.:: Automobile: l'éventuel mariage GM/Renault-Nissan suscite toujours le scepticisme ::.
Jeudi 24 août 2006 - 12h44
Les analystes et les marchés se montrent toujours sceptiques sur la possibilité d'une alliance à trois entre General Motors (GM) et Renault-Nissan alors que
Ford fait irruption comme autre partenaire possible du groupe franco-japonais.
Les PDG de GM Rick Wagoner et de Renault-Nissan Carlos Ghosn se sont donné trois mois à compter du 14 juillet pour évaluer les avantages d'un partenariat entre leurs groupes respectifs.
Mais ni l'un ni l'autre ne sont à l'origine de l'idée d'un tel rapprochement qui a été proposée par le milliardaire Kirk Kerkorian, le premier investisseur individuel de GM.
A en croire un éditorial de Paul Ingrassia, l'un des meilleurs spécialistes américain du secteur de l'automobile, dans le Wall Street Journal mercredi,
Bill Ford, le PDG du groupe éponyme, a récemment téléphoné à Carlos Ghosn pour discuter d'une alliance Ford/Renault-Nissan, au cas où le projet avec GM échouerait.
"Si vous ne faites pas affaire avec GM pour quelque raison que ce soit, venez me parler", aurait dit M. Ford à Carlos Ghosn, selon Paul Ingrassia. Ce dernier aurait alors répondu qu'il attendait la fin de la période d'examen de l'alliance avec GM avant d'envisager peut-être autre chose.
Une porte-parole de Nissan, Frédérique Le Greves, a indiqué que "pour l'instant, la priorité pour nous est de nous concentrer sur l'étude d'une alliance avec General Motors".
Un porte-parole de Ford, Tom Hoyt, a pour sa part évoqué des "spéculations" et indiqué ne jamais commenter "les réunions, appels téléphoniques et tout type d'activité (dans l'emploi du temps) de notre président et directeur-général".
Mais l'entrée en scène de Ford est peu surprenante. Depuis la mi-juillet, plusieurs analystes ont largement souligné les déclarations réticentes de Rick Wagoner sur un ménage à trois.
Le PDG de GM a exprimé en substance son refus d'un raid déguisé de Renault-Nissan sur GM et mis en avant la restructuration des activités nord-américaines de GM comme priorité absolue. GM doit fermer 12 usines d'ici 2008, supprimer 34.000 emplois et réorganiser sa production autour de modèles mieux adaptés à la demande.
Face à Wagoner, Ghosn a également fait valoir qu'une alliance avec GM ne se ferait que si elle était susceptible de bénéficier à Renault-Nissan, mais également souligné qu'un partenaire aux Etats-Unis serait le bienvenu, notamment par l'apport de sites de production déjà existants.
"Depuis le début, ces discussions entre GM et Renault-Nissan semblent poussées seulement par Kerkorian et nous sommes plusieurs dans cette industrie à penser que c'est avec Ford que Renault-Nissan devrait discuter", estimait récemment un acteur du secteur s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Un avis partagé par Rod Lache, un analyste de la Deutsche Bank, qui estime qu'une alliance avec Renault-Nissan "pourrait créer davantage de valeur" pour Ford qu'elle n'en créerait pour GM.
Ford et GM, tous deux en difficultés en Amérique du nord face aux concurrents asiatiques, ont décidé de se restructurer en profondeur mais GM semble pour l'heure s'en sortir mieux.
GM a certes affiché une perte nette de 3,2 milliards de dollars au deuxième trimestre, mais elle provient principalement de 4,3 milliards de charges pour le volet social de sa restructuration.
Celui-ci se déroule mieux que prévu grâce à un plan de départs volontaires auquel 34.000 employés ont souscrit, là où GM voulait initialement supprimer 30.000 emplois.
Ford a de son côté perdu 254 millions de dollars au 2e trimestre et doit présenter en septembre des mesures supplémentaires pour accélérer sa restructuration. Vendredi dernier, le groupe a aussi annoncé une réduction de 21% de sa production nord-américaine pour compenser la baisse de son chiffre d'affaires.