- Le circuit :
Toyota rivalise aussi avec Honda en coulisses, et c'est dans la déception générale que la firme à déplacé à Fuji le Grand Prix du Japon en 2007 et 2008, avant une alternance qui soulagera tout le monde...
Deux grands prix y ont eu lieu, en 1976 et 1977, le temps quand même de se faire une histoire : c'est là que Niki Lauda, de retour avec ses pansements du Nürburgring, avait renoncé sous la pluie, apeuré par le spectre d'un nouveau crash. James Hunt n'avait plus eu qu'à se pencher pour ramasser le titre, et Masahiro Hasemi plutôt mystérieusement l'accessit du meilleur tour en course...
C'est très pompeusement, trente après, que Fuji a forcé la porte d'entrée avec un slogan qui ne doute de rien : "Grand Prix du Japon F1 au Fuji Speedway : Une beauté sans fin, une excitation sans limite." Néanmoins, moyennant une météo complice, le Mont Fuji offrira une vue unique.
Reste cette version moderne qui offre la plus longue ligne droite du championnat (1,475 km).
- Renault au Grand Prix du Japon
Fuji est apparu au calendrier pour la première fois en 1976 et si Renault disputait en 1977 sa première saison en Formule 1, l’escadron français n’a pas fait le grand voyage vers l’Est. C’est donc à travers Suzuka que Renault découvrira le Japon.
Le constructeur français a disputé sa première course à Suzuka en 1989, le circuit nippon ayant été ajouté au calendrier en 1987. Ce fut un début tout en fanfare puisque les Williams-Renault de Riccardo Patrese et de Thierry Boutsen se classaient en seconde et troisième position. Pas de podium en 1990 mais Patrese décrochait la troisième place en 1991 (alors que son coéquipier, Mansell, abandonnait) avant de gagner en 1992. Son coéquipier Britannique, déjà sacré, avait lui décroché la pole position. Le Champion du Monde Alain Prost finissait second en s’élançant de la pole position en 1993 alors qu’en 1994, Damon Hill sur Williams-Renault décrochait sa plus belle victoire sous la pluie et prolongeait ainsi sa lutte pour le titre jusqu’à la fameuse course d’Adélaïde. L’année suivante, Schumacher s’élançait en pole position alors qu’en 1996, Damon Hill montait sur la plus haute marche du podium et décrochait ainsi le championnat du monde. En 1997, Heinz-Harald Frentzen prenait la seconde place pour l’avant dernière course de la saison !
L’ère de Renault F1 Team fut couronné de nombreux succès au Japon et notamment ces dernières années. L’écurie est entrée dans les points lors de chaque édition du Grand Prix du Japon entre 2002 et 2004 et a décroché deux doubles podiums en 2005 and 2006 ! En 2005, Giancarlo Fisichella terminait devant son coéquipier, Fernando Alonso, alors que les Renault se classaient deuxième et troisième, et 2006, c’est au Japon que le championnat a pris tournure lorsque Ferrari était trahi par sa fiabilité et permettait ainsi à Alonso de décrocher une victoire cruciale dans sa lutte pour sa seconde couronne mondiale. En 2007, malgré une saison en demi-teinte, Renault décrochait son seul et unique podium de l’année à Fuji avec Heikki Kovalainen alors que la course avait lieu dans des conditions quasi apocalyptiques.
Au total, Renault a décroché 5 pole positions, 15 podiums et 5 victoires au Japon, dont la victoire au Championnat du Monde de Damon Hill en 1996.
Cette année, pour la seconde année consécutive, Renault F1 Team se prépare à disputer le Grand Prix du
Japon au Fuji Speedway et espère décrocher un beau résultat pour l’aider à remporter cette quatrième place au
championnat du monde ! - Données techniques :
Le circuit du Grand Prix du Japon offre un mélange de virages très lents avec une longue ligne droite principale conçue pour favoriser les dépassements. Les équipes se doivent comme souvent d’opter pour le meilleur compromis en termes de mise au point pour garantir une bonne vitesse de pointe et un niveau de grip suffisant pour être efficace dans les secteurs plus sinueux. Le grip mécanique et un moteur souple seront la clé une fois de plus.
Châssis : Le circuit de Fuji est dominé par un enchainement de virages lents où le grip mécanique sera un facteur critique. Cela devrait pousser les équipes à opter pour un réglage général plutôt souple, comme à Bahreïn par exemple, même si pour être efficace dans les changements rapides de direction comme ce sera le cas dans les sections lentes et serrées, les équipes retiendront peut être un train avant plus dur. La motricité est également un paramètre déterminant puisque les voitures à la peine en sortie du virage 16 très lent se voient généralement en position vulnérable au virage numéro 1 après la longue ligne droite principale. En raison de la nouvelle surface, les équipes pourront adopter une hauteur de caisse plutôt basse et les monoplaces ne devraient ainsi pas talonner.
Aérodynamisme : En ce qui concerne les appuis aérodynamiques, le circuit a été redessiné, les équipes devront donc sacrifier du temps au tour (et des appuis) pour garantir une bonne vitesse de pointe pour être capable de remonter dans le peloton ou de défendre une position. Les voitures utiliseront donc probablement des réglages inférieurs aux appuis optimums pour les parties intérieures sinueuses, ce qui renforce encore l’importance du grip mécanique. Le circuit ne compte que deux virages à moyenne ou haute vitesse que sont les virages numéro 3 et le long 180° des virages 4 et 5. La voiture risque très certainement de souffrir de sous virage, ce qui obligera les pilotes et les ingénieurs à composer sans compromettre pour autant les performances dans les parties plus sinueuses.
Freins et pneumatiques : Les freins ne seront pas être exagérément sollicités avec seulement deux gros freinages aux virages numéro 1 et 10, ce qui laisse donc bien suffisamment de temps pour les refroidir entre ces deux secteurs. En ce qui concerne les pneus, le circuit ne se révèle pas particulièrement sévère pour les enveloppes étant donné l’absence de virages à très haute vitesse ; cependant, le niveau d’usure des pneus arrières peut être important compte tenu de l’importance de la motricité dans la partie sinueuse. L’usure des pneus pourra donc se révéler déterminante en course et rendre un pilote plus ou moins vulnérable face aux attaques de ses concurrents. Comme l’an dernier, Bridgestone mettra à disposition des équipes les pneus tendres et intermédiaires de sa gamme 2008.
Moteur : Fuji n’est pas particulièrement exigeant pour les moteurs V8, avec 53% du tour à pleine charge, mais les défis qu’il soulève sont très différents. La longue ligne droite verra les moteurs à pleine puissance pendant près de 17 secondes, ce qui sera un bon défi pour les pièces en mouvement du moteur. Pour le reste du circuit, un moteur souple et plein sera sans doute un avantage pour se relancer en sortie des nombreux virages lents. Une cartographie progressive sera également utile pour garantir la stabilité de la monoplace puisque les pilotes seront souvent amenés à rétrograder tout en freinant, notamment dans la dernière partie du tour.
- L'an dernier :
C'est dans des conditions quasi apocalyptiques que deux rookies se sont imposés au Fuji International Speedway dans le cadre du Grand Prix du Japon, quinzième épreuve de la saison 2007.
Si Lewis Hamilton remporta la course sans avoir jamais été véritablement menacé, Heikki Kovalainen décrocha son premier podium en F1 et l'unique de Renault en 2007. Après près de 20 tours bouclés sous safety car aux vues des conditions de piste, la course démarra enfin et pu reprendre ses droits. Qualifiée hors du top 10 la veille, l'équipe décida de charger ses deux voitures en essence pour miser sur une stratégie à un arrêt, ce qui a payé puisqu'ils ont tous deux fait un premier relais plus long que les concurrents les précédant.
Avant leur premier arrêt, les pilotes Renault occupaient alors les deux premières places. La voiture de sécurité fut déployée une nouvelle fois après la sortie impressionnante de Fernando Alonso entre les virages 5 et 6 au 43ème tour, Heikki était alors quatrième et la collision presque incroyable entre Vettel et Webber alors tous deux derrière la voiture de sécurité, lui permit de revenir en deuxième position. Ensuite, le Finlandais ne lâcha rien et résista aux attaques de Massa d'abord, puis de son compatriote Räikkönen, revenu très fort en fin de course.
Comme à Spa deux semaines plus tôt, la bataille entre les deux hommes fut très serrée mais le jeune pilote Renault réussît à s'imposer et décrocha la deuxième place, son premier podium dans la catégorie reine. Giancarlo Fisichella finira 5ème après une solide course, où il a dû cependant se battre quelque peu avec la voiture qui se montra relativement irrégulière notamment dans les virages lents.
Course :
- Présentation du GP 2008 :
Fernando, à Singapour, vous avez décroché votre premier podium cette saison et la première victoire
de l’équipe en deux ans. Qu’avez-vous ressenti ?
J’étais vraiment très heureux ! Nous avons eu un début de saison difficile ; se battre pour la victoire il y a encore quelques mois me semblait totalement impossible mais l’équipe n’a pas relâché ses efforts, nous n’avons jamais baissé les bras. Dès les premiers essais à Singapour nous étions dans le rythme, la voiture réagissait bien et nous avions donc de grands espoirs. Les qualifications ont été ensuite une grande déception mais en course, la chance a tourné et nous avons finalement réussi à nous imposer ! C’était un sentiment très fort et je tiens encore à remercier tous les membres de l’équipe pour tous leurs efforts ces derniers mois car c’est grâce à eux que cette victoire a été possible !
Pensez-vous qu’à Fuji également la R28 puisse se montrer compétitive ou cela était-il propre aux
caractéristiques du circuit de Singapour ?
Il est vrai qu’un circuit urbain est toujours très particulier. Votre niveau de performance repose bien entendu sur le niveau de compétitivité de votre monoplace mais aussi sur vos réglages et votre capacité à prendre des risques. Nous avons travaillé pour développer de nouvelles pièces pour Singapour mais aussi pour les trois dernières courses du championnat et je pense donc que nous pourrons être dans le rythme à Fuji. Nous ferons notre maximum pour que cela soit le cas et nous essaierons de profiter autant que possible des premiers essais du vendredi.
Quels seront les points de réglages sur lesquels vous devrez vous montrer vigilant ?
Le circuit comprend une très longue ligne droite et les appuis aéros seront une fois encore déterminants. Il y a également plusieurs enchaînements de virages à moyenne et basse vitesse ; les cinq derniers virages notamment s’abordent en seconde. L’équipe aura donc fort à faire pour déterminer le niveau d’appuis embarqués et le grip mécanique qui sera important surtout dans les secteurs lents. Nous aurons sans doute un programme de travail très similaire à celui que nous déroulons habituellement pour un circuit où nous ne roulons qu’une fois par an.
Quelles sont vos ambitions pour ce Grand Prix du Japon ?
Après notre victoire à Singapour, toute l’équipe a forcément envie de revivre ça dès que possible. Nous devons rester concentrés et essayer de retrouver notre niveau de performance de Singapour pour pouvoir essayer de nous battre aux avant-postes. Je reste cependant lucide, les Ferrari et les McLaren seront difficiles à aller chercher mais nous ferons notre maximum pour marquer autant de points que possible, la lutte pour la quatrième place aux Constructeurs reste très serrée !
Nelson, à Singapour, l’équipe a remporté son premier Grand Prix de la saison mais pour vous la course
s’est terminée plus tôt que prévu...
Oui, c’est un superbe résultat pour l’équipe car tout le monde a beaucoup travaillé pour rendre cela possible ; c’est donc une belle récompense. J’avoue que de mon côté, j’étais très déçu de ma course. Dès le début, les choses ont été compliquées, il faut dire que parti aussi loin sur la grille, la course s’annonçait difficile. J’ai eu une longue phase de grainage et la situation n’a fait ensuite qu’empirer. L’équipe m’a demandé d’attaquer, ce que j’ai cherché à faire, et j’ai finalement perdu l’arrière de ma monoplace. C’est donc une course à oublier en ce qui me concerne…
L’équipe poursuit sa campagne asiatique avec le Grand Prix du Japon ce week-end. Comment
abordez-vous cette course ?
C’est une fois encore un circuit que je ne connais pas et que je devrais donc découvrir. J’essaierai de me mettre dans le bain le plus vite possible le vendredi en profitant au maximum des trois heures de roulage à ma disposition. L’équipe a des données de l’an dernier et j’ai donc déjà pu me préparer sur cette base ; des données que je complèterai avec mes ingénieurs lors de notre tour du circuit le jeudi.
Le Grand Prix du Japon est toujours une course très appréciée du calendrier. Etes-vous impatient de
courir à Fuji ?
Oui, apparemment, les supporters japonais sont très enthousiastes et cela rend l’ambiance de ce Grand Prix très particulière. J’ai hâte de courir à Fuji, le circuit semble intéressant, et j’espère faire une bonne course, j’en ai besoin.
On se souvient des conditions météo quasi apocalyptiques l’an dernier qui avaient d’ailleurs permis à Heikki de tirer son épingle du jeu et de monter sur le podium. Aimez-vous piloter dans ces conditions ?
Une course sous la pluie est toujours plus incertaine, plus délicate mais elle peut, comme pour Heikki l’an dernier, aider à accrocher un bon résultat ! Pour ma part, je ferai avec, peu importe les conditions. Dans tous les cas, les conditions de piste seront les mêmes pour tous et je suis bien décidé à me battre pour faire une bonne course que ce soit sous la pluie ou sous un ciel parfaitement dégagé !
Bob, la R28 a remporté un Grand Prix. Toute l’équipe doit être fière de ce qui a été atteint ?
Absolument ! Nous avons entamé cette saison à plus d’une seconde des leaders et nous n’avons eu de cesse de répéter que nous souhaitions développer cette voiture pour pouvoir nous battre pour monter sur le podium d’ici la fin de saison, ce qui a été fait. Nous sommes bien conscients que nous ne sommes pas en mesure de dépasser Ferrari et McLaren cette année mais nous pouvons nous battre pour le podium et c’est à mettre au crédit de toute l’équipe et de l’énorme travail de développement qui a été mis en place au cours de la saison.
Comment expliquez-vous le niveau de compétitivité de la R28 à Singapour ?
Je crois que c’est le résultat de plusieurs éléments, le lieu et le fait que Fernando et l’équipe ont toujours été bons pour relever de nouveaux défis. L’équipe est arrivée à Singapour bien préparée ce qui nous a aidés à tirer le meilleur de la voiture. Nous avions également de nouveaux éléments aérodynamiques pour cette épreuve. Il s’agissait d’un pas en avant dans plusieurs domaines et cela a permis à notre monoplace d’être particulièrement bien adaptée à ce tracé et aux conditions.
La chance a indéniablement eu sa part dans la victoire de Fernando mais l’Espagnol a fait preuve d’un pilotage remarquable. Comment jugez-vous sa performance ?
J’ai retrouvé le Fernando de l’époque, très agressif, qui ne lâche jamais, et lorsque l’occasion se présente, celui qui attaque et ne lâche rien pour saisir sa chance. La chance a biensûr eu sa place dans ce très beau résultat, avec notamment l’entrée en piste de la voiture de sécurité, mais Fernando a été dans le coup tout le week-end et après la seconde période sous safety car, il a tout de suite réussi à faire le trou avec Rosberg et Hamilton, ce qui a confirmé le niveau de compétitivité de notre voiture et le fabuleux pilotage de Fernando.
Ce résultat est sans doute très important pour le moral de l’équipe ?
C’est très important car l’équipe est passée par des moments très difficiles depuis ses titres en 2005 et 2006. Nous nous devions de rebondir, de retrouver notre confiance et de démontrer que nous étions toujours en mesure de produire une voiture compétitive et de gagner des courses. Ce résultat le confirme et renforce le moral de tous au sein de l’équipe, ce qui est déterminant pour les trois courses à venir, alors que nous nous battons pour garder la quatrième place aux Constructeurs. C’est aussi primordial pour nos préparations en vue de la saison prochaine !
Nelson a eu un week-end difficile. Dans quel état d’esprit est-il en ce moment ?
Il a eu du mal effectivement à Singapour pour apprendre le circuit et n’a sans doute pas trouvé ses repères aussi rapidement que Fernando. Il a eu des soucis en qualifications et n’a pas réussi à passer en Q2. Il a ensuite eu une course difficile mais c’est un attaquant et nous savons qu’il peut rebondir dès la prochaine course. Nous ne remettons absolument pas en doute son talent, il doit juste maintenant être en mesure de fournir une performance constante et régulière sur un week-end de Grand Prix.
Quel bilan tirez-vous de cette première course de F1 en nocturne ?
C’était fantastique, surtout pour Renault ! C’était formidable de courir de nuit dans cette région du monde et cela a été une course incroyable. Tout s’est très bien passé et c’est à mettre au crédit des organisateurs qui ont fait un superbe travail pour rendre cela possible. La F1 est sortie grandie, je crois, de cette première course à Singapour !
Nous nous préparons maintenant à aller à Fuji pour le Grand Prix du Japon, où Renault s’était d’ailleurs classé second… Comment l’équipe se sent-elle à l’approche de cette course ?
Après notre résultat à Singapour, nous sommes sans doute optimistes mais nous n’aurons pas de nouvelles pièces pour cette course et nous n’avons pas de préparations particulières en dehors de ce que nous faisons généralement pour chaque course. Comme l’an dernier, la pluie pourra venir perturber ce Grand Prix et cela pourrait être à notre avantage une fois encore !
Vous avez cinq points d’avance sur Toyota, avec trois courses au calendrier. Comment voyez-vous cette lutte pour la quatrième place aux Constructeurs ?
C’est une lutte que nous devons remporter et cela représente autant que de se battre avec Ferrari et McLaren, autant dire que nous la prenons très sérieusement ! Nous avons clairement dit en début de saison que nous voulions finir dans les quatre premiers du championnat Constructeurs et clore la saison avec potentiellement la troisième voiture la plus rapide du plateau. Nous voulons maintenant atteindre cet objectif.