- Le circuit :
Le dernier endroit pour y faire de la F1, mais les yachts, hôtels luxueux pour soirées branchés, la Riviera et la coïncidence du glamour Festival de Cannes en ont fait une attraction irrésistible. Cet anachronisme a perduré par ses standards de sécurité très élevés. En n'oubliant rien : des hommes-grenouilles sont prêts à plonger dès lors qu'un pilote aventurerait son bolide dans le port.
Le premier défi est de cerner les limites de la piste car le rail se charge de le faire. D'autant plus pervers qu'aller vite oblige à l'effleurer.
Le deuxième défi est de soutenir ce rythme infernal sans le répit d'une ligne droite. Les nerfs sont d'autant à contribution que les opportunités de dépassements sont rarissimes.
Le réglage de la monoplace s'étalonne sur les nombreuses bosses et le manque de grip d'une piste visitée une fois l'an. La priorité : un train avant très directionnel. Côté moteur, la souplesse prime.
Record du tour : 1:14.439 - M Schumacher (2004)
- Données techniques :
Monaco est sans doute le rendez-vous le plus atypique du calendrier de Formule 1. Mais pour les ingénieurs, le challenge reste le même : adapter la voiture à son environnement afin de garantir le niveau de performance optimal. Le circuit est mythique et tirer le meilleur de la R29 ne se révélera pas aisé. En début de week-end, la piste sera d’autant plus piégeuse qu’elle manquera d’adhérence, une situation qui aura tendance à évoluer favorablement au long du week-end.
Hauteur de caisse : Les rues de la Principauté peuvent sembler tout à fait lisses au volant d’une voiture de tourisme, mais il n’en est rien au volant d’une monoplace. Pour répondre aux différentes variations de surface, les ingénieurs optent généralement pour une hauteur de caisse plus élevée de 5 à 7 mm par rapport à la normale. Les rues sont également glissantes, notamment au niveau du marquage au sol. Il s’agit d’un paramètre que les pilotes devront garder en tête, surtout si la piste est humide ou mouillée, au long des 78 tours que compte ce Grand Prix.
Suspensions : Afin de maximiser l’adhérence de la voiture, nous utilisons des suspensions plus souples. Elles facilitent notamment le passage de la monoplace sur les vibreurs. Pour permettre aux suspensions de fonctionner de façon quasi indépendante sur les bosses, nous assouplissons également les barres anti-roulis. Une attention particulière est portée au carrossage. L’objectif est de donner au pilote une voiture neutre, qui lui donne confiance en tout point du circuit et notamment sur la mythique Place du Casino, comme l’explique Fernando : « Le virage de Massenet et celui du Casino figurent parmi les secteurs les plus rapides du tour. Le premier virage à gauche est très long et relativement bosselé. Il faut donc trouver le bon niveau d’accélération afin d’éviter toute amorce de survirage. Il faut être aussi proche que possible du rail pour prendre la corde tardivement et bien se positionner pour négocier le virage à droite suivant, qui est à angle mort. Il y a une bosse à la sortie du Casino mais il est important d’accélérer aussi tôt que possible pour attaquer Mirabeau. »
Aérodynamique : A Monaco, l’équipe utilise l’appui aérodynamique le plus élevé de la saison. Contrairement aux idées reçues, le principal intérêt n’est pas de faciliter le passage en courbe, qui se négocie ici à des vitesses relativement faibles et où le grip mécanique se révèle être de première importance. En réalité, cette charge importante permet de gagner en stabilité au freinage et à l’accélération afin de maximiser la motricité en sortie de virage.
Nelson: « Les virages 10 et 11 sont les zones de freinage les plus appuyées du circuit. A la sortie du tunnel, partie la plus rapide du tour négociée en septième vitesse, il faut freiner dur et atteindre 70km/h pour la chicane. C’est probablement le meilleur endroit pour effectuer un dépassement. Il est important que la voiture soit bien stable durant cette phase de freinage. »
Angle de braquage : La fameuse épingle du Grand Hôtel est le virage le plus serré de la saison, avec celui de la Rascasse. Il nécessite un angle de braquage plus important, près de deux fois plus grand qu’à Barcelone. Une suspension avant est spécialement conçue pour le tracé de Monaco et ainsi garantir l’angle de braquage nécessaire.
Fernando : « L’épingle du Grand Hôtel est le virage le plus serré et le plus lent de la saison. Il est pris à moins de 50km/h et nécessite un angle de braquage important. C’est un virage très technique. Il est essentiel de prendre la corde de manière parfaite afin de ne pas perdre de temps dans cette partie du tour. »
Pneus : Monaco n’est pas un circuit particulièrement exigeant pour les pneumatiques car il reste un tracé plutôt lent. Dans ce contexte, Bridgestone mettra à disposition des équipes les deux types les plus tendres de sa gamme : les tendres et ultra-tendres, qui devraient offrir une meilleure motricité dans la relance des virages lents.
Moteur : Sur le papier, Monaco apparaît comme le circuit le moins exigeant de la saison pour le moteur, avec à peine 45% du tour à pleine charge. Mais les apparences sont parfois trompeuses. La surface bosselée peut conduire à des surrégimes lorsque les roues décollent légèrement. Le pilote devra donc se montrer prudent. Un moteur souple avec notamment une bonne relance sera déterminant dans les rues sinueuses de la Principauté.
- L'an dernier :
C'est sur un résultat décevant que Renault conclut son week-end en Principauté l'an dernier puisqu'aucun de ses deux pilotes ne réussit à hisser sa R28 dans les points. La météo a été le nerf de la guerre avec une piste humide puis mouillée en début de course qui n'a ensuite eu de cesse de sécher. Fernando Alonso s'est élancé de la septième place sur la grille en pneus pluie et Nelson en pneus extrême. L'Espagnol a très vite opté pour les pneus extrêmes alors qu'il a dû repasser aux stands suite à un accrochage en début de course. Au fil des tours, la piste a énormément séché voyant ainsi les deux pilotes Renault souffrir avec leurs enveloppes et les obligeant à basculer très tôt sur des pneus secs. Peu après, Nelson abandonnait à Sainte Dévote. Fernando a réussi à se maintenir en piste et a su faire preuve d'un bon rythme en fin de course mais il échoue à la dixième place, hors des points.
Course :
- Présentation du GP 2009 :
Fernando, vous avez terminé 5ème à Barcelone pour votre Grand Prix national. Avez-vous apprécié la course ?
Oui, disputer mon Grand Prix national est toujours très motivant et même si nous n’étions pas en mesure de nous battre pour le podium, nous avons extrait le maximum de la voiture. Je suis donc satisfait de ma position finale. J’ai eu de la chance à la fin de la course lorsque Felipe Massa a ralenti et, bien sûr, engranger un point supplémentaire au dernier tour était très satisfaisant. Il nous faut encore faire un pas en avant afin d’arriver en tête de peloton mais nous faisons des progrès à chaque course et nous avons marqué des points importants à Barcelone.
Vous avez remporté le Grand Prix de Monaco à deux reprises. Courir en Principauté doit être un peu spécial pour vous ?
C’est une de mes courses préférées et j’ai de très bons souvenirs de Monaco, où j’ai remporté la victoire en 2006 et en 2007. C’est vraiment LA course que tous les pilotes veulent ajouter à leur palmarès. Le jeudi, lors des essais libres, le premier tour est une sensation toujours très forte : il faut s’adapter rapidement et s’habituer à piloter dans les rues étroites de la Principauté. On est très proche des rails et des murs. Le dimanche, les dépassements sont très difficiles et mentalement la course est un véritable challenge. Il faut être concentré en permanence. Mais, avant tout, Monaco est un spectacle pour les fans et les spectateurs qui peuvent vraiment s’approcher des voitures.
Comment abordez-vous ce weekend ?
Le plus important, c’est de réaliser de bonnes qualifications et d’être le plus haut possible sur la grille de départ. Pour cela, il nous faudra une piste claire. Chaque équipe aura des solutions techniques particulières pour Monaco car le tracé est vraiment atypique. La mise au point de la voiture sera inhabituelle pour s’adapter aux nombreuses bosses et aux virages serrés. En ce qui concerne le résultat, je pense que nous pouvons entrer en Q3 pour la qualification et notre objectif est de marquer encore des points.
Nelson, vous avez pu éviter l’incident du premier virage à Barcelone mais ce fut une course difficile pour vous...
Effectivement, je me suis retrouvé au beau milieu de l’incident et j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir éviter les débris qui se trouvaient sur la piste. Il était difficile de trouver le bon équilibre de la voiture à Barcelone, ma course en a donc souffert. Je n’ai pas bénéficié de toutes les évolutions techniques de l’équipe à cette occasion, ce qui a eu un impact sur ma performance, mais j’espère les avoir à Monaco.
Vous appréciez le Grand Prix de Monaco ?
Oui, bien sûr. C’est probablement la course la plus connue au monde, c’est donc un réel privilège de disputer ce Grand Prix mythique. L’ambiance à Monaco est toujours très bonne et c’est l’une des rares courses où le public est si proche de l’action. J’habitais à Monaco quand j’étais plus jeune et courir ici en tant que pilote de Formule 1, c’est un rêve devenu réalité !
Quels sont vos objectifs pour ce Grand Prix ?
Il est presque impossible d’effectuer des dépassements dans les rues monégasques, il est donc essentiel de faire de bonnes qualifications et de peaufiner sa stratégie de course. On ne peut pas se permettre la moindre erreur : les rues sont très étroites et on est sans cesse à quelques millimètres des rails. Une concentration à 100% est primordiale. C’est très souvent une course mouvementée, nous devrons être prêts à saisir toutes les opportunités.
Bob, l’équipe était plus compétitive en Espagne. Etes-vous satisfait ?
Nous avons été un peu déçus par notre résultat en fin de qualifications, mais la performance durant la course était conforme à nos attentes et, globalement, nous sommes assez satisfaits du résultat. Nous savions que nous n’allions pas figurer en tête du peloton mais par contre, nous étions déterminés à réduire l’écart avec les équipes de tête. Je pense que c’est exactement ce que nous avons fait. En considérant notre niveau de performance en début de saison, ce résultat est très valorisant par rapport au travail accompli en coulisses.
Toutes les équipes continuent à travailler dur afin d’apporter des améliorations. Est-il difficile de faire un réel pas en avant ?
Nous faisons tout ce qu’il est possible de faire afin d’apporter des améliorations avant nos concurrents et je pense que l’équipe est rôdée à cet exercice. Nous l’avons démontré l’an passé durant la seconde moitié de la saison. Nous sommes dans une position similaire cette année, en fait. Les développements sont à présent rendus plus difficiles car les nouvelles réglementations limitent l’utilisation de la soufflerie et du CFD. De plus, il n’y a plus d’essais privés. Cependant, tout le monde est logé à la même enseigne. De notre côté, nous continuons à travailler sur les développements afin d’équiper les voitures de nouvelles évolutions aussi rapidement que possible.
Parlez nous de l’évolution de la R29, y aura-t-il encore des développements à Monaco ?
Oui, effectivement, il y aura quelques évolutions. La nature du tracé de Monaco exige des solutions un peu particulières. Par exemple, il nécessite l’angle de braquage le plus important de la saison. Nous n’utiliserons pas d’évolutions aussi importantes qu’à Barcelone, mais nous espérons continuer sur notre lancée quant à l’amélioration de la performance de la voiture pour encore nous rapprocher de nos rivaux.
Quel type de challenge représente le Grand Prix de Monaco ?
Pour l’équipe de mécaniciens, le challenge est assez grand parce qu’il n’y a pas beaucoup de place dans le garage. Ceci dit, c’est un superbe circuit que tout le monde apprécie énormément. L’ambiance y est toujours formidable. Le tracé est un défi intéressant pour les pilotes. La moindre petite erreur peu coûter très cher, l’expérience est donc très importante. C’est pour cette raison que la voiture de sureté est souvent de sortie à Monaco. Il nous faudra donc être très réactifs et prendre avantage de la moindre petite occasion qui s’offrira à nous.