Ghost Rider a écrit:Et vous croyez que De Meo apprécie qu'une légende la f1 se fasse dégager comme ça de l'equipe, et la mauvaise pub que ça engendre?
Surtout quand ce même De Meo avait proposé la présidence d'Alpine F1 à Prost
Bon, à la base et comme le confirme Prost, De Meo voulait également confié l'équipe à Budkowski et la marque Alpine à Abiteboul, avant de tout changer.
Encore une fois, Abiteboul pouvait énervé mais il me paraissait beaucoup plus humain. Après, un manager comme Rossi et Abiteboul sont jugés sur les résultats. Si Alpine a un bon niveau en 2022, Rossi sera vu positivement. Même si c'est injuste car ce sera surtout les résultats de l'ancien management. Si dans 3 ans Alpine est championne, tout le mérite lui en reviendra et ces histoires seront oubliées.
L'interview en question, qui est assez cinglante pour Rossi :
« Rossi voulait toute la lumière »
Pourquoi quitter Alpine après autant d’années passées avec Renault en tant qu’ambassadeur et président non exécutif ?En septembre 2020, à l’époque où Cyril (Abiteboul, alors boss de l’écurie) était encore là, Luca (De Meo, le président du groupe Renault) m’avait proposé de prendre la fonction de président d’Alpine F1. Sur le principe, j’avais accepté, Marcin (Budkowksi, remercié la semaine dernière) devait prendre la tête de l’écurie et Cyril gérait alors la marque. On en avait reparlé en décembre, mais en janvier 2021 Laurent Rossi a été nommé. J’ai donc continué dans mon rôle précédent, directeur non exécutif et conseiller du président. Mais pour en revenir à la question de mon départ, la saison 2021 a été très perturbante pour moi dans la mesure où j’ai senti que les anciens devaient s’en aller. J’accepte le changement, car on n’est pas obligé de faire de la F1 toujours de la même manière. On peut la faire différemment, et c’est ce qui a été fait tout au long de l’année dernière. Mais pour moi, c’est devenu trop compliqué. Je n’étais plus impliqué dans les décisions, parfois je ne les partageais pas, même pas du tout, mais je devais continuer de véhiculer la parole officielle. Même en tant que membre du conseil d’administration, je découvrais certaines décisions à la dernière minute. On peut ne pas être écouté, mais être au moins averti à temps. C’est une question de respect. Les relations se sont de plus en plus compliquées, je sentais qu’il y avait beaucoup de jalousie.
De la part de qui ?La volonté de Laurent Rossi, c’est d’être seul, de ne pas être pollué par qui que ce soit. Il m’a d’ailleurs dit lui-même qu’il n’avait plus besoin de conseiller. C’était au Qatar, mais il m’a quand même proposé un contrat à Abu Dhabi, que j’ai refusé. Il faut quand même dire que c’est un projet auquel je croyais et je crois encore, un projet ambitieux qui a redonné une motivation incroyable au niveau du groupe. Mais désormais, il y a une vraie volonté de mettre à l’écart beaucoup de monde. Laurent Rossi veut toute la lumière. Moi, ce qui m’intéresse, c’est le défi d’être dans une équipe et d’être écouté et impliqué dans certaines décisions. J’ai été volontairement très en retrait, mais j’ai beaucoup influé de manière discrète malgré tous les désaccords que j’ai gardés pour moi.
Vous partez une semaine après Marcin Budkowski (directeur exécutif). Comment voyez-vous cette saison si importante pour la marque ?Personne n’est indispensable et, bien entendu, moi pas plus qu’un autre. Mais il ne faut pas oublier que tout ce qui est fait là aujourd’hui et pour 2022 a été lancé depuis deux ou trois ans. Le management d’aujourd’hui, vous le savez aussi bien que moi, ne sera jugé que dans une, voire deux saisons, pas avant. Il faut bien être conscient de ça. Alpine a sans doute été la première à se focaliser sur cet objectif du changement réglementaire. Alors l’équipe va repartir avec de nouvelles têtes, pourquoi pas ? Otmar (Szafnauer), s’il vient, je l’apprécie. Mais il ne faut pas oublier tout le travail accompli par les gars de Viry ou d’Enstone, qui bossent fort sur ce projet. Le changement, encore une fois, je n’ai rien contre, mais ce que je n’apprécie pas, c’est le manque de respect envers les gens. Ce que j’aime, c’est l’humain.
Donc Alpine pourrait gagner en 2022 ?Là, c’est dur de répondre. On s’interroge sur la fiabilité du moteur. Mais ça m’inquiète peu, parce que ce qui est le plus important, c’est la performance. Puisque les moteurs sont figés, il faut travailler là-dessus. Mais une fois que j’ai dit cela, je ne peux rien dire de plus car il va falloir se comparer aux autres. Et cette saison va être formidablement excitante à cause de cette inconnue. Je suis extrêmement intéressé de voir la hiérarchie, la bagarre de Lewis (Hamilton) pour un huitième titre…
Donc, pour vous, Hamilton sera là ?Non, je ne suis pas certain. Mais j’espère tellement qu’il reviendra…
On vous sent encore passionné. Libéré de vos liens avec Alpine, pourrait-on vous voir suivre le chemin de Jean Todt ?Je vous fais une confidence : j’ai été à deux doigts de me présenter à la présidence de la FIA ; mais c’était trop tard. Voilà près de quarante ans que je suis dans la Formule 1, à tous les postes, de pilote à patron d’écurie, en passant par des fonctions aux conseils d’administration (McLaren puis Renault). J’ai également présidé le GPWC (le Championnat que les constructeurs menaçaient de créer pour contrer l’influence de Bernie Ecclestone à la fin des années 2000). Donc, c’est un rôle qui aurait pu me plaire, mais je ne cherche pas spécialement quelque chose. Je veux juste être heureux et travailler avec des gens avec lesquels je prends du plaisir.
Et là, vous n’en aviez plus ?Plus du tout. Lorsque le patron de l’équipe ne vous dit même plus bonjour en arrivant au circuit, c’est qu’il n’y a plus de plaisir. Il n’y a même plus de respect. Et là, ça ne peut plus marcher.
L'Equipe du 18 janvier 2022