La démonstration Renault continue. Fernando Alonso a signé la 2è victoire de rang pour le constructeur au losange, avec presque autant de facilité que Fisichella à Melbourne. Tulli et une Toyota sensationnelle et métamorphosée n’ont plus le suivre que l’espace de 5 tours. L’Espagnol a parfaitement contrôlé la course ; il possédait 6.3 secondes d’avance au 10è tour ; seul problème pour le pilote d’Oviedo ce jour-là, sa gourde ne fonctionnait pas, ce qui a bien failli l’empêcher de profiter du podium, où il avait du mal à rester sur ses jambes.
Fisichella n’a en revanche pas connu un bon week-end. Un tête-à-queue à haute vitesse en essais libres, et une déroute face à Alonso en qualifications et en course, qu’il a ruinée lui-même par une excursion hors piste après son premier pit stop, qui a endommagé son aileron avant et un déflecteur. La télémétrie démontrait que la R25 avait alors un déficit de 4% en appuis aérodynamiques sur l’avant. Il n’avait aucun moyen de pouvoir résister aux deux Williams. Fisichella a retardé l’échéance grâce à une meilleure vitesse de pointe, mais lorsque Webber a porté une attaque à l’extérieur du virage 15, Fisichella a commis la même erreur que Montoya au Nürburgring en 2002 lorsqu’il essayait de repousser Coulthard. Il a freiné sur la partie sale de la piste, a perdu le contrôle et percuté son adversaire.
Après Sepang la conclusion s’impose : Renault a le meilleur package. Rapide sur un tour et sur la distance d’un GP. Meilleure vitesse de pointe, avec un moteur développant 870cv à 18.750 tours/min, puissant mais surtout possédant beaucoup de couple et très facile d’exploitation. L’aérodynamique est la plus efficace du plateau. L’ensemble est fiable et permet toujours de prendre les meilleurs départs, même s’ils sont moins saignants que l’année dernière. Le châssis économise les gommes. Le comportement de la voiture est prévisible, ce qui met les pilotes en confiance. Malgré tous ces points forts, le développement se poursuit. La Renault possédait un nouveau diffuseur en Malaisie.
Renault a dominé à la manière de Ferrari... mais où étaient ces dernières ? 12è en qualification et 12è meilleur temps en course ; seulement deux points pour Michael au bout du compte. Abandon de Rubens après que ses pneus arrière aient été usés jusqu’à la corde. Des débris de gommes de Räikkönen étaient venus se loger dans l’aileron arrière du Brésilien, induisant un fort survirage. Même si Ferrari prend soin dans ses déclarations de rester diplomatique en accusant le package dans sa globalité, Bridgestone était clairement le plus grand responsable de la Berezina de Sepang. Un seul fait suffit pour s’en convaincre : une comparaison avec les performances de la F2004M à Melbourne. En Australie, Barrichello avait pu résister à un Alonso déchaîné et les temps au tour des Ferrari étaient dans les meilleurs, son rythme global également. Quelle était la différence deux semaines plus tard ? Et oui, la météo, encore une fois l’une des actrices principales de la F1 ! A Melbourne la piste était à 32°C, elle a culminé à 55°C en Malaisie. Avec sa nouvelle génération de pneus, Bridgestone semble éprouver les mêmes difficultés qu’en 2003, lorsque Ferrari avait dû pour la première fois depuis 1999, batailler ferme pour remporter le titre. Le manufacturier du soleil levant est confronté au ‘syndrome Hungaroring 2003’ (Lire notre article daté du 22 Mars Syndrome Hungaroring 2003 à Sepang, Bridgestone endosse la responsabilité). Les pneus surchauffent dans la canicule et perdent donc du grip. Ferrari concédait 11km/h à Renault en sortie d’épingle, une indication d’une perte de traction assez sévère. Non seulement la performance sur un tour est faible, mais l’usure des pneus est également excessive. Les pneus arrière de Michael étaient lisses une fois la F2004M garée dans le parc fermé, à l’issue de son parcours du combattant.