour les équipes de pointe.
Moteur : Le circuit de Silverstone demande à la dernière génération de moteur V8 un temps à pleine charge de près de 66% du tour. Malgré la réduction des appuis avec la nouvelle réglementation mise en vigueur cette année, ce pourcentage reste similaire à celui de l’an passé grâce à l’adhérence supplémentaire que procurent les pneus slicks de Bridgestone. La priorité sera de s’assurer que le moteur soit en mesure de répondre à haut régime lorsque le pilote aborde les virages rapides comme le virage à droite n°7 (Stowe). Nelson explique : « Stowe est la première partie du circuit où on pose le pied sur les freins. En fait, nous prenons le virage et freinons en même temps pour toucher le vibreur à une vitesse de 200km/h. Il est possible de dépasser dans cette partie mais comme le freinage est court, il faut avoir réussi à se positionner devant la voiture avant même le virage. »
- L'an dernier :
Avec Kimi Räikkönen, Fernando Alonso fait partie des pilotes qui ont effectué une démonstration de virtuosité l'an dernier sur le circuit de Silverstone. En pneus intermédiaires usés jusqu’à la corde sur une piste qui offrait le flanc à une averse généreuse, l’Espagnol a perdu le bénéfice de son solide début de course après son ravitaillement du 20è tour qui coïncidait avec le retour de la pluie. Afin de tenter de remettre son pur-sang en selle, Renault faisait effectuer à l’Espagnol son 2è et dernier ravitaillement au 26è passage. Il lui restait 34 boucles à avaler, l’indigestion guettait les pneus intermédiaires en fin de parcours ! En pneus quasiment slicks dans les 10 derniers tours de course, Alonso a cédé sous les attaques répétées de Kovalainen et Räikkönen mais ramena 3 points.
Contrairement à son chef de file, Nelson Piquet a troqué ses enveloppes usées pour des neuves juste avant l’averse. La manœuvre n’a pas empêché le Brésilien d’éviter la totalité des pièges d’une piste détrempée et c’est dans un bac à graviers d’Abbey que Nelsinho a terminé sa course.
Course :
- Présentation du GP 2009 :
Fernando, vous n’êtes pas entré dans les points à Istanbul. Quel regard portez-vous sur ce Grand Prix de Turquie ?
Istanbul a été une course très frustrante pour toute l’équipe. Les conditions de piste étaient mauvaises en début de weekend, nous avons donc dû travailler dur pour trouver le bon équilibre. Pour la séance de qualifications, nous avions décidé de ne pas être trop chargés en essence et j’étais le plus léger dans le top 10. Lorsqu’on s’arrête tôt pour ravitailler, on risque de se retrouver au milieu du peloton lorsqu’on reprend la piste, et c’est exactement ce qui m’est arrivé. J’ai donné tout ce que j’ai pu mais nous avons seulement réussi à finir en dixième position, ce qui est un peu frustrant.
Pensez-vous que l’équipe soit en mesure de remonter la grille dans cette seconde moitié de la saison ?
J’ai une grande confiance envers l’écurie et je sais que tous ses membres travaillent avec acharnement afin d’améliorer la situation. Cela fait maintenant longtemps que nous sommes ensemble et nous avons prouvé par le passé que nous n’abandonnons jamais. Cela dit, il nous faut être réaliste : toutes les équipes travaillent à fond pour développer leur voiture elles aussi, il n’est donc pas évident de faire un grand pas en avant. Nous devons continuer nos efforts et apporter de nouvelles solutions techniques à chaque course pour être en mesure de nous battre pour des podiums et de manière régulière.
Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche du Grand Prix de Grande Bretagne ?
Je reste optimiste et je suis déterminé afin d’obtenir un meilleur résultat à Silverstone. La R29 a toujours été performante dans les virages rapides, nous devrions donc être plus compétitifs ce weekend. De plus, nous évaluerons de nouveaux éléments qui devraient améliorer notre performance. En ce qui concerne le circuit, c’est un endroit superbe pour piloter une Formule 1 et, comme ce sera peut-être le dernier Grand Prix de Grande Bretagne à Silverstone, je veux y prendre du plaisir.
Nelson, vous n’avez pas eu de réussite en Turquie. Parlez-nous de la course...
Ce fut un weekend compliqué et mon destin s’est plus ou moins dessiné lors de la séance de qualifications, avec les problèmes de freins que j’ai rencontré. Nous avons alors choisi une stratégie en fonction des possibles scénarii de course. Cependant, nous savions qu’il serait difficile de marquer des points compte tenu de notre position sur la grille de départ. J’ai pu, malgré tout, tirer quelques éléments positifs du weekend : j’ai bénéficié d’une voiture très équilibrée et j'ai disputé des batailles sympathiques, réalisant notamment un joli dépassement sur Lewis [Hamilton] à la fin de la ligne droite.
En tant que pilote, dans quels domaines pensez-vous pouvoir améliorer votre performance après sept courses ?
Tout d’abord, il est certain qu’il me faut améliorer ma performance lors de la séance de qualifications car partir loin sur la grille de départ nuit à ma course. Le problème, c’est que les équipes sont si proches les unes des autres qu’elles se battent toutes au même niveau : seulement deux petits dixièmes peuvent séparer la sixième de la seizième voiture sur la grille, on ne peut donc pas se permettre d’erreur.
Quelles sont vos attentes pour Silverstone ?
J’aime vraiment beaucoup ce circuit et j’espère que nous pourrons y réaliser un bon résultat. C’est la course à domicile de l’équipe d’Enstone et nous y bénéficions toujours d’un large soutien. Les fans britanniques sont très enthousiastes. Comme cela fait maintenant cinq ans que j’habite en Grande Bretagne c’est donc presque un Grand Prix à domicile pour moi aussi. Silverstone, c’est un circuit où j’ai piloté tôt dans ma carrière. Je le connais bien. Et, comme je l’ai déjà dit, la séance de qualifications sera cruciale, d’autant plus que les virages rapides de ce circuit rendent les dépassements difficiles en course.
Bob, le week-end de l’équipe en Turquie a été difficile. Le résultat a-t-il reflété la compétitivité de la voiture ?
Je ne pense pas que ce résultat représente notre performance actuelle de manière très juste. Fernando a eu des problèmes pour faire monter ses pneus en température et, par conséquent, il n’a pas pu accomplir un tour parfait en qualifications, ce qui l’a pénalisé sur la grille de départ. S’il avait été placé plus haut sur la grille, il aurait certainement pu éviter le trafic sur la piste après son premier ravitaillement et entrer dans les points. Nelson n’a pas eu de réussite. Avec ses soucis en séance de qualifications, sa course était destinée à être difficile, mais il s’est vraiment battu et a tiré le maximum de la voiture.
Fernando et Nelson demandent à ce que des améliorations soient faites rapidement par l’équipe. Est-il possible de réagir rapidement ?
Oui, nous réagissons et nous avons déjà prouvé notre capacité à introduire des nouveautés très rapidement. Le double diffuseur est d’ailleurs un bon exemple car en temps normal, la production de ce type de pièce peut prendre jusqu’à 15 semaines. Nous avons réussi à la produire en seulement cinq semaines. Cela a été possible grâce au travail de toute l’équipe. Nous allons continuer à réagir rapidement et, dès que nous trouverons une solution apportant le résultat escompté, nous ferons tout pour en équiper la voiture au plus vite.
Le « circuit à grande vitesse » de Silverstone conviendra-t-il à la R29 ?
Nous sommes relativement confiants pour Silverstone, tout en restant réalistes car nous n’allons pas tout d’un coup nous battre pour le podium. La nature du circuit devrait convenir à la R29 car elle sera performante dans les virages rapides. Il est certain que nous pouvons encore améliorer notre performance de freinage mais Silverstone n’est pas particulièrement exigeant pour les freins. Nous sommes donc confiants de pouvoir produire un meilleur résultat à Silverstone qu’en Turquie.
Quels sont les développements prévus pour Silverstone ?
Nous avons un développement concernant le diffuseur qui représente un pas en avant assez significatif ainsi que des améliorations de l’aileron avant. Nous avons étudié quelques développements concernant l’aileron avant en Turquie et nous l’apporterons à nouveau à Silverstone avec quelques modifications qui, nous pensons, devraient améliorer la performance de la voiture. Nous allons également faire des modifications mécaniques qui sont plutôt de l’ordre de la fonctionnalité que de la performance mais elles sont importantes et devraient également aider.
Silverstone est le circuit local de l’équipe de l’usine d’Enstone. La course sera-t-elle par conséquent un peu spéciale ?
C’est une course très spéciale pour toutes les équipes basées en Grande Bretagne. Elle se trouve aussi au milieu du calendrier. Un nombre important d’employés se rendra à Silverstone pour la course. L’ambiance très particulière est toujours très appréciée par l’équipe. Nous nous rendons à chaque course dans l’optique de faire le meilleur travail possible et, bien sûr, nous aimerions beaucoup faire une belle course à Silverstone.
L’équipe peut-elle revenir et se battre pour des podiums cette année ?
C’est certainement notre intention. Si vous prenez notre performance en séance de qualifications en tant que mesure de performance, on peut constater une amélioration constante et l’écart avec la voiture la plus rapide en Q2 est constamment réduit, tout comme l’an passé. Cette année, l’écart avec les leaders s’est réduit plus rapidement encore, ce qui nous laisse penser que nous serons en mesure de nous battre pour des podiums avant la fin de la saison.