.:: Le Responsable du programme F1 pour Michelin revient sur le Grand Prix du Japon et évoque le prochain rendez-vous… ::.
Vendredi 13 octobre 2006
Nick, avec le recul, quelle est votre analyse du Grand Prix du Japon ?
NS : Considérons les événements dans l’ordre chronologique. Vendredi, la pluie a perturbé les roulages, mais il nous a toutefois été possible de rouler sur le sec dans les dix dernières minutes de l’après-midi. Nous avons alors été plutôt satisfaits et nous nous sommes montrés plutôt compétitifs. Cependant, après avoir validé notre performance sur un tour, nous manquions d’informations à propos de la constance de nos produits. En accord avec nos partenaires, nous avons donc établi un lourd programme d’évaluation pour le samedi matin. Toutes nos voitures ont roulé avec beaucoup d’essence, et c’est la raison pour laquelle elles n’ont pas été très bien classées à un moment de la séance.
A quoi vous attendiez-vous avant les qualifications ?
NS : L’une de nos conclusions, après les derniers essais libres, était celle-ci : nous n’étions pas du tout sur la même échelle de performance que nos rivaux, et c’était une question à laquelle nous ne pouvions apporter de réponse. Par conséquent, nos partenaires, dont le Renault F1 Team, ont décidé de ne pas compromettre la course. Nous avons tiré un trait sur les qualifications, et nous nous sommes concentrés sur la performance pour le dimanche, puisque nous savions que nos produits étaient constants. Samedi matin, nous avions en effet retrouvé les caractéristiques constatées en essais privés à Silverstone.
Vous étiez donc optimistes pour le dimanche ?
NS : Oui et non. Nous n’avons pas passé une bonne nuit ! Nous ne pouvions expliquer l’écart qui nous séparait des Bridgestone sur le premier tour lancé. Pourtant, nous avons d’entrée de jeu été au niveau des Ferrari en course, voire plus rapides qu’elles puisque Fernando Alonso revenait sur Michael Schumacher au moment où ce dernier a cassé son moteur. La température de la piste avait légèrement baissé et nos pneumatiques, surtout en spécification Prime, évoluaient alors dans leur fenêtre de fonctionnement optimale. C’est un début d’explication. Ces conditions ont également provoqué un peu de grainage chez les Ferrari…
Quels types de produits préparez-vous pour le Brésil ?
NS : Nous sommes en train de finaliser notre offre et nous nous dirigeons vers 10 types de pneumatiques différents. Ceux-ci devront relever le défi particulier, car la région d’Interlagos peut réserver des conditions climatiques très différentes. La surface n’est pas aussi agressive que celle de Suzuka, nous avons donc choisi des gommes medium à dures. Nous sommes également allés visiter le circuit début septembre. Nous avons remarqué que son revêtement avait peu évolué par rapport à 2005. Trois courts secteurs seulement vont être re-surfacés et cela ne devrait pas bouleverser la donne.
Renault mène les deux championnats. Pouvez-vous jouer la carte de la prudence ?
NS : Je ne le crois pas. Bien sûr, nous ne serons pas agressifs à outrance, comme nous l’avons été à Magny-Cours par exemple. Mais nous devrons être performants et nous discutons beaucoup en ce moment avec Pat Symonds. Les produits devront être centrés et s’ils ne le sont pas, la perte au chronomètre peut être très, très sensible.
Il s’agira aussi d’une course à part pour Michelin, la dernière avant votre retrait de la F1…NS : C’est vrai. Psychologiquement, elle sera importante et difficile. Nous serons certainement un peu tendus, même si le résultat acquis à Suzuka nous permet de nous rendre à Sao Paulo en étant un peu plus calmes. Mais tout peut arriver. Les titres ne sont pas acquis, loin de là. Bien sûr, nous serons certainement un peu tristes après la course, mais nous espérons que le résultat nous permettra de retrouver le sourire. Pour l’occasion, en plus de l’équipe habituelle, nous inviterons 30 personnes qui ont contribué au succès de Michelin en F1.
Quel qu’en soit le dénouement, la saison aura été magnifique, non ?
NS : Oui. Il faut tirer un coup de chapeau à nos concurrents, vraiment. Ils ont travaillé ensemble comme jamais, ils nous ont poussés. Flavio Briatore et Pat Symonds ont su nous secouer de temps en temps, aussi ! Gagner est une chose. S’imposer après une bataille de tous les instants est encore plus agréable. Nous sommes décidés à partir champions.