.::Rob White, Directeur général adjoint (moteur)::.
Rob, la Formule 1 se prépare à entrer dans une ère d’homologation en 2007. Dans quelle mesure cela a-t-il changé le programme de développement moteur de cette année ?
Le programme pour 2007 a été très différent de celui des années précédentes. Depuis notre
retour en F1 en 2001, l’équipe de Viry a conçu un nouveau moteur chaque saison, dont le
dernier vainqueur du titre Constructeurs le RS26 V8 en 2006. En 2007, la réglementation
impose d’utiliser le bloc qui a disputé le Grand Prix de Chine/Japon 2006 comme base pour le
nouveau moteur avec un régime maximal limité à 19 000 tours/minute. Notre travail a donc
essentiellement consisté à optimiser notre bloc de sorte à respecter ces contraintes et à
améliorer son intégration dans le châssis.
Comment avez-vous géré le programme de développement ?
La décision de l’utilisation d’une version 2006 homologuée a été arrêtée le 18 septembre 2006.
A ce stade, nous avions déjà bien avancé le développement d’un moteur pour 2007, dont le
design avait commencé fin 2005. Notre tâche immédiate était de modifier le contenu de notre
programme de développement selon les nouveaux impératifs du règlement. Par exemple, cela
voulait dire abandonner la recherche de performance par le biais traditionnel de l’augmentation
du régime moteur, ce qui était devenu obsolète compte tenu de la limitation du régime. Nous
avons analysé les développements qui pouvaient se révéler significatifs afin de réoptimiser le
moteur dans la nouvelle limite règlementaire des 19 000 tours/minute et ainsi revu notre
programme de développement.
Quelle quantité de changements cela représente-t-il ?
Ces dernières années, les nouveaux moteurs comptaient d’une année sur l’autre plus de 95%
de nouveaux composants. Le RS26 s’est avéré être un moteur très réussi et son successeur
aurait été dans tous les cas une évolution. Avec la nouvelle contrainte de l’homologation
moteurs, seules 10% des pièces ont changé par rapport à 2006. Même si nous avons décidé
d’appeler ce moteur RS27, les modifications que nous avons apportées sont bien moins
étendues que ce que nous avons connu par le passé.
Le règlement a également permis des changements sur le moteur visant son installation dans la voiture…
Oui, en effet. Au mois de septembre la plupart si ce n’est toutes les équipes avaient déjà défini
l’intégration de leur bloc moteur dans leur châssis et cette latitude fut offerte pour éviter des
complications lors de l’introduction de la nouvelle réglementation. Notre fil conducteur a toujours
reposé sur le simple fait que des courses et un championnat se gagnent avec un package
homogène, pas uniquement un bon moteur. Comme toujours, nous avons travaillé en étroite
collaboration avec nos collègues d’Enstone sur l’optimisation de l’intégration moteur dans le
châssis pour produire le meilleur package possible. Nous sommes aujourd’hui satisfaits du
résultat.
Que signifie la fourniture de blocs moteurs pour Red Bull Racing cette saison ?
Cet accord a deux conséquences immédiates : tout d’abord cela renforce la présence de
Renault dans la discipline et cela vient ensuite en partie compenser la baisse de l’activité de
développement suite à l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation. Fournir deux fois le
nombre de moteurs représente un challenge supplémentaire pour nos partenaires et
fournisseurs qu’ils ont su relever avec leur professionnalisme et leur expertise habituels. Nous
souhaitons nous lancer sereinement dans cette nouvelle relation et maximiser les avantages
qu’elle peut nous apporter avant le début de saison, notamment en ce qui concerne le
kilométrage additionnel, pour nous permettre d’atteindre d’ici Melbourne nos objectifs en termes
de fiabilité.
Quel sera donc le programme de développement de RS27 ?
Notre programme de développement est bien entendu beaucoup plus réduit que ce que nous
avons connu par le passé. Le règlement ne permet aucun développement dans le périmètre
homologué pour cette saison et celles à venir. Cela réduit forcément notre champs de travail,
qui consiste désormais en l’optimisation de l’exploitation du moteur, ainsi qu’en l’électronique et
les composants périphériques. Nous nous sommes donc organisés en fonction.
Est-ce que le nouveau règlement modifiera la charge de travail incombant au moteur sur la piste ?
Le nouveau règlement aura nécessairement un impact. Le niveau de grip moindre des
nouvelles enveloppes 2007 réduit la sévérité du cycle moteur mais c’est en partie compensé
par les évolutions aérodynamiques que nous connaissons chaque année. Cependant, la limite
artificielle du régime moteur est aussi importante. Comme la limite est bien en-dessous du
régime maximal pour lequel le moteur a été conçu, nous chercherons sans doute à faire tourner
le moteur à plein régime ou du moins proche de cette limite une plus grande partie du temps.
Cela augmentera donc la charge reposant sur le moteur. C’est quelque chose que nous avons
pris en compte dans notre procédure de réoptimisation et notre objectif pendant les essais
hivernaux sera d’atteindre notre traditionnel niveau de fiabilité « zéro défaut » avant d’attaquer
la première course à Melbourne.
On a vu récemment la publication d’un agenda sur les futures règlementations techniques. Quel est votre avis à ce sujet ?
L’agenda publié en Décembre par le Conseil Mondial du Sport Automobile contient des idées
particulièrement intéressantes qui sont en accord avec les objectifs de développement
technologique des principaux constructeurs automobiles européens. Pour Renault, le moteur à
allumage électrique ainsi que les lubrifiants neutres en CO2 sont des sujets sur lesquels les
constructeurs partagent la même vision. A ce stade, le futur semble riche avec un challenge
technique réel et d’intéressantes promesses ; nous avons hâte de prendre part à ce processus
qui permettra d’inscrire la Formule 1 dans les objectifs technologiques du Groupe Renault.
De
Renault F1