Bientôt il faudra se lever plus souvent vers 7h00 du matin pour regarder un GP.
.:: L'Asie est l'avenir de la F1, l'Europe son Tiers-Monde ::.
Vendredi 13 octobre 2006 - 10h15
En 2007, le calendrier F1 fera une nouvelle fois la part belle à l'Europe. Le vieux continent accueillera 9 des 18 Grand-Prix de la saison (si l'on postule que l'officialisation de Saint Marin ne sera qu'une formalité), soit 50% de la saison régulière. Une part belle qui pourrait être considérée comme congrue par certains observateurs de la discipline. Il y a 10 ans, l'Europe organisait 12 des 17 épreuves de la saison 1997 soit 70.5%, et notamment les Grand-Prix du Luxembourg - qui portait mal son nom puisque disputé sur le Nürburgring ! - et d'Europe, théâtre de la finale mouvementée du championnat, ou Schumacher avait bu le Xérès jusqu'à la lie.
En 1997 le continent Américain était riche des Grand-Prix du Canada, du Brésil et d'Argentine, l'Asie/Océanie de ceux d'Australie et du Japon (11.7% du calendrier). Dix ans plus tard, la présence des nouveaux mondes est similaire - 3 épreuves sur 18 - alors que l'Asie se fait fort de défier les prérogatives de l'Europe avec 6 Grand-Prix (3 fois plus qu'en 1997), soit le tiers de la saison. Un tiers qui fait justement dire à Bernie Ecclestone que le vieux continent serait un tiers... monde !
"L'Europe est devenu un peu comme un Tiers-Monde" explique Ecclestone en visite à Singapour, possible prochaine destination de la Formule Un, qui a déjà fait alliance avec la Corée du Sud, pour une période de 7 ans à compter de 2010. "Lorsque l'on voit ce que les gens sont capables de faire ici, c'est tout simplement incroyable. J'ai discuté avec certaines personnes de la possibilité d'organiser un Grand-Prix de Singapour" conclut le grand Manitou du calendrier F1 comme pour mieux remuer le couteau dans la plaie béante de l'Europe qui se vide lentement mais sûrement de sa substance. La popularité ou la beauté d'un tracé ne lui confère aucune immunité, comme l'ont démontré les épisodes Spa.
Lubie du patron de la FOM ? Non, la patine du temps a sévèrement terni les cartes postales autrefois très prisées d'un Imola ou d'un Silverstone. Infrastructures obsolètes, absence de bailleurs de fonds ou de volonté politique pour stopper l'hémorragie. La métamorphose de l'allée des stands et de la ligne droite d'Imola ne sera qu'un pansement sur une jambe de bois. Le ver est dans le fruit : la fréquentation de Saint-Marin est similaire à celle de la World Series by Renault, formule de promotion confidentielle et ô combien pauvre en spectacle... mais gratuite. De mémoire de fan de Schumacher on n'avait jamais, vu un stadium d'Hockenheim aussi dégarni qu'en 2006. A Shanghai au début du mois, ils étaient 200.000 à être venus assister à un nouveau chapitre du duel Alonso/Schumacher, dans une enceinte pharaonique frisant l'indécence dans un pays où le revenu moyen par habitant de la majorité - rurale - est inférieur au prix d'un billet.
L'orientation prise par la F1, sous la férule de Bernie Ecclestone, n'est pas faite pour déplaire aux constructeurs, à la recherche de nouveaux marchés. Même si l'Europe se débat pour péréniser sa prépondérance dans la discipline, notamment via certaines nations ambitieuses, les marchés qu'elles représentent sont peu séduisants. Les superbes projets Audromo International do Algarve et le Circuit Monteblanco ne reçoivent pas l'écho qu'ils méritent. Depuis qu'ils ont quitté la F1 l'Autriche et le Pays Bas ont par ailleurs baissé pavillon et n'ont pas tout tenté pour récupérer leur bien. Quel calendrier la F1 nous réservera-t-elle dans 10 ans ? L'Asie y sera-t-elle majoritaire, l'Europe aura-t-elle poursuivi son déclin ? Le calendrier 2017 pourrait bien ressembler au suivant si les frais de déplacement des écuries (et une partie de ceux des médias spécialisés, toujours principalement européens ?) sont pris en charge par la FOM. Le décalage horaire pourrait jouer en faveur d'une catégorie de spectateurs européens, qui ne seraient pas obligés de sacrifier leur Dimanche pour la F1...
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