- Le circuit :
Après Bahrein, qui marquait l'entrée de la F1 dans le Moyen-Orient en 2004, un nouveau circuit s'est achevé en 2005 pour accueillir le grand cirque des monoplaces les plus rapides du monde, le circuit d'Istanbul en Turquie.
Les infrastructures sont situées du côté asiatique de la ville d’Istanbul qui recèlent de trésors exceptionnels : la Tour de Galata, la Tugra du sultan, le Boshpore, "la Corne d'Or, la Mer Noire, la Mosquée Bleue... Et les minarets... La fascination d'l'Orient, quoi !" Les 5.37 km du tracé représentent un projet dont les Turques sont très fiers. L'enchainement des courbes et des lignes droites est assez inhabituel mais proposent au moins deux zones de dépassements potentielles. Un niveau d'appuis assez élevé sera exigé pour négocier les virages rapides au mieux sans toutefois pénaliser la vitesse de pointe qui sera nécessaire lors de la course. Un difficile compromis en perspective pour les pilotes.
Record du tour : 1:24.770 - JP Montoya (2005)
- Données techniques :
- L'œil du pilote avec Robert Kubica :
Lorsque je pense à la Turquie, la première chose qui me vient à l’esprit c’est qu’il y fait normalement très chaud pour la course et puis il y a le trafic sur le fameux Pont qui fait le lien entre l’Europe et l’Asie. C’est pour l’éviter que je reste toujours sur la partie ‘Asie’, où se trouve le circuit ; de cette manière, je ne suis pas bloqué sur la route et mes nerfs restent intacts !
Istanbul Park est un des meilleurs circuits modernes avec un superbe premier secteur qui présente bon nombre de longs virages. Le premier virage est assez délicat car le point de corde n’est pas visible : on y entre avant d’être en mesure de voir l’intérieur de la courbe. On avale ensuite une partie en montée et on prend le deuxième virage qui est très long. J’aime bien cette partie lors du premier tour de la course car il y a pas mal d’action entre les voitures, qui sont côte à côte.
On arrive au virage huit en milieu de tour. C’est un virage à quatre points de corde, que l’on prend à environ 260km/h. Le plus grand souci ce n’est pas tant la trajectoire à prendre mais le fait que la voiture talonne car il y a pas mal de bosses. C’est un virage que l’on prend presque à fond, le défi n’est pas si grand même les choses ne seront pas simples en début de course lorsque la pression des pneus sera encore relativement basse et la voiture très lourde. Il faut surtout faire attention au pneumatique avant droit qui sera mis à rude épreuve et peut souffrir de grainage à cet endroit.
On attaque une descente à l’approche des virages neuf et dix, qui forment une chicane qui remonte tout d’un coup. On peut être très rapide à l’entrée de cette section mais il faut faire attention à ne pas perdre le contrôle de la voiture à sa sortie car on peut facilement prendre large – comme cela est arrivé à Vettel au premier tour l’an passé. Il est parfois nécessaire de changer sa trajectoire surtout si on se trouve dans une bataille avec quelqu’un. On peut alors sacrifier un peu de vitesse à l’entrée et accélérer plus tôt à la sortie. C’est un virage assez étrange que je respecte toujours car on ne peut jamais y passer de manière parfaite.
La meilleure opportunité de dépassement se trouve dans la dernière section du tour, au virage 12, qui est situé juste après une longue ligne droite et qui amène à la section que j’appelle ‘mickey-mouse’. On peut être côte à côte avec quelqu’un mais on est toujours limité par la traction et par le niveau de grip à l’avant et, à moins que le pilote qu’on essaie de dépasser ne commette une erreur, il est difficile d’avoir le dessus.
En ce qui concerne la mise au point, Istanbul réclame un compromis entre le premier et le dernier secteur. Si on choisit une mise au point ‘high-speed’, on a une bonne aérodynamique pour le premier secteur mais on sacrifie du grip mécanique, alors on perd de la traction et de la stabilité de freinage, qui sont particulièrement importants dans le dernier secteur. - L'an dernier :
La R29 n’ayant pas le potentiel pour se mesurer avec les meilleures monoplaces du plateau, Renault a tenté de jouer avec l’exploitation des pneumatiques pour forcer le destin. La voiture d’Alonso était la plus légère de la grille de départ et celle de Piquet l’une des plus lourdes. L’Espagnol a fait un premier relais de 14 tours seulement, le Brésilien de 31 boucles. Peu importe les stratégies, la R29 n’est pas parvenu à faire la différence et à s’approcher des points.
Course :
- Présentation du GP 2010 :
Robert, après votre podium de Monaco, nous mettons le cap sur Istanbul Park en Turquie, un circuit très différent. Quelles sont vos attentes de ce week-end de course ?
Monaco a été notre meilleure performance de la saison mais il est important de ne pas être trop optimistes car je pense qu’il sera difficile de tenir le même rythme ce week-end. Néanmoins, je pense tout que nous pouvons être compétitifs en Turquie car c’est un circuit qui présente des caractéristiques similaires à Barcelone, où la performance de la voiture était bonne. J’espère également que les nouveautés que nous auront pour cette course nous aiderons à progresser encore et à nous qualifier un peu mieux qu’à Barcelone.
Après six courses, vous êtes à moins d’une victoire de la tête du championnat. Auriez-vous imaginé que cela puisse être possible ?
Durant les essais hivernaux, nous avions une idée du potentiel de la voiture. Nous avons compris ses points forts et nous les avons optimisés. Je suis tout de même encore surpris d’avoir marqué autant de points, mais cela démontre à quel point nous faisons du bon travail en tant qu’équipe. Nous avons su exploiter les opportunités qui se sont présentées, surtout lors de courses moins conventionnelles comme en Australie, ou pendant la séance de qualifications humide en Malaisie. Nous avons aussi su saisir les opportunités lorsque la voiture était performante comme à Monaco. Je pense donc que nous pouvons être très satisfaits de tout ce que nous avons accompli et du travail réalisé à l’usine pour apporter de nouvelles pièces tous les weekends. Nous avons toutefois encore un long chemin à parcourir cette saison et nous devons continuer à faire de notre mieux et à améliorer la voiture.
Que pensez-vous d’Istanbul Park ?
C’est certainement un des meilleurs circuits modernes qui présente de beaux virages, surtout en première partie. La fin du tour est un peu ‘mickey-mouse’ avec des virages lents ; il est complètement à l’opposé de la première section, ce qui veut dire qu’il faut faire un compromis lors de la mise au point. Ensuite, il y a le virage huit qui présente pas mal de défis, il sera surtout intéressant en début de course avec les charges d’essence importantes.
Vitaly, vous avez connu un weekend éprouvant à Monaco. Qu’avez-vous appris ?
Le week-end de Monaco a vraiment été difficile pour moi. Même en 14ème position sur la grille de départ, notre objectif était d’entrer dans les points, mais nous n’avons pas pu tirer profit de la course dimanche et c’est une chose que mes ingénieurs et moi avons analysé. J’avais espéré mieux, mais cela montre une fois de plus à quel point la Formule 1 est difficile : il faut être au top dans tous les domaines, tout le temps, afin d’obtenir de bons résultats.
Istanbul Park est généralement un circuit apprécié des pilotes. Est-ce le cas pour vous également ?
Oui, c’est un endroit que j’apprécie. On peut dépasser, le circuit est large et j’aime les différents types de virages proposés – pas juste le virage huit mais tout le tour. Pour être honnête, en GP2 le virage huit n’était pas si difficile que cela mais il va falloir que je le réapprenne au volant d’une F1. Comme pour toutes les courses, mon objectif sera de faire mon maximum et je me réjouis de courir sur un circuit que je connais bien.
Un week-end parfait en Turquie sera important…
Comme je l’ai dit, il faut être au top dans tous les domaines en Formule 1, tout au long du week-end, si on veut obtenir un bon résultat. Cela veut dire se donner à fond. A Monaco, les écarts étaient très proches et j’attaquais à la limite pour trouver quelques dixièmes de seconde lorsque j’ai eu l’accident en qualifications. Pour la Turquie, je vais encore tout donner et faire de mon mieux, mais l’objectif sera de mettre toutes les pièces dans le bon ordre et d’avoir un week-end serein.
Quelles sont vos attentes pour ce week-end de course?
C’est difficile à dire. Je pense que nous devons attendre jusqu’aux essais libres de vendredi pour juger la performance de la voiture. Pour la séance de qualifications, l’objectif sera d’au moins d’entrer dans le top 10 et ensuite nous verrons ce qui se passera le dimanche…
Eric, revenons sur Monaco. A quel point était-il gratifiant de voir Robert sur le podium ?
Le Grand Prix de Monaco est toujours un week-end très spécial. Il a donc été très agréable de voir la R30 et Robert si performants. C’est une des courses qui présente le plus de challenges en termes de pilotage. Le circuit requiert une voiture très réactive et une conduite exceptionnelle. Dès les premiers essais, jeudi, nous avons pu constater que la voiture était très compétitive. Robert a pu capitaliser sur cette situation et il a décroché un superbe résultat pour l’équipe. Il est certain que, lorsqu’on débute la course en première ligne, on vise la victoire, mais je crois que nous pouvons être fiers de notre performance.
Avez-vous été surpris de constater le niveau de performance de la R30 à Monaco ?
Cela a été une bonne surprise. Nous savions que le circuit allait convenir à la voiture mais nous ne nous attendions pas à pouvoir nous battre contre les Red Bull. Cela dit, je connais les efforts fournis et le travail accompli afin d’améliorer la voiture depuis le début de la saison et nous avons clairement fait un pas en avant en termes de performance course après course. Le package mécanique de la R30 est certainement un de ses points les plus forts et cela a contribué à notre rythme à Monaco.
Peut-on s’attendre à un niveau de compétitivité similaire en Turquie ce weekend, sur un tracé plus traditionnel ?
Je n’aime jamais faire de prédictions mais il faut se rappeler que les caractéristiques d’Istanbul Park sont complètement différentes de celles de Monaco. Nous savons que la voiture fonctionne bien sur des circuits sinueux et, comme nous avons pu le constater à Barcelone, il nous faut encore trouver un peu de performance sur des circuits plus classiques. Cependant, nous disposerons encore de nouveautés ce week-end. Notre compétitivité devrait se situer à mi-chemin entre celle de Barcelone et celle de Monaco. Cela nous donnera une bonne opportunité de nous battre pour des points.
Robert s’est intégré à l’équipe de manière tout à fait naturelle et il semble être une réelle source de motivation. Quel impact sa présence a-t-elle sur le Renault F1 Team ?
Il faut se rappeler que notre relation avec Robert en est encore à ses débuts. Cela dit, il a déjà une bonne connaissance du fonctionnement de l’équipe et il travaille bien avec tout le monde. J’ai déjà parlé de son implication totale et c’est vraiment un réel plaisir de travailler avec un pilote qui a autant soif de réussite que nous. Son enthousiasme et son engagement sont un boost pour toute l’équipe – sur le circuit comme à l’usine. On peut s’attendre à ce que Robert devienne encore plus fort au fur et à mesure que notre relation se développe.
Vitaly a connu quelques déceptions ces dernières courses. Quel est son état d’esprit en ce moment ?
Ces dernières courses l’ont un peu frustré mais il est important qu’il mette cela derrière lui, qu’il se recadre et se concentre sur son roulage. Il a connu un bon début de weekend à Monaco et il était clair qu’il avait le rythme pour se qualifier dans le top 10 jusqu’à son accident en séance de qualifications. S’il avait pu passer la Q2, je suis certain qu’il aurait marqué des points. Nous savons donc qu’il est rapide, il lui faut maintenant connaître un week-end parfait et ça, c’est le challenge principal pour un rookie. Ces dernières courses lui ont beaucoup appris et je suis sur qu’il en sera plus fort ce week-end.
Enfin, quelles sont vos attentes pour la course?
J’espère que nous pourrons extraire le maximum de notre package et que les deux voitures entreront dans les points.
- Le challenge du virage 8
Demandez à n’importe quel pilote une question concernant Istanbul Park et il parlera rapidement du virage numéro huit. C’est une montagne russe prise à 260km/h avec quelques bosses et qui exerce des forces latérales importantes sur la voiture et le pilote. Venir à bout de ce virage requiert une bonne mise au point et une grande compétence de pilotage.
Bien que le virage huit soit souvent décrit comme étant un virage à quatre points de corde, les pilotes le traite comme étant une courbe à deux points de corde. Et, comme pour tout virage, les ingénieurs traitent le virage huit en trois phases : l’entrée, le milieu et la sortie. La seule différence, c’est que cette courbe est une des plus longues de la saison et prend huit secondes de l’entrée jusqu’à sa sortie. Sur 600 mètres de ce virage, la voiture se déplacera à une vitesse maximale de 270 km/h.
Les statistiques des forces latérales sont tout aussi impressionnantes : les pilotes seront sujets à une force latérale d’une moyenne de 4,3 G durant ces huit secondes, avec un pic à 5,2 G. Le virage met le cou des pilotes à rude épreuve ; il ne sera donc pas étonnant de voir des coussinets supplémentaires sur l’appuie-tête des pilotes ce weekend pour mettre ces derniers un peu plus à l’aise lors de cette course qui comptera 58 tours.
Concernant la mise au point, l’équipe se concentrera sur l’équilibre aérodynamique pour que les voitures restent bien ‘collées’ au passage de ce virage très rapide. Les ingénieurs vont également privilégier un bon set-up de l’aileron pour une bonne stabilité de l’avant. Un autre paramètre important est la hauteur de caisse, comme l’explique Alan Permane, chef ingénieur de l’équipe : « Il y a quelques bosses au virage huit, il faut donc s’assurer que la voiture ne talonne pas, surtout en début de course avec les lourdes charges d’essence. La priorité sera de trouver une bonne hauteur de caisse, qui fonctionne à la fois pour la séance de qualifications et la course. Le challenge sera de mettre au point la voiture de manière à ce qu’elle soit adaptée à toutes les conditions. »
Ce sont ces bosses sur la trajectoire de course qui présenteront un réel défi pour les pilotes lorsqu’ils prendront le virage huit à fond, même en configuration de séance de qualifications. « Ce virage a toujours été difficile à cause des bosses qui ont un impact sur l’équilibre, » dit Robert Kubica. « L’an passé, on le prenait presque à fond alors cette année nous verrons. Je ne pense pas qu’il sera particulièrement difficile en qualifications mais le vrai challenge sera en début de course lorsque les pressions des pneus seront basses et la voiture lourde avec l’essence embarquée. »
Si les premiers tours de la course seront un pas dans l’inconnu, les pilotes savent que le virage huit sera plus facile à négocier au fur et à mesure que les charges d’essence diminueront. Et, en assumant que les pneumatiques ne se dégradent pas trop, ils pourraient prendre le virage à fond vers la fin de la course.
En parlant des pneumatiques, le virage huit est réputé être un ‘tueur’ pour le pneu avant droit qui est sujet à de lourdes charges à chaque tour et cela peut entraîner du grainage. Une bonne compréhension de la performance des pneus sera donc une priorité des le début des essais libres du vendredi.
- Les horaires :
Vendredi 28 mai
Essais L1 : 9h à 10h30
Essais L2 : 13h à 14h30
Samedi 29 mai
Essais L3 : 10h à 11h
Qualification : 13h
Dimanche 30 mai
Course : départ à 14h
- La météo :
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