Le JDD
F1 : Renault mise sur Daniel Ricciardo
16h00 , le 30 août 2018
Dimanche, lors du Grand Prix de Belgique, Renault n'est pas venue troubler un ordre bien établi. Mais, promis, c'est pour bientôt. La chose est désormais officielle, l'écurie française monte en gamme. Après avoir reconstruit au propre comme au figuré son usine d'Enstone, en Angleterre, recruté tous azimuts au sein des départements techniques et de son bureau d'étude, elle visera les podiums en 2019. Son bras armé se nomme Daniel Ricciardo, pilote référencé (29 ans, 7 victoires en 141 GP) arraché cet été au team Red Bull. "Ça faisait plusieurs mois que nous étions sur ce dossier et que nous discutions avec Daniel. A nous de nous montrer à la hauteur de son talent", pose Alain Prost, conseiller spécial de l'écurie. "Un pilote de ce calibre sur le marché des transferts, ça ne se présente pas tous les jours. Il ne fallait pas laisser passer cette opportunité", complète Cyril Abiteboul, le patron de l'équipe.
Ce fut sans doute la décision la plus difficile de ma carrière. Mais j'avais besoin de rafraîchir ma motivation
La nouvelle a pris tout le monde par surprise, à commencer par les responsables de Red Bull, qui croyaient conserver Ricciardo, dans le giron de la marque autrichienne depuis dix ans et en première ligne depuis 2014. Jeudi, à Spa-Francorchamps, l'Australien a expliqué que sa décision a été prise dans les heures ayant suivi le Grand Prix de Hongrie, fin juillet, au début de la pause estivale. Signe de sa volonté de relever un nouveau défi, il a revu à la baisse ses prétentions financières, avec toutefois des bonus à la performance. "Nous n'avons pas fait de promesses folles au dernier moment s'agissant de son salaire ou de ses résultats", indique Abiteboul.
Sept victoires en partant de loin
Le pilote, de son côté, a admis l'indécision qui a précédé son choix : "Ce fut sans doute la décision la plus difficile de ma carrière. Mais j'avais besoin de rafraîchir ma motivation. Ça semble simple dit comme ça, mais ça ne l'est pas. Bien sûr qu'il y a des incertitudes et des questions sans réponse, et aussi des risques [sportifs]." Mais Ricciardo sait qu'il est attendu à bras ouverts chez Renault, en homme providentiel, alors que Max Verstappen fait figure de priorité chez Red Bull, où il est mieux payé. Un constat qui a sans doute pesé.
Né à Perth, dans le sud-ouest de l'Australie, aux origines sicilienne par son père et calabraise par sa mère, Ricciardo s'est révélé dès ses premières courses en monoplace en Europe. Un talent vite détecté par les radars de Red Bull, qui l'a intégré à sa filière jeunes pilotes, qui a aussi vu passer Sebastian Vettel (quadruple champion du monde) ou encore Verstappen. Deux ténors auxquels s'est déjà frotté Ricciardo, sans avoir à rougir de la comparaison.
Le public français va donc bientôt apprendre à mieux connaître le pilote le plus attachant du paddock, doté d'une bonne humeur communicative. Mais, derrière ce franc sourire, Ricciardo promène un tempérament de meneur d'hommes. Attaquant-né, ses dépassements au millimètre sont à montrer dans les écoles de pilotage. Ses sept victoires sont d'autant plus méritoires qu'elles ont à chaque fois été obtenues en partant loin sur la grille. A Renault de se mettre à niveau.