Renault : ça urge
Repartis de Bahreïn sans point, les techniciens de Renault passent deux messages : il est urgent de progresser et la victoire reste l'objectif.
Comment Renault pourrait-elle ne pas être consciente de ses insuffisances ? Jeudi, elle en expose quelques une, dans le podcast post-Grand Prix de Bahreïn, qui fût loin d'être glorieux pour elle. Qualifié 10e, Fernando Alonso a terminé à cette place, tandis Nelson Piquet n'a pas fini, stoppé par un problème de boîte de vitesses.
"Nous avons besoin d'une vague de changements. Clairement, notre plus gros déficit se situe au niveau de l'aérodynamique mais nous pouvons aussi apporter des améliorations dans le domaine mécanique" , expose le directeur technique châssis, Bob Bell.
Après trois grands prix outre-mer sans nouveauté, Enstone va justement évaluer dès la semaine prochaine plusieurs évolutions sur la R28 afin de rebondir. Au programme de Montmelo : la greffe d'un nouveau package aéro et d'un amortisseur type "mass damper" simplifié, appelé "J-damper". Et elle travaillera sans filet : la R28 qui roulera dans la banlieue de Barcelone sera celle du Grand Prix d'Espagne, disputé les 25, 26 et 27 avril.
Cet hiver, l'écurie championne du monde en 2005 et 2006 n'a effectué que 12.451 kilomètres d'essais, sur les 30.000 maxi accordés par la FIA pour 2008, alors que Ferrari a été la plus assidue avec 17.858 kilomètres couverts. En fait, seules Force India (12.018 km) et Super Aguri (5373 km) ont moins tourné. Avec ses deux titulaires à l'oeuvre pendant quatre jours (du 14 au 17 avril), Renault va commencer à monter en régime, alors que dans le même temps beaucoup d'équipes repartiront dès le troisième jour.
"Cette voiture n'a pas de tare"
Néanmoins, Bob Bell a précisé que des progrès étaient à réaliser également à l'usine, dans le fonctionnement même de l'équipe. "Nous allons progresser dans la façon dont l'organisation et la structure sont conduites dans le domaine aérodynamique pour s'assurer de revenir dans le coup en piste", précise encore le cerveau, qui fête ses 50 ans jeudi. L'allusion au recrutement de Dirk de Beer est claire. celui-ci avait donné son accord en juillet dernier pour prendre (bientôt) en charge le département aéro, jusqu'alors chapeauté par Dino Toso, dont le nouveau rôle n'a pas été défini. Chez Renault, Dirk de Beer va retrouver les outils informatiques de pointe qu'il avait chez BMW, et même mieux car si Hinwil se vantait d'avoir en "Albert2" l'un des cinq cent ordinateurs les plus puissants du monde, Enstone va lui offrir le top cent. Pour résumer l'enjeu du moment, Bob Bell a précisé qu'il faut faire de "grands pas en avant et pas des petits car nous n'avons pas le temps".
Par ailleurs, Rémi Taffin a relativisé les difficultés de Fernando Alonso à Bahreïn, où il avait péniblement passé la Force India de Giancarlo Fisichella. Son aileron arrière, rogné dans un choc avec Lewis Hamilton (McLaren), lui avait beaucoup coûté en performance. "Le gros problème dans ce cas là, c'est qu'on perd la balance aérodynamique de la voiture", explique Rémi Taffin, son ingénieur motoriste de course. "Comme on a un peu perdu sur l'arrière, ça s'est retrouvé sur l'avant. La perte d'appuis était de l'ordre du pourcent. C'est pour ça que dans le premier relais, la voiture a été survireuse".
"Il manque une demi-seconde pour se battre avec ceux qui sont devant nous, et une seconde pour être devant Ferrari", poursuit le technicien français. "Malheureusement ou heureusement, cette voiture n'a pas de tare, elle n'a pas de gros problème. Elle n'est simplement pas assez rapide. Il faut travailler sur l'aéro, la mécanique, l'exploitation des pneus, l'exploitation de la voiture, l'équipe technique, tout le monde…"
"L'objectif est toujours le même. On avait dit qu'on voulait se mettre en position de gagner des courses, au moins une ou deux. Je ne vois pas pourquoi il aurait changé, même si on n'est pas là où on espérait en début de saison. On peut retourner la situation" , ajoute-t-il.
http://www.eurosport.fr/formule1/gp-d-e ... 7754.shtml