Les rumeurs selon lesquelles Giancarlo Fisichella pourrait bientôt se retrouver sur le marché des transferts ont été démenties par Briatore. Flavio veut placer son pilote, Heikki Kovalainen – leader du championnat GP2 – au poste de pilote essayeur avant de le lancer dans le grand bain de la compétition en F1. « La F1 arrive un an trop tôt pour Kovalainen. Le mieux pour lui est de passer une année en tant que pilote essayeur. Cette stratégie a parfaitement fonctionné avec Alonso. »
Conclusion : bye bye Franck Montagny, que Briatore n’a jamais porté dans son cœur – pour la simple raison qu’il n’est pas un pilote tatoué Flavio – et qu’il s’est toujours évertué à dénigrer en public et devant les médias. Lorsque l’on aborde le sujet avec les ingénieurs Renault, il ressort pourtant de la discussion que le travail de Franck est de premier ordre. Un problème de rapidité alors ? Depuis que Montagny a le droit de ‘claquer un temps’, ses chronos en essais privés sont comparables à ceux d’Alonso et Fisichella.
« Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » est le proverbe préféré du patron de l’écurie Renault. Jarno Trulli en a fait les frais en 2004, lorsqu’il a eu le malheur de ne plus vouloir être lié contractuellement à Briatore. Ce dernier a saisi le prétexte de la place perdue par Jarno à Magny-Cours pour habilement utiliser les médias, vilipender le pilote de Pescara et le pousser vers la sortie avant l’heure. D’autant plus facile lorsque la victime est connue pour ‘marcher au moral’. Jarno n’avait pourtant perdu qu’un point dans la Nièvre et avait mis Alonso sous l’éteignoir dans la première partie de la saison. C’est justement dans ce dernier point que Trulli était véritablement dangereux pour Briatore et son jeu d’échec... Sous la pression, le jeune Espagnol avait commis des erreurs de jeunesse aux conséquences plus lourdes qu’un point perdu, témoin celle de sa précipitation sous le tunnel de Monaco, qui l’avait envoyé dans les rails alors qu’un podium lui tendait les bras.
Au Nürburgring cette année, Franck Montagny a remplacé Robert Doornbos au pied levé, à bord de la Jordan Toyota, le Vendredi matin des essais du Grand-Prix d’Europe. Résultat ? Jamais une EJ15 ne s’était placée aussi haut sur la feuille des temps. Le Varois s’était permis le luxe de devancer – lors de son premier roulage à bord d’une monoplace qu’il ne connaissait pas, chaussée de pneus au comportement totalement inconnu de lui – les deux pilotes titulaires d’un minimum de 6 dixièmes de seconde, mais également les deux Sauber et la Red Bull de Vitantonio Liuzzi. Réaction de Flavio ? Franck aurait du devancer Monteiro de deux secondes... ce qui l’aurait placé entre Fisichella et Alonso ! Mieux vaut en rigoler...
Pourquoi n’avoir pas donné sa chance à Montagny en 2005 aux côtés d’Alonso ? L’équation était simple pour Briatore. Alonso ayant montré quelques faiblesses en 2004, rien ne laissait supposer qu’il serait dominateur l’année suivante, ni que la R25 serait une monoplace qu’il dompterait plus facilement que la R24 qui lui avait posé beaucoup de problèmes. En enrôlant Fisichella - qui jouissait d’une cote certaine dans le paddock – Briatore ne prenait aucun risque : qu’il batte Alonso et ce serait normal pour un pilote de son expérience, face aux 23 printemps de Fernando, et souvent considéré comme l’un des trois meilleurs de la Formule Un. Qu’il s’efface devant Alonso et l’exploit de ce dernier n’en serait que plus grand. Alonso contre Montagny ? Fernando avait tout à perdre !
Quelle issue pour Montagny et Renault ? Une seule contenterait tout le monde : que Renault finance tout ou partie d’une saison de F1 complète à Franck Montagny, en tant que titulaire, dans une autre écurie. Le Losange sortirait grandi de l’opération et pourrait se targuer d’avoir formé et placé un Français : le premier à débarquer sur les grilles de départ depuis Stéphane Sarrazin en 1999, pour une seule pige. Il faut remonter 10 ans en arrière et à Jean-Christophe Boullion pour trouver trace d’un tricolore entamant une carrière F1 avec une saison à peu près complète (11 Grand-Prix avec Sauber, 3 points). Il appartiendrait à Franck de prouver sa valeur et à voler de ses propres ailes, sans forcément quitter le giron Renault dans l’immédiat. Certaines places pourraient être bonnes à prendre d’ici 2007 et Renault pourrait communiquer sur le seul pilote F1 du terroir. Tout le monde y aurait à gagner.
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