Dans l'article de l'Equipe ci-dessous, Chester indique attendre les essais de lundi pour révéler le nouvel aileron arrière. On peut imaginer quelque chose d'innovant de ce côté là
Renault hausse le ton
L'écurie française attaquera 2019 avec un nouveau pilote, Daniel Ricciardo, vainqueur de sept GP, et la volonté affirmée de se rapprocher des trois top teams (Mercedes, Ferrari et Red Bull).C'est beau une usine la nuit. C'est étrange aussi. Bercé par les accords du
Clair de lune de Debussy résonnant dans des couloirs à demi-désert, Enstone, éclairé aux néons jaune et vert, offrait, lundi soir, un visage élégant, étonnant, presque extravagant dans cet univers très policé qu'est la F 1.
Pour Renault, le message était clair et limpide : afficher, à la veille de la présentation de sa nouvelle monoplace, la fierté du travail accompli ; partager les progrès réalisés, sur ce site récupéré il y a trois ans, dans un triste état et, surtout, annoncer, discrètement, le retour de l'équipe, quatrième l'an dernier du Championnat des constructeurs, au premier plan parmi les outsiders crédibles, à défaut de se positionner en candidat au titre.
Le premier signal, fort, avait éclaté au coeur de l'été dernier, dynamitant façon puzzle le marché des transferts 2019 : le recrutement de Daniel Ricciardo (29 ans). Il est désormais vêtu de noir, mais son sourire banane toujours son visage pétillant. Entre les immenses machines-outils achetées à prix d'or (1 million d'euros pièce), les batteries d'imprimantes 3D et les cubes d'époxy, l'Australien apprécie ce changement tout en mesurant l'importance de son arrivée dans l'équipe.
Tout près, le patron de Renault Sport Racing sourit. Cyril Abiteboul est - presque - un homme heureux. Il loue les qualités de la nouvelle recrue, défend son vieil équipier, Nico Hülkenberg (31 ans), à l'aube de sa troisième saison avec l'écurie française, mais surtout rêve de mieux. Sa quatrième place, glanée l'an dernier, ne peut satisfaire l'équipe au losange.
Hier, lors de la présentation, le discours a débuté par un axiome : «
Si nous avons une garantie, elle se situe chez les pilotes, a entamé le boss. À nous de leur fournir une bonne voiture. » Pour y parvenir, en dépit de la hauteur de la marche, Abiteboul a tenu un discours fédérateur mais ferme. Le « chantier Enstone » paraît bouclé. Le parking, où se garent désormais les 690 employés (ils étaient 450 en 2015), explose autour de nouveaux bâtiments qui ont poussé en deux ans. Marcin Budkowski, transfuge de la FIA, fin 2017, gère désormais le site qui va livrer la RS 19 (le plancher de la monoplace ne sera terminé que pour le déverminage de la voiture prévu théoriquement pour samedi). Sur le modèle réduit, aperçu dans la soufflerie tard lundi soir, on devinait la complexité des appendices latéraux censés contrebalancer la simplicité de l'aileron avant imposée par la nouvelle réglementation.
Reste le « dossier Viry » où sont conçus les moteurs. «
Je ne leur mets pas de pression, a lancé Abiteboul. Ils ont besoin d'une petite étincelle pour enflammer leurs capacités. Ils ont désormais tout en place. À eux de prouver leur valeur. Nous devons cette année viser l'excellence dans ce domaine. » Les troupes franciliennes prévenues, le groupe propulseur Renault va donc être scruté de près cette saison, et fatalement comparé avec celui de Honda qui équipe désormais Red Bull, l'ancienne écurie cliente du motoriste français. «
La seule mauvaise nouvelle qui me fasse plaisir, c'est de devoir renforcer la boîte car les chiffres venant du moteur étaient plus importants que prévu, ajoutait toutefois le boss
. Il faut maintenant cesser de prendre trop de précautions. Nous avons les capacités pour avancer. » Pour appuyer ses dires, une photo de ce qui sera fin 2020 le nouveau bâtiment de Viry-Châtillon, le long de l'autoroute A6.
Daniel Ricciardo pose à Enstone sur le capot avant de la Renault R 25, championne du monde en 2005 avec Fernando Alonso. (MOUNIC ALAIN / L'EQUIPE)Dans l'auditorium d'Enstone, où avait lieu la cérémonie de « présentation », Abiteboul finissait par annoncer que la véritable RS19 ne serait pas dévoilée. «
Nous sommes en retard, s'est-il justifié. Mais c'est un retard calculé et choisi. Nous voulions exploiter tout le temps disponible pour concevoir les dernières pièces. » Et, un peu plus tard, Nick Chester, le directeur technique, avouait qu'il ne souhaitait pas montrer le nouvel aileron arrière avant lundi lors des premiers essais d'intersasion à Barcelone.
Dans l'usine, le
Clair de lune s'est finalement arrêté tard dans la nuit alors que les machines continuaient de fabriquer les dernières pièces de la nouvelle Renault. En attendant cette saison
la Marseillaise, quarante ans pile après le premier succès de l'équipe (GP de France 1979, le1er juillet à Dijon) ?