de HAD RF1 » Lun 23 Déc 2024 17:05
Interview de Flavio dans Le Parisien. Il n'a "que" le titre de conseiller exécutif, mais c'est clairement lui le boss d'Alpine en F1. Je n'aime clairement pas cette façon de tirer la couverture vers lui pour cette 6ème place et l'amélioration de la voiture, alors que c'est la consécration du travail fait par Famin et son équipe depuis fin 2023...
Pourquoi avoir choisi de revenir après quinze ans loin de la F1 ?
Et pourquoi pas ? Je fréquentais déjà le paddock en tant qu’ambassadeur F1 et j’avais envie de m’engager davantage. J’avais l’énergie et le temps, depuis que mon fils est parti au collège. Au début de la saison, Alpine n’était pas au niveau. J’ai appelé Luca de Meo (directeur général du groupe Renault). Je lui ai dit : « ça me fait mal de voir mon équipe de cœur dans cet état. » On a commencé à discuter pour voir ce qu’on pouvait faire. La Formule 1 m’a tellement donné. Je voulais offrir mes services pour redorer l’image de l’écurie, la remettre à la place qui est la sienne. Je veux qu’Alpine redevienne un vrai acteur de la F1.
Votre retour après le « crashgate » de 2008 a beaucoup surpris. Que répondez vous à vos détracteurs ?
Ce qui compte toujours en F 1, ce sont les résultats. Je veux être jugé sur mes résultats. Je suis revenu en Formule 1 pour gagner. Je ne suis pas venu ici pour faire le touriste. Le tour de monde, je l’ai déjà fait 20 fois. Ce n’est pas ce qui m’amuse. Ce qui m’excite, c’est de voir mon équipe gagner le championnat ou batailler pour.
Comment comptez-vous faire ? Et qu’avez-vous fait depuis votre arrivée ?
Je suis arrivé en juin. On avait deux points au championnat. J’ai commencé à mettre en place la même chose que j’ai faite à Benetton il y a trente ans, c’est tout. La F1 s’est améliorée entre-temps, on va dans des pays différents, le marché s’est agrandi. Mais la compétition entre les écuries reste la même. Rien n’a changé. On s’est focalisé à nouveau sur l’esprit d’équipe. On a changé de team principal avec Oliver Oakes. On a aussi signé la charte avec Mercedes pour pouvoir utiliser leur moteur. C’est ce qui peut nous permettre de revenir au plus haut niveau.
Mercedes au lieu d’un moteur Alpine… Votre arrivée a coïncidé avec le départ de l’écurie de son usine historique de Viry-Chatillon. Que doit-on en penser ?
Déjà, ce n’est pas encore tout à fait terminé. L’année prochaine, on aura toujours un moteur issu de Viry-Châtillon (Essonne). On est toujours mariés avec eux (sourire). Maintenant, ce mariage est assorti d’un divorce déjà prévu. On a eu un super rapport avec eux. On respecte beaucoup leur travail. Moi, Viry, j’ai gagné plusieurs titres, 6 Championnats du monde avec eux. Je n’oublierai jamais ça. À l’époque, j’étais à Viry un jour sur deux. L’histoire de Viry est une histoire de succès et de championnats gagnés. Mais il fallait changer !
Vous êtes aussi critiqués pour avoir fait partir déjà plusieurs centaines de salariés au sein du groupe…
En F1, je ne pense pas que la quantité soit synonyme de qualité. J’ai essayé de changer ça. Je ne m’amuse pas à réduire les effectifs en claquant des doigts. Viry n’est pas la seule usine concernée. On a réduit les effectifs aussi à Enstone, du côté anglais. En contrepartie, on a signé des gens avec beaucoup d’expérience en F1. Des personnes vont arriver d’ici peu. Mon mandat, c’est de construire une écurie compétitive. Je suis en train de le faire.
Avez-vous des objectifs chiffrés en tête ?
Aujourd’hui, nos objectifs sont clairs : toujours faire mieux. En 2024, on a terminé 6e. C’est une excellente nouvelle car cela nous rapporte beaucoup plus d’argent qu’une 9e place. La saison prochaine, on doit terminer 5e au classement constructeurs devant Aston Martin. En 2026, on doit viser des podiums et des victoires. Et en 2027, le titre.
Doit-on vraiment y croire ?
Pour l’instant, on est sur les bons rails. On n’a pas simplement corrigé les erreurs pour 2024, on a déjà développé la monoplace pour 2025. On a amélioré la voiture d’une demi-seconde par tour quasiment. Pour l’avenir, on a un groupe de travail entièrement dédié sur la monoplace 2026 avec les futurs changements de réglementation. Les salariés se mettent enfin à croire à notre projet : jouer le Championnat du monde dans trois ans.
Cette quête de titre de championnat constructeurs se fera sans Esteban Ocon. Pourquoi l’avoir débarqué avant le dernier Grand Prix de la saison ?
Je vois les choses différemment que le grand public sur Esteban Ocon. On doit vraiment le remercier pour ce qu’il a fait au Brésil avec ce podium. Mais après cette course, il avait la tête dans sa nouvelle équipe Haas. Et nous, on jouait la 6e place des constructeurs face à eux. Moi, je l’ai vu sur les dernières courses complètement démotivé avec un trop grand écart avec Pierre (Gasly). Dans le même temps, j’avais envie d’essayer ce que j’avais dans les cartons comme pilote pour le futur. Ce n’est pas que j’avais un problème avec Esteban ou que je préférais Jack (Doohan). Je ne regarde pas la nationalité, s’il est Turc, Français, Japonais… Je dois simplement chercher qui est le meilleur pilote.
Les bruits de couloir du paddock ont évoqué un intérêt d’Alpine pour Franco Colapinto. Peut-on être sûr de voir Pierre Gasly et Jack Doohan démarrer le premier Grand Prix de la saison 2025 ?
La seule chose de sûr, c’est la mort (rires). On va commencer l’année avec Pierre et Jack, je peux vous le garantir. Après, on verra en cours de saison. Je dois mettre en condition l’écurie pour avoir des résultats. Et le pilote, c’est celui qui doit conclure le travail de près de 1 000 personnes derrière lui. Tout le monde travaille pour deux personnes seulement. S’il y a un pilote qui n’avance pas, qui ne m’amène pas de résultats, je le change. On ne peut pas être émotionnel en F 1.
Un petit mot sur Pierre Gasly ?
Pierre a fait un travail extraordinaire. Il m’a surpris énormément cette année. C’est vraiment NOTRE pilote. Je le remercie vraiment. Il a changé complètement d’attitude cette saison. Il n’a jamais eu d’accidents. Si on a réussi à être sixième, c’est grâce à lui. Je suis sûr que Pierre continuera son super travail. Et que Jack Doohan sera à sa hauteur.
Alpine a également un autre pilote français dans ses rangs dans son Académie en la personne de Victor Martins. Aura-t-il un jour sa chance sous vos ordres ?
Bien sûr que c’est possible ! L’Académie Alpine est faite pour ça. On a fait le tri. Les bons pilotes d’avenir, on les a entre nos mains. On regarde les performances de tout le monde. Victor en fait partie. Quand quelqu’un fait partie de notre académie, c’est qu’il a un futur avec nous. Tout est encore une question de résultats.
Cette doctrine s’applique-t-elle également à vous ? Serez-vous toujours là en fin de saison prochaine si les résultats ne sont pas là ?
Je n’ai aucun doute sur le fait que nous aurons des résultats. Zéro doute. Nous avons tout pour réussir. Le soutien du groupe Renault, le moteur, des salariés motivés… Je connais suffisamment la F1 pour reconnaître une équipe qui va fonctionner.