Ferrari ne veut pas du KERS en 2009Jeudi 13 Novembre 2008 - 06h14 Le KERS fait débat. Le système de récupération et de restitution de l’énergie cinétique renverse même les rôles dans une situation cocasse où ce sont les constructeurs qui brocardent une technologie onéreuse, tandis que la FIA – l’apôtre de la réduction des coûts – met toute son énergie, cinétique et potentielle, au service de sa volonté de le voir introduit en F1 dès 2009.
Le président de Ferrari, Luca Di Montezemolo, est monté au créneau pour soutenir ses troupes. L’écurie de Maranello fait partie, avec la totalité du plateau hormis BMW et Honda, des opposants au KERS (système de récupération et de restitution de l’énergie cinétique). Après quelques problèmes de jeunesse mineurs mais spectaculaires – un mécanicien électrocuté après avoir servi de masse lors d’un retour aux stands de la F1.08 – le constructeur de Munich a effectué de larges progrès dans le développement de son KERS.
Même observation du côté de Brackley où, la saison 2008 étant une nouvelle année de transition, l’énergie et l’argent ont pu être canalisé vers des axes de recherche 2009 et la révolution technique de la F1 : nouvel aérodynamisme, retour des pneus slicks et possible introduction de KERS. Pilote essayeur Honda, Wurz n’explique-t-il pas à qui veut l’entendre que Honda possède une longueur d’avance sur ses rivales ?
Courant à bride abattue vers la conquête de titres mondiaux, le cheval cabré et les flèches d’argent n’ont pas eu les coudées franches pour investir dans le KERS et dans son développement. Aucune des deux écuries de pointe n’a offert à son système de récupération d’énergie son baptême de la piste à ce jour – ce sera chose faite à Barcelone la semaine prochaine, chez Ferrari avec une F2008K, la voiture championne du monde sur laquelle a été couplé le KERS. Ferrari a même essuyé de sérieux revers au banc, avant que le projet ne se stabilise le mois dernier. De son côté, McLaren a mis les bouchées doubles en s'associant à la société Freescale Semiconductors (leader dans son créneau des semi-conducteurs) pour développer son KERS
Le KERS est devenu le vilain petit canard auquel certain aimerait bien torde le cou. L’argument est tout trouvé : le KERS est onéreux ! La FIA, qui prône le dégonflement de la facture F1 par tous les moyens, est tiraillée entre deux philosophies qui lui sont chères. Le KERS doit en effet être le symbole d’une F1 enfin verte et retarder son entrée en vigueur serait nuisible à l’image de la discipline reine des sports automobiles. Pour Ferrari, Mercedes et consorts, la rhétorique est plus franche et directe : sus au KERS !
« L’avenir semble très compliqué avec ces nouvelles réglementations » expose Di Montezemolo à autosprint, dans une introduction sibylline destinée à mettre lecteur et le fan en garde,
« Nous pensons que l’introduction du KERS dès cette année est une erreur même si nous sommes en faveur du fait que la F1 doit être un tremplin technologique. Mais le système de récupération d’énergie sera de toute façon différent de celui utilisé sur les voitures de tourisme. »Le premier argument étant sujet à caution et incapable d’infléchir la FIA, pour mieux étayer son propos, le président de Ferrari brandit le fléau actuel de la F1 : le gouffre financier, et réitère au passage son aversion (Ferrari a menacé de quitter la F1 si elle n’était plus maîtresse de la conception de son bloc propulseur) pour le concept du moteur standard unique qu’une tierce partie serait chargée de concevoir et que les constructeurs exploiteraient en course.
« Les coûts sont prohibitifs et la FOTA étudie des propositions qui pourraient satisfaire la requête de Max Mosley en matière de réduction de dépense. Le moteur pour 3 GP pour €10 millions divise la note en 2 par rapport à 2008. En 2011 nous serons à 5 millions, à comparer aux 20 millions dont nous avions besoin 4 ans auparavant. De plus, les essais privés seront réduits à 15.000 km. Je pense qu’il faut faire appel au bon sens : le bon sens général et celui du conseil mondial de la FIA. Nos propositions, approuvées pour 2009, en sont un exemple. Nous avons 2 objectifs : d’aider les plus petites écuries et de permettre à la F1 de faire de la recherche et de l’innovation, notamment pour les pétroliers. Il est impensable que les grands constructeurs automobiles acceptent de re-badger un moteur construit par quelqu’un d’autre. »