- Le circuit :
A 19 km au nord de Budapest, le Hungaroring a été de 1986 à 89 une anomalie capitaliste derrière le "rideau de fer" communiste. Un tourniquet sans intérêt, si ce n'est celui d'offrir une vue imprenable sur la quasi-totalité du tracé.
En 2003, le morceau de ligne droite fut rallongé de 250 m pour garnir de dépassements la traditionnelle procession dominicale. Une réussite.
La saleté est la première particularité du Hungaroring, qui souffre de l'absence de tradition automobile. 30 km/h seulement plus rapide que Monaco, il fait donc la part belle aux qualités de motricité, d'appui aérodynamique des voitures mais aussi de vivacité dans ses chicanes rapides.
Les enchaînements soutenus et la chaleur en font un test physique imparable. Attention à la fiabilité moteur. Concernant les pneumatiques, les paraboliques aux premier et dernier virages entraînent une usure excessive à l'avant gauche.
Particularité : c'est l'épreuve d'adoption des Finlandais, qui s'y massent en raison de sa proximité.
- Renault au Grand Prix de Hongrie
Le Turbo Renault ne s’essaya qu’une seule fois au Hungaroring en 1986 pour la première course. La Lotus de Ayrton Senna s’était emparé de la pole position et s’était livrée une bataille terrible avec la Williams de Nelson Piquet qui prenait finalement l’avantage et Senna terminait second.
Les deux autres voitures propulsées par Renault (Dumfriest/Lotus et Brundle/Tyrrell) finissaient cinquième et sixième et décrochaient les derniers points.
Lorsque Renault revient avec son V10, le Hungaroring devient un circuit qui réussit au Losange puisque les monoplaces motorisées par Renault montent sur le podium chaque année jusqu’en 1997. Patrese prend la pole en 1989, l’année du retour de Renault en compétition, et son coéquipier Boutsen monte sur la dernière marche du podium. Le Belge reste dans le rythme l’année suivante puisqu’il décroche la pole et la victoire alors qu’en 1991, Mansell et Patrese montent sur le podium et Senna sur McLaren s’impose. C’est en 1992, que le Hungaroring prend toute son envergure dans l’histoire de Renault. La seconde place de Mansell sur le tracé magyar permet au Britannique de décrocher sa première couronne mondiale et par la même occasion le premier titre Constructeurs de Renault dans la catégorie reine.
Les succès continuent à tomber en 1993 : une première ligne Williams-Renault avec Damon Hill qui remporte son premier Grand Prix. En 1994, l’Anglais s’élance de la deuxième ligne et termine second alors que 12 mois plus tard, le duo Williams – Renault composé de Hill et Coulthard verrouille la première ligne et décroche les deux premières positions. En 1996, Hill, Alesi et Villeneuve sont aux trois premières places et en 1997 Villeneuve tire profit de la malchance de Hill et décroche la troisième victoire d’affilée pour un moteur Renault en Hongrie.
A l’heure de Renault F1 Team, le Hungaroring est un circuit à marquer d’une pierre blanche. C’est en effet sur ce tracé que la nouvelle équipe 100% Renault avec Fernando Alonso remporte sa première victoire depuis son retour dans la discipline avec un Alonso qui a dominé depuis la pole position jusqu’à la victoire. Un autre podium pour l’Espagnol en 2004 mais ensuite, il faudra attendre 2007, pour voir Renault marquer à nouveau au Grand Prix de Hongrie puisque Heikki Kovalainen décroche le point de la huitième place, après s’être élancé de la onzième place sur la grille.
Au total, Renault aura disputé 17 Grand Prix en Hongrie, décroché 7 pole positions, 6 victoires et 16 podiums. Après un premier podium cette saison décroché par Nelson lors du dernier Grand Prix d’Allemagne, l’équipe est bien déterminée à briller une nouvelle fois en Hongrie, un tracé qui a déjà réussi aux deux pilotes de ING Renault F1 Team ! - Données techniques :
Le Hungaroring est un circuit très intéressant aussi bien pour les pilotes que pour les ingénieurs.
Il ne comporte pas de réels virages à haute vitesse ce qui pousse les équipes à utiliser généralement des appuis aérodynamiques élevés alors que la principale préoccupation ce week-end sera le refroidissement de la voiture et du bloc moteur car les températures sont généralement caniculaires dans cette région d’Europe. Cela vient également compliquer la tâche des pilotes qui doivent être au top de leur forme physique pour affronter les 70 boucles de ce circuit hongrois.
Aérodynamisme : L’enchaînement des 14 virages de ce tracé ne laisse aux pilotes que peu d’opportunités de dépassements, il n’y a en fait qu’une seule option : le virage numéro 1. En dehors de cette ligne droite de 700m, le circuit est un tourniquet et enchaîne plusieurs combinaisons de virages à faible ou moyenne vitesses, qui, compte tenu des zones de freinage très courtes, n’offrent que peu de possibilité de dépassements. En conséquence, les équipes optent généralement pour des appuis aérodynamiques maximum, du même type si ce ne sont les mêmes qu’à Monaco afin de d’optimiser non seulement le comportement de la monoplace en courbe mais aussi au freinage et en sortie de virage. La vitesse maximale excède rarement les 300 km/h, surtout depuis l’entrée en vigueur du moteur V8.
Suspensions : Le grip mécanique est un facteur important sur des circuits à faible vitesse comme celui-ci et les équipes essaieront d’avoir une voiture souple afin d’améliorer son grip mécanique. Les pilotes souhaitent une voiture réactive pour les parties sinueuses, avec une bonne traction en sortie de virage, ce qui oblige les équipes à faire des compromis (avant dur et arrière souple) en termes de mise au point. Cependant, le niveau d’usure des pneus avant sera surveillé de près, il ne faudra en effet pas surcharger le mélange le plus tendre disponible pour la course de ce week-end.
Pneus : Bridgestone a prévu les pneus tendres et extra-tendres de sa gamme 2008. Le faible grip du circuit et l’absence de virages à haute vitesse justifient ce choix. Une fois encore, le défi sera ce week-end de contrôler le niveau de grainage des pneus tendres et ce phénomène aura tendance à disparaître au fil du week-end alors que la piste se chargera petit à petit en gomme. Les données enregistrées lors des essais du vendredi seront déterminantes quant à savoir si les extra-tendres seront à utiliser pour la plus grande partie de la course alors que des températures plus fraîches ou des pluies nocturnes pourraient venir compliquer la donne.
Refroidissement : Un autre paramètre important sera de veiller à un bon refroidissement des pièces mécaniques. Si les qualités de la voiture à ce niveau sont maintenant reconnues, il faudra cependant s’assurer que les radiateurs sont bien refroidis en raison des appuis aérodynamiques élevés que l’équipe utilisera. Cela a d’ailleurs fait l’objet d’une attention toute particulière lors d’essais en soufflerie et sera adapté une fois sur place dès les premiers roulages.
Moteur : Avec la plus longue période à pleine puissance qui excède à peine les dix secondes et seulement 56% du tour passé à pleine charge (bien inférieur à la moyenne), on peut dire que ce circuit n’est pas particulièrement exigeant pour le bloc moteur. Sur 14 virages, cinq sont abordés en seconde à environ 100 km/h. Contrairement à Monaco, où les voitures ont une vitesse minimale incroyablement faible dans certaines épingles, la vitesse minimum au Hungaroring est de l’ordre de 90 km/h. Le moteur a donc une plage d’utilisation qui tourne entre 100 et 250 km/h et les rapports de boîte que nous choisissons doivent nous permettre d’exploiter le RS27 à son maximum dans cette plage. Comme toujours sur un circuit qui compte de nombreux virages, une bonne reprise est primordiale pour être efficace en sortie de virages. - L'an dernier :
Renault a connu une course difficile sur le circuit du Hungaroring dans le cadre du Grand Prix de Hongrie 2007. Partis 11ème et 13ème après la pénalité subie par Giancarlo Fisichella, Heikki Kovalainen et son coéquipier ont mené tout deux une course agressive. Heikki Kovalainen, après la plus belle remontée de la course, réussit à classer sa Renault R27 dans les points en décrochant le point de la huitième place et Giancarlo Fisichella termine 12ème, après une course compliquée de par sa pénalité.
Course :
- Présentation du GP 2008 :
Fernando, l’équipe a décroché son premier podium en Allemagne. Vous avez manqué quant à vous de réussite et finissez hors des points...
Oui, j’ai eu une course difficile, je m’y étais préparé car je savais que j’aurais du mal à maintenir en course le rythme dont j’avais su faire preuve en qualifications le samedi. C’est un résultat décevant en ce qui me concerne mais avec le podium de Nelson l’équipe a engrangé beaucoup de points et c’est important au championnat ! Pour mon coéquipier, c’était important de faire un résultat solide. C’est positif pour l’équipe, cela fait du bien à tout le monde pour attaquer la seconde moitié du championnat !
Nous sommes cette fois à Budapest, un circuit qui vous a réussi par le passé et où vous avez certainement de bons souvenirs ?
Oui, j’ai remporté ma première course en F1 sur ce circuit, c’est un tracé où j’ai toujours été performant, je suis donc content d’être là à nouveau cette année et je suis bien déterminé à rebondir après mon dernier résultat en Allemagne.
C’est un Grand Prix généralement apprécié, y-a-t-il selon vous une ambiance particulière ici ?
Je ne sais pas vraiment. Pour moi c’est certain, c’est un rendez-vous particulier, riche en souvenirs, qui se déroule qui plus est généralement au même moment que mon anniversaire. Il y a c’est vrai toujours beaucoup de spectateurs, les gens sont très gentils et nous réservent un accueil chaleureux… C’est sans doute ce pourquoi le paddock se plaît à revenir ici à Budapest chaque année.
En ce qui concerne le circuit, quelles sont ses spécificités ?
C’est un tracé assez sélectif et les conditions de températures très élevées souvent ici compliquent encore un peu la donne, surtout pour les pilotes et les mécaniques. Pour être rapide ici, il faut avant tout des appuis aérodynamiques très élevés, un bon grip et une bonne motricité pour être performant en sortie de virage lent. Nous nous appliquerons donc à travailler sur ces différents paramètres dès le début des essais vendredi sur la base des données enregistrées la semaine dernière à Jerez.
Nelson, vous êtes monté sur le podium en Allemagne. Comment avez-vous vécu ce week-end ?
Finir sur le podium était bien entendu un superbe résultat pour l’équipe. Après une position décevante en qualifications, je pensais que c’était la fin de mon week-end car je savais que marquer des points serait alors difficile. Mais nous n’avons pas baissé les bras et l’équipe a opté pour une stratégie décalée sur un seul arrêt pour essayer de remonter et cela a finalement payé puisqu’immédiatement après mon passage au stand le déploiement de la voiture de sécurité m’a permis de revenir aux avant-postes et de monter finalement sur le podium.
Qu’avez-vous ressenti car il s’agissait de votre premier podium dans la catégorie reine ?
Etre sur le podium et voir toute l’équipe si contente pour moi a été un sentiment incroyablement fort et cela vient forcément renfoncer notre détermination ! Je suis bien conscient que j’ai eu un peu de chance mais il faut aussi savoir la saisir quand elle se présente à vous et jusqu’à la fin de course, j’ai tenu bon pour conserver cette deuxième place. La voiture se comportait bien et même si j’étais en pneus tendres, j’étais capable d’attaquer et de rester régulier. Décrocher ce podium a été une belle récompense pour toute l’équipe, surtout après notre début de saison. J’espère biensûr que ce n’est qu’un début car j’aimerais revivre ces sentiments incroyables très bientôt !
Nous sommes cette semaine en Hongrie, un circuit où vous avez réalisé un week-end incroyable en GP2. Etes-vous impatient de courir à Budapest à nouveau ?
Absolument ! Mon week-end de GP2 en Hongrie en 2006 a été vraiment très spécial. J’ai remporté la course du samedi en partant en pole position et j’ai ensuite gagné la course du dimanche en décrochant les meilleurs tours des deux courses. C’est sans aucun doute le meilleur week-end de ma carrière ! C’est un circuit intéressant, il faut trouver le bon rythme et apparemment il me réussit plutôt bien ! Ce sera sans doute très différent en termes de sensation au volant d’une F1 mais je suis vraiment impatient de commencer à rouler !
Quels seront vos objectifs pour ce week-end ?
Ce sera sans doute difficile de se battre pour le podium dans des circonstances normales car les leaders sont toujours plus performants que nous. Mais la bataille dans le peloton risque d’être serrée, comme en Allemagne, et il faudra essayer de faire une solide qualification pour bien se positionner sur la grille. J’aimerais donc entrer en Q3 et je pense être réaliste en visant les points pour la course de dimanche.
Pat, Nelson a décroché le premier podium de l’équipe cette saison en Allemagne, lors du dernier Grand Prix. L’équipe doit être satisfaite...
Oui, c’est un résultat que nous attendions depuis longtemps et cela représente des points importants. Plusieurs fois cette saison, nous avons eu une impression d’inachevé ou d’occasions manquées et même si en Allemagne, nous avons eu notre part de chance, cela nous rassure et nous prouve que tout est encore possible. C’est un superbe résultat pour Nelson, il a eu du mal dans la première moitié de saison et je suis persuadé que ce sera pour lui un tournant dans le championnat. Mais il nous faut rester réalistes, une lutte serrée nous attend ; Toyota et Red Bull Racing sont très compétitifs et nous devons continuer de travailler dur. Nous avons marqué de gros points le week-end dernier et notre niveau de performance à l’heure actuelle devrait nous permettre de nous battre pour la quatrième place !
Quel sera, selon vous, l’impact de ce solide résultat sur le moral de Nelson pour la suite du championnat ?
Très souvent, lorsqu’un pilote connaît des débuts difficiles en F1, il suffit d’un bon résultat pour le faire basculer et rien ne peut ensuite l’arrêter. J’ai assisté à ce genre de situations de nombreuses fois et avec un peu de chance, cela sera le cas pour Nelson également. Nous savons qu’il a un réel potentiel et la possibilité de se révéler très rapide. C’est certain qu’il a été mis sous pression cette saison mais son résultat à Hockenheim est la meilleure des réponses qu’il pouvait donner !
Et sur le moral de l’équipe ?
Cela vient forcément booster toute l’équipe car peu importe votre niveau, un bon résultat agit toujours comme un véritable catalyseur. Mais je crois que l’équipe est aussi capable de comprendre que la chance nous a aussi aidés à décrocher cette seconde place et que notre objectif est toujours de chercher à rivaliser avec les BMW à ce stade de la saison. En même temps, ces points décrochés en Allemagne nous ont permis d’effacer quelques frustrations plus tôt cette année, c’est donc une très positif !
Fernando a eu une course compliquée et la chance n’était clairement pas de son côté. Comment résumeriez-vous son week-end ?
Cela a été sans aucun doute une course difficile pour Fernando. Jamais, nous n’avons réussi à exploiter la voiture au maximum de son potentiel à Hockenheim, elle n’était pas facile à piloter, plus encore dans le peloton. Autant Nelson a eu de la chance lors du déploiement de la voiture de sécurité par exemple, autant rien ne s’est passé comme il aurait fallu pour Fernando. Il faut donc maintenant regarder devant et je reste convaincu qu’il reviendra encore plus fort en Hongrie. Nous savons tous ce dont la voiture est aujourd’hui capable et surtout ce que Fernando est en mesure d’en tirer.
Si on revient sur le Grand Prix de Hongrie qui se dispute ce week-end, pouvez-vous nous dire quels sont les défis que représente ce circuit ?
C’est un circuit difficile, souvent très sale le premier jour d’essais et pendant longtemps généralement les pilotes se plaignent de glisser, de sous-virages en milieu de virages ou de survirage en entrée et en sortie de virage. En fait il s’agit surtout d’attendre que la piste évolue et se charge en gomme. En termes d’appuis, ce circuit exige un niveau d’appuis relativement élevés et c’est assez difficile pour les pneumatiques en raison des relances à basse vitesse. Les dépassements sont délicats car c’est un tracé sinueux et réussir une bonne qualification sera sans doute la priorité de toutes les équipes.
La Hongrie est un des Grand Prix qui nécessite parmi les appuis les plus élevés de la saison. Prévoyez-vous des nouveautés aérodynamiques sur la R28 ?
Nous avons été très agressifs récemment dans notre programme de développement. Certaines évolutions ont été utilisées à Hockenheim, d’autres le seront en Hongrie. Il ne s’agit pas de développements spécifiques pour ce Grand Prix de Hongrie mais d’une nouvelle évolution de notre package comme cela continuera pour la suite de la saison.